CHAPITRE 7
Gurvan s’enfonça sur le sentier forestier, sans se retourner, le visage marqué par l’inquiétude. On avait beau lui promettre qu’après ce défi, il pourrait rentrer à la maison, l'inquiétude le rongeait. Il devait réussir une épreuve dont il ignorait tout.
Cette incertitude le tourmentait, plusieurs questions tournaient en boucle dans son esprit, faute de réponse satisfaisante : si les deux premières épreuves s’étaient révélées une formalité, allait-il en être de même avec celle du château ? A quoi devait-il s’attendre ? Que se passerait-il en cas d’échec ? Allait-il demeurer ici à tout jamais ? Courait-il se fourrer tout droit dans la gueule du loup ? Le pont avait parlé de courage, il allait certainement falloir se battre, mais contre qui ? Un loup, justement ? L’image de l’animal aux poils dressés, au regard fou et aux crocs comme des pioches s’imposa à son esprit. Il tressaillit. Selon ses parents, ces bêtes féroces pullulaient en forêt, il n’était pas impossible qu’une meute tapie dans l’ombre l’attende pour le dévorer tout cru et ronger les restes de chair sur ses os… Il fut pris d’une soudaine envie de se blottir contre sa maman et de pleurer un bon coup pour se laver de cette angoisse qui lui collait à l’esprit. Mais il ravala ses larmes et regarda droit devant lui, le menton levé. Ce n’était pas le moment de baisser les bras.
Il s’arrêta pour observer entre les troncs, mais ne décela aucun loup. Seulement un tapis de feuilles mortes couvertes de givre ainsi que la silhouette droite et raide des arbres. Ceux-ci étaient muets comme des tombeaux, ils ne voulaient visiblement pas lui parler. Bon ou mauvais présage ?
Gurvan se fendit en avant avec son épée et effectua quelques mouvements pour s’entraîner, se rassurer et montrer à d’éventuels prédateurs qu’il était prêt à les accueillir. L’arme lui semblait légère, maniable, taillée pour lui. D’un geste rapide, il planta sa lame dans un tronc pourri couvert de mousse en s’imaginant qu’il achevait un monstre velu. D’un mouvement élégant et précis, il trancha net le pied d’un champignon imprudent. De fil en aiguille, de coup d’estoc en coup de taille, la peur de l’inconnu se mua en un désir ardent d’en découdre. Il commençait à prendre goût à cette aventure, à apprécier cette forêt où les arbres parlent, où les ponts jouent au devinettes, où la lame des épées vous indiquent la route à prendre. Certes, il avait très envie de rentrer chez lui, mais il pensait déjà au moment où il devrait quitter cet endroit magique, il savait déjà que le Val Sans Retour lui manquerait.
Il en était là de ses réflexions lorsqu’il entendit une voix, droit devant lui, derrière les arbres. Une voix de femme. Un cri. Un appel à l’aide.
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