« C’était quoi ça ! » s’écria Hana, alors qu’ils étaient de retour dans la voiture, leurs courses sagement rangées dans le coffre.

Leo ne prit pas la peine de répondre et démarra sur les chapeaux des roues, pressé de s’éloigner au plus vite de cet endroit.

« Leo, est-ce que c’était vraiment nécessaire ? »

Toujours aucune réponse. Regard fixé sur la route et cigarette fichée au coin des lèvres, le jeune homme réfléchissait à toute vitesse. Il n’avait pas du tout prévu la tournure que prenaient les évènements : la police lui collait le massacre de Bloomfield sur le dos ! Et en prime, on l’accusait d’avoir kidnappé Hana et les gamins ! Non mais, qu’est-ce que foutait l’Ancêtre ?

Leo avait une planque à Portland où ils pourraient se poser quelques jours, le temps de trouver une solution avec Ismaël. D’ailleurs, il aurait deux ou trois choses à lui demander au Vieux, parce que certains trucs ne tournaient vraiment pas rond dans les infos qu’il lui avait données.

Cette histoire avec Vassago par exemple ! Le démon n’avait même pas essayé de s’en prendre aux jumeaux cette nuit là, idem pour les espèces de zombies. Mais qu’est-ce qu’ils voulaient alors ? Leo était sûr qu’Ismaël savait des choses et il comptait bien lui faire cracher le morceau.

Mais avant, ils allaient devoir faire un petit détour…

« Leo ! » La voix contrariée d’Hana le ramena sur terre et le jeune homme leva les yeux au ciel. Mais qu’est-ce qu’elle pouvait être chiante parfois !

« Tu étais vraiment obligé de faire ça à ces pauvres gens ? »

« Ouais, c’était nécessaire OK ? » finit-il par répondre d’un ton tellement exaspéré qu’il en fit tomber sa cigarette. « Ils auraient immédiatement alerté la police et on aurait perdu le peu d’avance qu’on a. J’te signale que j’ai Interpol aux fesses maintenant, soi-disant parce que j’ai commis un meurtre de masse, mais aussi parce que j’ai kidnappé les ‘héritiers Sykes’ ! Alors ouais, c’était exactement ce qu’il fallait faire ! »

Sa tirade fut suivie d’un petit silence choqué et il soupira bruyamment, les yeux à nouveau levés vers le firmament pour la millième fois de la journée.

« Allez, c’est pas comme si je les avais tués non plus ! Je les ai juste enfermés dans la réserve de la supérette après avoir confisqué leurs portables ! Donc vous allez tous arrêter de me mater comme si j’étais un gros psychopathe OK ? »

« Ouais, mais nos téléphones aussi tu les as foutus à la poubelle ! » protesta Kaleb avec humeur. « C’était nécessaire aussi ? »

« Comment on va faire pour appeler Papa maintenant ? » se plaignit à son tour Kami dont les yeux débordaient de larmes.

« Oui, on aimerait bien savoir ce que tu comptes faire », ajouta Hana d’un ton inquisiteur. « On va où maintenant ? Qu’est-ce qu’on fait ? »

« Mais arrêtez de vous plaindre bordel ! » explosa Leo. « Je vous jure que le prochain qui râle, je le laisse en plan sur le bas-côté de la route ! La seule que j’ai pas envie d’envoyer dehors à coup de pied au cul là c’est Mo ! »

Assise à l’arrière, près d’une fenêtre, cette dernière était occupée à admirer le paysage. Elle daigna cependant se tourner vers Leo et le fixa de ses yeux étranges.

« De toute façon tu n’arriveras jamais à me mettre un… ‘coup de pied au cul’ comme tu le dis », fit-elle avec dédain. « Je pourrais te tuer au moins cent fois avant même que tu ne lèves le pied, misérable humain. »

En voyant sa tête sérieuse, Leo sentit sa colère s’envoler et il éclata franchement de rire. C’est fou comme cette fille arrivait à le faire marrer ! Et tout en ricanant, le jeune homme se concentra de nouveau sur la route.

Il n’avait aucune idée jusqu’où toute cette histoire allait bien les mener. Mais ce qui était sûr c’est qu’ils formaient vraiment une drôle de troupe… D’ailleurs leur petit groupe risquait bien d’avoir du mal à passer incognito maintenant qu’ils étaient recherchés.

Heureusement, il existait une solution simple pour résoudre le problème.