Gerald : échos d'Æriban
Frustré, Gerald se laissa retomber sur le sofa. Ce connard de Sorj l’avait réveillé pour rien. Lui avait mis tant de temps à s’endormir ! Et maintenant, le vétéran le méprisait.
Quel connard, gronda Gerald.
Il se rappelait bien de la morgue des soldats qui se battaient sur le front. Ils se croyaient au-dessus de tout le monde parce qu’ils faisaient la guerre aux Korridites et que le gouvernement militaire leur déroulait le tapis rouge. Vrai homme doit servir sur des navires de guerre... sauf qu’en fait, ces « soldats » n’étaient que des esclavagistes qui fournissaient les véritables combattants en chair fraiche. Qui pouvait tenir tête aux Korridites, à part les ældiens, avec leur quasi-immortalité, leurs capacités surhumaines et leur technologie avancée ?
La colère faisait bouillir ses veines. Fou de rage, Gerald se releva, et saisit la lampe qu’il avait voulu prendre comme arme quelques instants avant.
— Enfoiré ! hurla-t-il en la fracassant sur une statue représentant une belle nymphe nue aux quatre yeux.
Il s'attaqua ensuite aux bas-reliefs, à la fontaine, aux autres lampes... puis éventra les coussins. Enfin, il se laissa tomber dans le sofa, épuisé.
— Oh la oh la, fit la voix de Brüder qui venait d’apparaitre. Nous n’avons pas été sages, à ce que je vois ! Les fièvres nous torturent ?
Gerald se releva précipitamment. Le robot sadique.
— Foutez-moi la paix, menaça-t-il en brandissant ce qui restait de son arme improvisée.
— Oh, ça m’étonnerait, sourit l’androïde en attrapant la lampe. Tu dois être trait. Il y avait bien quelqu’un pour te traire, sur la station, non ? Sinon, tu te serais adonné à des actes de violence bien plus graves que cette petite crise de puceau frustré dont tu viens de nous gratifier.
Les poils se hérissèrent sur la nuque de Gerald. Ce Brüder... il avait une façon de dire les choses tout bonnement odieuse.
— Trait ? Comme une zubrone ?
— Comme un jeune mâle vierge et excité, corrigea Brüder. Tu vas voir, cela va te soulager. Ensuite, tu commenceras ton entrainement.
Gerald se renfrogna.
— Mon entrainement ? Celui qui consiste à prendre des queues, c’est ça ?
— Une queue, en particulier. Celle de ton maître, le seigneur Nimrod. Mais tu n’auras l’honneur d’y goûter qu’après la mise-bas de ton petit camarade.
Gerald émit un reniflement dégouté.
— La mise bas... je vais y avoir droit, moi aussi ?
— À moins que tu ne sois une femelle déguisée, non, malheureusement.
— Alors relâchez-moi, puisque je ne sers à rien, tenta Gerald.
— Tu sers au plaisir de notre maître, statua Brüder d’une voix posée. De toute façon, on ne peut pas te laisser partir sans t’avoir soulagé et initié. C’est une règle élémentaire d’hospitalité. Tu es notre invité !
— Je t’en foutrais, moi, de l’hospitalité ! Je veux être initié de rien du tout. Donnez-moi une tablette de silentium et on est quittes.
Brüder plissa le nez.
— Le maître interdit ces substances dégradantes à bord. On fera selon la méthode traditionnelle : tu seras trait manuellement. Quant à l’entrainement... C’est normal d’initier les jeunes mâles au plaisir. Cela se faisait chez les ældiens, même chez les entiers. L’accès aux femelles a toujours été un problème. Aujourd’hui encore, tous les chefs de guerre ont sous leurs ordres de jeunes guerriers prêts à éteindre leurs fièvres si besoin est.
Gerald lâcha deux trois jurons pour la forme, mais il était fatigué. Il avait si mal... ce robot proposait de le soulager, de lui retirer ce fluide qui manquait de faire exploser son bas-ventre. Alors, il le suivit docilement.
*
— Allonge-toi là. Sur le dos.
La pénombre était étouffante, comme dans une serre hydroponique. Gerald jeta un regard méfiant sur la table. Ce n’était pas une table d’examen médical comme il l’avait imaginée, mais une sorte d’autel, taillé dans une pierre inconnue et gigantesque, qui ressemblait à une table de sacrifice. Il s’y dirigea néanmoins.
