Extrait d'« Atterrissage et baignade »
Malepeste ! Diantre ! Fichtre ! Mais c'est qu'il avait du culot, le Roland ! Non content de la mater ouvertement pendant sa baignade, il restait planté là, se dissimulant sous sa capuche. Amaelle serra fermement sa cape qu'elle ferma à l'aide de sa ceinture et, oubliant ses affaires, sa rapière battant ses jambes nues, elle se dirigea droit sur lui.
Roland ne savait que faire devant cette furie qui lui fonçait dessus, visiblement agitée par des attentions… discutables. Il consulta d'un coup d'œil à son oo'lu. Le son de la rapière qu'on dégaine lui fait lever les yeux. Juste assez pour que la pointe de l'épée pointe sa gorge, juste sur la jugulaire. Ce n’était pas le moment de déglutir.
« Tiens ! T'es là toi, hein ? Tu oses te présenter ici, après nous avoir fourrés dans un pétrin abominable. Et en plus, tu profites du spectacle. Ah ! Bravo ! Belle moralité. Alors, tu vas te dépêcher de m'expliquer ce que tu fiches ici avant que mon envie de te dézinguer ne prenne le dessus. » Amaelle réajusta la cape qui glissait sur son épaule.
Quand même, elle aurait pu se rhabiller.
« Je... je… marmonna Roland.
- Et c'est tout ce que tu as à dire pour te justifier ! » Cria violemment Amaelle. Mais soudain, elle écarquilla les yeux. Une sorte de tempête se dirigeait droit sur eux.
« Viens ! T'as pas le choix ! Tu nous as embarqués ici et maintenant, tu vas venir te présenter aux autres ! Allez oust. Passe devant. Amaelle contourna habilement Roland pour se mettre dans son dos, appuyant la pointe de sa rapière sur les cervicales. Je te conseille de courir ! dit-elle en appuyant plus fort. D'abord, on récupère mes fripes, ensuite, on va au camp ! »
Roland et elle suivaient le déplacement fulgurant de la tempête qui venait toujours droit sur eux !
Roland pressa le pas et, non loin des vêtements à terre, se jeta sur le sol, sentant le souffle de la tornade ébouriffer ses cheveux. Amaelle fit de même, espérant que le vent tumultueux n'emporterait pas ses affaires.
Sa cape, heureusement maintenue, ne s'envola pas et, à sa grande surprise, la tempête passa. Amaelle se releva prestement, enfila en un éclair son pantalon, défit la cape pour mettre sa chemise sous l'œil effaré de Roland. Bah, de toute façon, maintenant qu'il l'avait vue nue, au diable la pudeur ! Il fallait agir vite. Et puis au moins, tout effaré qu'il était, il ne songeait pas à se sauver...
Lui tendant la main, Amaelle hissa Roland sur ses pieds et le tira vers le campement. La tornade semblait être stationnaire, pile au-dessus des autres compagnons. Mazette, espérons qu'ils se soient réveillés et tiennent en respect Jacommo.
Sortis du canyon, courant, les yeux levés au ciel, nos deux compères purent observer deux taches noires au centre de la tempête qui se dissipait, une créature ailée et une multitude de petits points. Et les gros points tombaient en agitant les bras. Plus Amaelle se rapprochait, tenant toujours fermement Roland, plus elle commençait à distinguer que c'était deux individus qui tombaient des nues. Et un cheval ailé !
Le campement apparut entre les arbres. Jean était debout et semblait vérifier les attaches de Jacommo. Adelheid était invisible.
« Jean ! hurlait Amaelle. Jean regarde le ciel ! Pousse-toi ! C'est Zor et ThisBeth ! »
Il la regardait incrédule. Amaelle accéléra, dépassant Roland et mettant sa main en visière. « Bon Dieu ! ThisBeth ! Tu vas trop vite ! Et Zoe, bon sang, pourquoi ne la rattrape-t-il pas ? »
Le cheval semblait être pris dans une tourmente. Il volait mal, peut-être la tornade lui avait abîmé ses jolies ailes. Ils risquaient tous de s'exploser sur le sol ! C'est alors qu'un cri de rage retentit. Le corps de Jacommo s'arc-boutait contre l'arbre auquel il était maintenu. Soudain, une aura en jaillit qui allât frapper ThisBeth, Zor et l'autre personnage en plein vol. Des objets voletaient autour d'eux.
Jean et Amaelle fixaient, incrédules, le champ de force qui à présent les entourait, ralentissant leur chute. Adelheid accourut, haletante, et partagea un regard plus qu'étonné entre Jean qui tendait maintenant les bras.
Le compagnon de ThisBeth fut déposé à terre, Zor se posa avec grâce tandis que Jean reçut une ThisBeth ravie contre lui.
Amaelle détourna les yeux de la paisible scène de retrouvailles. Jacommo semblait s'être rendormi, mais Adelheid le visait, flèche encochée, prête à agir au moindre mouvement agressif.
Roland lui avait évidemment disparu.
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Auteur : Urusezel
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