Le Peuple des Nains
Asseyez-vous, je vous en prie. Asseyez-vous, disposez vos jambes en tailleur et écoutez-moi. Je vais vous raconter ce soir l’histoire du peuple Nain.
Imaginez-vous il y a très longtemps. Dans notre chère ville il y avait une chose incroyable. Il y avait en ce temps-là de petits hommes. Oui, des gens de votre taille avec mon âge vénérable. C’étaient les Nains, des êtes qui ne mesuraient guères plus d’un mètre vingt.
Ces Nains aimaient vivre sous terre, étrange, non ?
Figurez-vous des galeries, des tunnels et des couloirs dans la terre et sous la terre. Imaginez de vastes étendues, des vallées immenses et des creusements dans des falaises, tout cela avec pour ciel une voûte de pierre. Imaginez aussi des maisons en pierres, imaginez-en des centaines et vous avez votre ville Naine. Même, vous voilà à la grande ville Naine qui se trouvait sous Eter. Appelons-là « Eter-Nain ». Une ville où il faisait bon vivre. Le Directeur, le chef des Nains en quelque sorte, était un seigneur sage et aimé de son peuple. Il dirigeait les mines de fer, d’or et toutes les autres, toutes celles des pierres précieuses.
La vie d’un Nain à Eter-Nain était palpitante. Puisqu’en dehors du métier de mineur, nôtre ami Nain pouvait aller au théâtre qui passait la pièce illustre et encensé par la critique sur le sujet de la découverte de la surface et de la rencontre avec les Hommes de Eter. Mais si nôtre bon Nain n’aime pas le théâtre, je crois comprendre que c’est un petit peu vôtre cas aussi, il pouvait sortir de la ville et faire un tour dans les galeries inexplorées. On racontait en effet que toutes les galeries et tunnels n’ont pas été creusées par les Nains. Par qui alors ? C’était un mystère qui valait la peine de passer son temps à explorer des tunnels inconnus.
Mais ce n’était pas le plus palpitant à faire pour un Nain quand sa journée à la mine était terminée !
Le plus exotique, décoiffant et amusant à faire était d’aller à la surface. En montant un grand et long escalier et en passant une grande porte dans la Montagne, nôtre camarade Nain arrivait à Eter, notre ville.
Ici il pouvait rencontrer les Hommes, parler avec eux, aller sur le marché, trainer sur la grande place de la Mairie. Il pouvait apprécier la vie, rien n’a changé depuis !
La Porte des Nains était un objet d’art d’une grande et belle fabrication. Dit-on, elle faisait dix mètres de haut et cinq de large. Elle avait deux battants. L’un était moins large que l’autre, il s’ouvrait quand de petits groupes voulaient entrer ou sortir. Les deux battants s’ouvraient en grande cérémonie lors de fêtes comme l’anniversaire du Maire d’Eter où le Directeur des Nains, sa famille et sa cour sortaient y assister.
Je vous raconte cette histoire du peuple Nain, les enfants, parce que comme vous le savez, il a disparu de nos contrées. Une série d’événement a conduit La Terre d’È à se régénérer et le Nain a disparu.
Mais une légende persiste autour de la Porte des Nains. Si la grande et magnifique Porte que je vous ai décrite a été détruite, l’accès au Royaume des Nains, lui, n’a pas disparu. Et si une autre porte y menait ? Et si elle était là, à Eter, sous nos yeux, dans une rue ? Imaginez, oui, que la Porte des Nains soit déguisée en une porte d’une simple maison. Mais pour créer ce mystère et l’entretenir des années, en considérant que plus aucun Nain ne souhaite retourner à la surface et que les Hommes ont oublié l’existence des Nains, il faut que quelqu’un soit à l’extérieur, chez nous, et qu’il prenne soin de la Porte. Puisque celle-ci ne doit pas tomber à l’abandon mais être la plus commune possible. Imaginez un peu cela.
N’est-ce pas fascinant ?
Annotations
Versions