Encadré
La fenêtre dessine un cadre parfait. Noir. A l’intérieur une scène de la vie quotidienne. Tony est penché sur la marmite, il remue et il goûte : ses pâtes à la sauce tomates et aux boulettes. C’est mercredi. Il a toujours préparé ça le mercredi. Il n’a rien changé.
- Ça doit sentir bon.
- Bien sûr que ça sent bon, il sait cuisiner. C’est un Donatelli.
- On entre ?
- Non, attend un peu que la gosse soit couchée.
Ils se mettent à table, Gianna a l’air fatiguée. Elle ne s’y fait pas à ce pays, c’est sûr. Elle ne ressemble à rien avec sa teinture blonde platine. Et la gosse, elle parle quelle langue, cette piccolina ? Au moins, elles pourront rentrer et apprendre la vraie langue. Tony est calme mais pensif. Étrange qu’il ne ferme pas les rideaux. Gianna se lève et range les assiettes. Elle regarde par la fenêtre. Même dans la nuit, elle doit distinguer la lisière de la forêt. Elle s’approche et se colle contre la vitre. Son front vient s’écraser, elle parle mais on ne l’entend pas. Tony s’est pris la tête entre les mains. Il serre et desserre ses mains. Ses doigts ont un léger tic. Toujours le même. Son index qui se rétracte rapidement, comme si il appuyait sur la gâchette. La petite est revenue, elle est en pyjama, elle l’embrasse. Tony la serre dans ses bras, la soulève et la fait virevolter un moment. Ciao Bellina. Gianna est déjà montée, la lumière s’allume dans la chambre de la petite. Elle va lui raconter une histoire. Dans quelle langue ? Il fait froid.
- On y va ?
La fenêtre fait un cadre parfait.
Noir.
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