— Quitte tes vêtements d’abord, lui rappela Brüder avec un sourire patient.
Il n’est pas si méchant, finalement, se dit Gerald en ouvrant la fermeture de sa combinaison. Et puis, se montrer nu devant un robot ne coûtait rien.
Lorsqu’elle tomba sur le sol, dévoilant la cicatrice béante au milieu de la poitrine pâle, Brüder garda un visage impassible. Il ne regarda pas plus le sexe engorgé du semi-ældien. De plus en plus rassuré, Gerald monta sur la table sans se méfier.
Mais il s’était à peine allongé que deux lianes venaient s’enrouler autour de ses chevilles. Et lorsqu’il tenta de se redresser, deux autres lui immobilisèrent les poignets.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il, très inquiet.
— Une plante très rare, qui ne pousse que dans un biotope aujourd’hui disparu. Mais on en a de nombreuses souches ici. Heureusement d’ailleurs, elles sont très utiles pour la traite.
— La traite ? Vous allez pas me mettre une sonde et m’endormir, comme au Centre ?
Brüder, qui était en train de tapoter une grosse seringue, le gratifia d’un sourire mystérieux.
— Non. Allez, tiens-toi tranquille. Je vais te faire une échographie, mais je dois injecter ce liquide dans ta prostate d’abord.
— Dans ma... non !
Mais Brüder avait déjà saisi son pénis.
— Pas bien gros, même pour un perædhel, observa-t-il.
— Je vous emmerde ! hurla Gerald. Qu’est-ce que vous allez me faire ?
— Je te l’ai dit. Je vais t’injecter ce révélateur dans l’urètre. Si tu bouges, l’aiguille transpercera ta petite quenelle, alors reste calme.
Gerald s’immobilisa. Il serra les dents lorsque l’aiguille pénétra son canal séminal, et plus encore lorsque Brüder la remplaça par un tube transparent.
— La voilà, ta sonde, sourit-il en enfilant des gants avant de les enduire d’un gel visqueux. Alors, content ?
Le jeune homme murmura un juron du bout des lèvres. Le robot était en train de lui tâter les couilles, mais il ne pouvait pas bouger.
— Mhm. Elles sont bien engorgées, mais rien de bien grave. Ce sont tes premières fièvres ?
— Non, grogna Gerald.
— Mais tu es vierge, n’est-ce pas ?
Gerald garda un silence éloquent. Évidemment ! Il n’avait pas les moyens de recourir au « marché rose » !
— Mais j’ai déjà sucé des queues, répondit-il avec un demi-sourire crâne. Pour de l’argent. J’ai juste jamais accepté qu’on m’en mette dans le cul, c’est tout.
— Pour de l’argent... et tu es fier de toi ? Un perædhel ne devrait pas s’abaisser à faire la pute pour des êtres inférieurs comme les humains, répliqua Brüder d’un ton presque choqué.
— Parce que le faire pour un ældien, c’est mieux ? Faut bien gagner sa croûte !
Brûder ne le frappa pas pour son insolence, mais le punit en glissant un doigt ganté et lubrifié dans son anus.
— Ok, tu es bien vierge... commenta-t-il en voyant Gerald se tortiller. L’avantage, c’est que tu sais déjà comment satisfaire un mâle. Mais tu verras que les pénis ældiens sont bien différents de ceux auxquels tu étais habitué !
— Je suis habitué à rien du tout, grinça Gerald. Sortez vos doigts de là !
Brüder sourit, et il s’exécuta. Ce que ce jeune insolent allait prendre après serait bien plus inconfortable.
— Bien. Je vais poser la sonde, maintenant.
— Où ça ? Sur mon ventre ?
— Non. Dans ton anus. C’est un petit bonus pour toi : c’est comme ça qu’on calme les fièvres des jeunes.
Gerald voulut protester, mais Brüder lui colla un mors de silicone dans la bouche. Le gamin avait récupéré ses crocs : il risquait de se blesser. Le plaisir ressenti par les perædhil pouvait être réellement intense.
— Je vais t’expliquer comment marche le rut des ellonil, les mâles ældiens, commença Brüder en retirant le petit tube de son urètre. Ta prostate, à l’intérieur de ton corps, est différente de celle des humains. Elle a la capacité de stocker le sperme qui est produit par les testicules. Mais ses capacités ne sont pas infinies. Lorsqu’elle est trop grosse, il faut la drainer... un peu comme chez les mâles humains. Tu savais qu’ils développent des maladies, s’ils ne la drainent pas régulièrement ?
