Roland traverse la forêt, il arrive dans une minuscule clairière. Il est devant une petite chaumière manifestement abandonnée, la basse-cour est déserte, ni volaille, ni lapin, pas même un chien famélique, par contre un chat qui observe Roland.

Roland lui rend son regard, le chat grimpe le long de l’échelle posée contre le pignon de la chaumière, entre dans le grenier, se retourne, regarde Roland.

Aucune hésitation, Roland sait reconnaitre un signe, mais n’est pas superstitieux, il suit le chat noir.

Le grenier est vide, il y a longtemps qu’il n’a pas contenu de foin. Il est propre, pas de crottes de souris, pas de chat non plus d’ailleurs, où est-il passé celui-là ? Probablement a-t-il rempli sa mission, qu’il aille où il veut par les moyens qu’il veut !

Vide ? Non pas vide ! Là-bas devant le conduit de cheminée « Le grimoire » ! Le ? Non, un. Le ! Pourquoi cet article défini s’impose-t-il a lui ? Et, avec une telle force.

Roland s’assied devant Le Grimoire, puisque “Le” il y a. La puissance de la magie est évidente. Roland, naturellement prudent, est surpris, pourquoi mettre un avertissement ? Lorsque l’on piège un objet, il n’est pas usuel d’écrire dessus attention objet piéger.

L’orgueil, encore une idée qui s’impose à lui, chez Roland la méfiance remplace la prudence, il ne touchera à aucun prix Le Grimoire. Pourtant, c'est l’objet de sa quête, recenser les documents et en transmettre le contenu. Mais, il sait que les livres peuvent être protégés par des sorts ou des talismans ; la couverture, des pages, ou une aiguille dissimulée peuvent être enduites de poison. Roland a connaissance d’un livre, contenant un texte d'Aristote sur l'humour et le rire, qui a tué au moins cinq personnes en l’an 1327 dans une abbaye cistercienne du sud de la France. (Humour noir !)

Roland étudie Le Grimoire, il lui manque des pages, c’est une habitude en ce moment, le Ka-tet destructeur de livre est-il passé par là ? Roland sourit à cette pensée saugrenue. Soyons sérieux, se dit-il, je dois me concentrer sur Le Grimoire.