Lettre ; année mille cinq cent onze ap. G.-C.
Lettre adressé à celui, ceux, celles, qui habiteront la troisième maison de droite
de la rue des Aveugles
Si vous n'avez rien à voir avec l'Ordre des Gardiens,
merci de brûler cette lettre sans y jeter un oeil.
Sachant que vous aurez la curiosité de le faire,
je l'ai piégée de la manière classique,
si vous ne connaissez pas l'antidote
vous mourrez dans l'heure.
A bon entendeur
Troisième jour du premier mois de l'année mille cinq cent onze ap. G.-C.
J'ai été trop longtemps retenue dans le Nord.
Je ne sais pas si c'est l'appât du gain, l'envie d'exploration ou ce sentiment d'aider mon prochain mais je n'ai pas arrêté de d'enchaîner des menues tâches ces dernières semaines. Ma mission pirncipale terminée dont je vous faisais le rapport dans ma précédente lettre qui remonte à... trop longtemps, je n'avais pas l'idée de rentrer rapidement en ville. Au contraire, les contrées septentrionales ont capté ma curiosité et je voulais les explorer plus que ce que j'avais dû faire.
Mais bon sang que je n'étais pas seule ! Les Elfes sont responsables de cet afflux de curieux. Ils ont cet air supérieur, cette intrigue flottante dans les airs, et ce mystère dans la moindre parole, ils attirent forcément les foules. Cela en devient pénible. Mais avec toute cette activité humaine dans le Nord, comme la fondation de villes-satellites autour de Gilor et Dalon, il y avait de quoi faire et être bien payée. De menuisière à gardienne de caravane j'ai beaucoup donné de ma personne. Et pourtant je n'ai pas croisé beaucoup d'Elfes. Tant mieux pour eux, sûrement, et tant pis pour moi.
J'ai ensuite assuré quelques voyages, appelons cela plutôt des aventures. La première a consisté à partir en exploration dans les Bois du Nord, à la folle recherche de la ville des origines elfiques. Cela a été une perte de temps, de moyens et aussi d'Hommes. Je ne saurais décrire cette forêt, parce que je n'en ai pas envie mais surtout parce que je n'ai pas envie d'en faire une quelconque promotion. Il y a juste à savoir que l'atmosphère était étouffant plus on s'enfonçait dans la forêt et qu'on ressentait le poids de milliers de regards, ce qui rendit fous plus d'un de mes compagnons. L'un pensait avoir comprit le langage des arbres et à disparu dans une course effrénée à travers eux, l'autre pensait pouvoir voler comme les oiseaux au-dessus des cîmes, il a fini dans une chute vertigineuse à mes pieds. Le meilleur aura peut-être été ce troisième, un peu mystérieux et qui se disait magicien qui a fait demi-tour en nous mettant en garde, le troisième jour après avoir passé l'orée de la forêt. Je ne l'ai pas revu plus tard, à Dalon ou Gilor, ou encore à la Taverne des Aventuriers, sur la route Ouest-Est après la sortie de Gilor.
Un autre groupe voulait aller dans les steppes loin à l'Ouest en réponse à une prétendue prophétie pour la sauvegarde du monde. Je suis parti avec eux trois jours à pein après être revenue du Nord. Si je n'ai pas aimé la forêt elfique, vous connaissez mon ressentiment, je n'ai pas plus appréciée les steppes. Vides, sans intérêt, silencieuse, l'état d'esprit de mes compagnons n'aidait pas non plus. Il y avait dans ce groupe une sorte d' "élue", choisit par une "déesse" (je ne sais pas ce que c'est) pour accomplir la régénération du monde, idiote et maladroite qui ne sait rien faire toute seule, elle allait souvent avec un garçon de son âge à l'exact contraire de sa personnalité, débrouillard, bavard comme quatre Nains, mais ingénieux et intelligent, malgré la bêtise de leur quête. Il y avait aussi un homme, magicien qui a manipulé les éléments à plusieurs reprises ce qui m'étonna grandement mais maintenant que j'ai vu que c'était possible je croirais plus facilement ces gens. Puis il y avait un guerrier, grand, fort et pas futé, qui savait mieux faire parler le silence après ses répliques que ces dernières pour elles-mêmes. Et il y avait moi, bien sûr, la rôdeuse encapuchonné, mystérieuse, silencieuse, qui décoche ses flèches plus vite que son ombre... j'espère que c'est ce qu'on retient. Bref, on a trouvé les ruines d'un grand complexe ancien et on a exploré ce qui ressemblait aux sous-sols de l'endroit. Etrangement on a croisé la route de squellettes qui marchaient et voulaient se battre contre nous, mais un coup de hache du guerrier suffisait à les envoyer en morceaux contre le mur. Puis on est allé affronter un magicien plus sombre et maléfique que celui de notre groupe, mais qui n'a pas résisté à une flèche logé entre ses deux yeux pendant qu'il récitait son plan machiavélique de gouvernance du monde, ou quelque chose comme ça (puisqu'il n'a pas fini de parler, je n'ai pas compris son objectif). La quête s'arrêtait là. J'ai raccompagné ce groupe jusque Gilor, ils m'ont payé, m'ont répété dix fois que j'avais sauver le monde et puis on s'est quitté.
Une nouvelle aventure suivie qui m'a posé plus de problème et m'a retardé longtemps dans mon retour.
[A suivre]
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