Brüder appuya son explication d’une petite pression du doigt sur l’organe. Gerald se tendit, et un jet nacré jaillit de son pénis, en cascade. L’androïde sourit, sensible à la beauté du jeune mâle, à ses tétons durs et dressés, son ventre tendu, et les gouttes de sueur qui mouillaient ses tempes. Il ne pouvait pas la sentir, mais ses capteurs lui indiquaient que le perædhel émettait une odeur capiteuse, ensorcelante, qui ferait un effet fou à Nimrod.
Il est parfait, songea-t-il. Fait pour satisfaire ses moindres désirs.
Lorsque Brüder retira ses doigts de son corps, Gerald tressaillit.
— Oui, tu aimes ça, mon beau. Ne t’inquiète pas : la traite commencera bientôt. Les plantes autour de moi s’impatientent, les entends-tu frémir ? Elles réagissent à ton odeur... Mais je dois d’abord te sonder.
Gerald jeta un coup d’œil inquiet dans les ténèbres autour de lui. Il pouvait sentir quelque chose bouger dans l’ombre. Des plantes... c’est bien ce que Brüder avait dit ?
Pour le moment, l’androïde lui montrait son dos. Et lorsqu’il se retourna, Gerald frémit en voyant l’énorme objet rutilant, de forme équivoque, qu’il enduisait copieusement de gel.
— Allez, annonça-t-il de sa voix suave, on y va.
Lorsque la tête de l’objet écarta ses chairs, Gerald voulut hurler. Mais il ne le pouvait pas. La pénétration fut lente et douloureuse, décuplée par le robot qui prenait un malin plaisir à visser le phallus de titane dans son anus. Mais lorsque la sonde touche sa prostate, le corps de Gerald le trahit encore une fois. Il éjacula à flots rythmiques, torturé par les mouvements de va et vient que le robot lui imprimait avec sa bite artificielle. Il jouit par procuration, comprit Gerald à travers les brumes du plaisir intense qui le traversait. Il a dû se connecter au truc, le salaud !
Ses cuisses et son ventre étaient désormais maculés de liquide séminal. Émergeant de l’ombre, Gerald aperçut de grosses lianes nerveuses et annelées, qui dardaient leurs têtes pointues vers lui.
— Patience, mes belles, fit Brüder en repoussant une plante un peu trop intrusive. Votre tour viendra bientôt. Je sais à quel point ce perædhel est appétissant pour vous !
Gerald aurait voulu poser des questions, mais le bâillon de silicone dans sa bouche l’en empêchait. Autour de ses membres, les lianes semblaient avoir doublé de volume. Elles palpitaient, grasses et vivantes, ressemblant plus à des vers sans yeux qu’à des végétaux.
— Ces plantes poussaient sur Æriban, la planète de l’initiation pour les mâles destinés à la reproduction, lui expliqua Brüder. Elles ont un goût particulier pour la semence des mâles ældiens... en s’en nourrissant, elles leur rendaient un service inestimable pendant leurs fièvres. Bien sûr, la plupart refusaient de s’y livrer, considérant cet acte comme trop humiliant... et cela, en dépit des tortures que leur faisait traverser leur rut. Il n’y a pas plus fier qu’un sidhe... sauf, peut-être, un jeune perædhel arrogant !
Gerald l’écoutait à peine. Brüder lui racontait toutes ces horreurs en maniant la sonde comme un piston. De temps en temps, il commentait l’image qu’elle lui renvoyait : une prostate « en pleine santé », prête à produire des « quantités phénoménales de luith ». Puis, au moment où Gerald pensait s’évanouir de plaisir et de douleur mêlée, il la lui retira.
— Bien. Tu es en parfaite santé. Un magnifique mâle, vraiment. Je n’ose à peine imaginer ce que tu donnerais, après le Choix... mais pour l’heure, je vais laisser les plantes travailler.
De nouveau, Gerald glissa un œil vers le côté. Des lianes épaisses, suintant un liquide indescriptible, se dressaient tout autour de la table. Gerald blêmit en constatant leur nombre. Il y en avait tant !
— Elles sont affamées, crut bon de préciser Brüder. Cela fait longtemps, très longtemps qu’elles n’ont pas goûté au fluide du rut. Le seigneur Nimrod les gardait au cas où les fièvres deviendraient trop insupportables... mais grâce à l’accord que les humains ont signé avec les ældiens, il a pu échapper à cette éventualité.
