La Lune méprise les Hommes ici-bas. Quelques perles salées roulent sur ses joues et tombent comme la neige en hiver sur le paysage terrien. Le poids de la tristesse fait tomber ses lèvres et elle sourit à l'envers. On entend dans le silence terriblement humain les meuglements des mères qui pleurent leurs enfants dérobés, les caquètements étouffés dans les cages d'acier, les grognements trop sincères pour être écoutés. 

La neige devient plus dense et tombe abondamment désormais. La Lune pleure. Elle pleure ces vies volées pour le doux palais des Hommes. Elle pleure ces enclos terrifiants et ces blessures au cœur qui ne cicatriseront jamais. Elle pleure les consciences fermées et les cris bruyants mais pourtant silencieux de n'avoir personne pour écouter. Elle pleure, et ses sanglots déposent un manteau blanc sur la ville. 

L'aube se lève, et avant de fermer les yeux, l'astre de la nuit entend le bruit de l'humanité qui s'éveille, des enfants qui s'émerveillent, des regards qui s'illuminent. "Regarde Papa, il a neigé! C'est magnifique !" Que l'injustice est belle, oui... Que la cruauté est délicieuse. Que le massacre est somptueux !

Encore une fois, le jour est tyran.