La Rencontre
J’ai rencontré Roland trente-deux ans plus tard, à Brijane. Nous avons sympathisé, marchant ensemble plus d’une demi-année pour nous rendre à Shamata. Au cours de notre voyage, il me conta ses pérégrinations dans de nombreux mondes à diverses époques, ce dont je déduisis que malgré son allure il était plus âgé que moi.
Roland ne vénère aucune divinité, mais il dit être appelé à servir le Ka.
« Le Ka n’est ni une personne ni une divinité, le Ka ne sert ni le bien ni le mal, personne ne choisit de servir le Ka, le Ka choisit de se servir de vous. Mais nombreux sont ceux qui ne servent pas le Ka » aime-t-il déclarer.
Bien que peu bavard, il est sociable, et le Ka étant particulièrement facétieux envers lui, souvent il partage des quêtes, parfois comme observateur, souvent comme catalyseur. Il n’est ni magicien ni mentor. Il n’est pas non plus guerrier, mais n’est pas sans défense.
Malgré une longévité telle qu’on est en droit de se poser des questions sur sa véritable nature, il prétend n’avoir aucune compétence spéciale.
Néanmoins si l’on regarde sa houppelande de plus près il s’agit d’un shaed, cadeau d’un magicien du monde « Des Quatre Coins de la civilisation », qui fut fabriqué par Felurian. Le shaed, extrêmement léger, peut prendre diverses formes : cape, manteau... Et surtout, il permet à Roland de disparaître dans l’ombre.
De même si l’on examine son bâton, long d’environ deux tiers de toise, on le voit couvert de toutes sortes de motifs. Trop décoré pour être une arme et beaucoup trop épais pour être une simple canne de marche, il est creux. C’est un oo’lu, que la Mère a demandé à Mathis de façonner pour Roland. Le seul jamais fabriqué pour un étranger au peuple des collines. L’oo’lu lui permet d’influencer la nature. Parfois, Roland, maître bozendoka, l’utilise comme bo.
Roland possède un artéfact rectangulaire en verre-dragon de 6 pouces de diagonale et épais d’un grain d’orge, qu’il nomme study-pad, par simple contact il copie n’importe quel document écrit, le conserve, et permet de le consulter à tout moment.
Mû par l’étrange bienveillance que semblent éprouver pour lui les magiciens et sorciers, j’ai exécuté un de mes tours pour lui. J’ai créé dans l’une des poches de son shaed une faille similaire à celle de mon sac, sauf que l’autre extrémité de cette faille ne donne pas sur l’entrepôt où sont stockées les oranges, mais dans le bureau de l’archiviste de son ordre.
Roland est maintenant un informateur pour le conclave des ombres, il nous communique via son ordre toute information susceptible de mettre en cause l’équilibre d’un ou des mondes.
Le trente-huitième jour de Wochem de l’an huit cent quarante-deux (trentième année du règne de Patrick)
Nakor
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La version originale est ici :
https://drive.google.com/uc?&id=1rZHpPC51A3llcy3UbEgqO9uj941dh9M7
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