Les lianes glissaient désormais sur la table. L’une d’elles se dressait entre ses jambes, sa tête à la forme pointue semblant humer l’air... avant de plonger vers son anus. Dans un ultime sursaut, Gerald essaya de se dégager, mais il n’obtint que le resserrement des liens qui emprisonnaient ses membres. Et lorsque la liane pénétra son orifice, il ne put que lâcher un cri silencieux.
— Détends-toi et accepte là, lui conseilla Brüder avec une caresse sur sa cuisse mouillée. Les lianes vont toutes se glisser dans ton anus, fixer leurs crocs sur ta glande mâle et la sucer jusqu’à ce que tu n’aies plus aucune goutte de luith en toi. Elles en raffolent ! Je te conseille de te calmer et de profiter de ce moment. Voilà, ouvre encore les cuisses, c’est bien.
La liane qui était entrée en lui avait fini par trouver sa prostate. Gerald la sentit nettement s’y fixer. La douleur, viscérale, lui fit l’effet d’un coup de scalpel dans ses organes internes. Mais elle cessa lorsque la bouche de la plante se mit à pomper avidement. Il se mit alors à ressentir une grande félicité, interrompue seulement par la vision d’un autre tentacule qui glissait le long de son pénis pour venir s’y accrocher.
— Ça fait un peu mal au début, mais tu t’y feras très vite, tu verras. En te pénétrant encore et encore, la liane va masser ta prostate et appuyer dessus jusqu’à ce qu’elle se vide entièrement. Ton luith coulera à flot, et l’autre appendice en recueillera la moindre goutte : c’est probablement la meilleure fellation que tu ne recevras jamais !
Gerald ne pouvait plus retenir ses gémissements. C’était, de loin, la chose la plus agréable qu’il n’eut jamais connue. Mais c’était aussi la plus dégradante.
Brüder se pencha sur lui et lui enleva son bâillon. Gerald prit une grande goulée d’air frais, mais il n’avait plus la volonté d’insulter le robot.
— Tu aimes ça, hein ? murmura ce dernier à son oreille. Dis-toi que tu es train de vivre ce qu’expérimentaient les mâles vierges sur Æriban lors de la Nuit de la Honte. Pour les ældiens, c’est considéré comme humiliant d’être encore puceau passé la puberté : cela veut dire qu’aucune femelle ne t’a trouvé assez puissant pour vouloir s’accoupler avec toi. Dis-toi qu’à l’époque, il y a de ça plusieurs centaines de milliers d’années, toute la Haute Cour ældienne assistait à l’humiliation de ces jeunes mâles. Leurs cris se répercutaient jusqu’aux colonnes du temple, et même les plus stoïques ne pouvaient les retenir. Ainsi, on évaluait leurs capacités reproductives, leur puissance sexuelle et leur potentiel érotique. Ceux qui produisaient le plus de luith, avaient la plus belle voix, les râles les plus excitants, ou le jeu de hanche le plus suggestif étaient fort prisés !
— C’était vraiment une société décadente, parvint à articuler Gerald entre deux gémissements. Pas étonnant qu’elle ait disparu !
— Mais tu en fais partie toi aussi, mon beau. Allez, garde ta salive : tu en auras bien besoin ! Les lianes vont te pomper jusqu’à ce que tu tombes de fatigue, puis sécher sur toi. Je viendrai les couper lorsque tes fièvres seront éteintes.
Gerald comprit alors que le robot allait le laisser là, à la merci de cette plante diabolique et en proie à des délices confinant à la torture. Combien d’orgasmes allait-il supporter avant la crise cardiaque ?
Mais au moment de quitter la pièce, Brüder se retourna.
— Ah, j’ai oublié de te dire... Lors de leur petit séjour, ces plantes vont laisser de petites graines en toi. Elles vont grossir un peu, puis il te faudra les expulser. C’est très douloureux, mais il parait que c’est aussi l’un des plaisirs les plus subtils qu’un mâle puisse ressentir au cours de son existence ! Toi qui voulais connaître la mise bas, c’est presque similaire. Je reviendrai lorsqu’on en sera à cette phase-là. En attendant, profites-en bien !
Gerald hurla, hurla si fort qu’il crut que son cœur allait exploser.
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