Le petit coffret

3 minutes de lecture

Il était une fois, dans un royaume lointain, une jeune fille qui vivait modestement avec ses parents. Sa mère naturelle était morte peu après sa naissance et le père s’était remarié avec une femme qui était belle de visage mais laide de cœur. En effet, c’était une sorcière qui ne s’était liée à lui que par appât du gain. La guerre faisait rage dans le royaume, et le père fut enrôlé dans l'armée, comme beaucoup d’autres hommes. Il avait embrassé sa femme et sa fille avant de prendre la route. Et l'adolescent savait au fond de son cœur qu’il ne reviendrait pas.


Les jours passèrent, puis les semaines, les mois, et les années. La guerre s’était achevée. Le père ne revint jamais dans sa demeure. La sorcière qu’était sa belle-mère avait repris ses activités douteuses. Elle avait hérité de toutes les possessions de feu son mari et s’accommodait fort bien de sa perte. Le seul problème était la jeune fille. Elle avait grandi et était devenue une jeune femme charmante. Afin qu’elle ne puisse jamais trouver le bonheur, la sorcière lui arracha purement et simplement la langue. Ainsi, la jeune femme ne pouvait plus parler. Le doux son de sa voix s’était tue. La jeune femme en était malheureuse, car de plus, tous ceux qui l’entouraient de leur amitié s’étaient détournés d’elle. Elle se sentait encore plus seule et malheureuse.


Un jour, le prince du royaume, un jeune homme bien fait de sa personne, vint à s’arrêter dans le village où vivaient la jeune femme et sa belle-mère. Et lorsqu’il aperçut la jeune fille, il en tomba éperdument amoureux. Il tenta bien de la demander en mariage, mais en vain. La sorcière refusait de lui ouvrir la porte de sa demeure. Il apprit par les habitants du village comment vivait la demoiselle, mais nul ne savait comment vaincre sa mère. Car tout le monde savait, depuis le temps, que c’était une maléfique sorcière. Et cette dernière n’hésitait pas à jeter des sorts mortels à ceux qu’elle considérait comme ses ennemis.

Pourtant, le prince avait décidé qu’il épouserait la jouvencelle, et il ne pouvait se résoudre à en aimer une autre que celle-ci. Il décida donc d’aller se battre contre la sorcière. Epée à la main, il se trouvait devant la porte de sa demeure lorsqu’il entendit une petite voix qui le fit sursauter.

— Ce n’est pas avec cette épée que tu pourras vaincre la sorcière !

Le jeune homme se retourna mais ne vit personne. La petite voix se fit à nouveau entendre.

— Je suis ici, derrière ce buisson d’épines.

Et le prince alla regarder derrière le buisson d’épines pour y trouver un tout petit coffre. Il allait l’ouvrir par simple curiosité, quand la voix résonna de nouveau pour l'arrêter dans son geste.

— Non, ne m’ouvre pas maintenant. Tu attendras d’être en face de la sorcière, et à cet instant seulement tu pourras m’ouvrir. Elle sera vaincue lorsque je retrouverai mon foyer. Fais-moi confiance…

La voix était si douce que le prince sentit au fond de son cœur qu’il pouvait la croire.

Le soleil se couchait au loin lorsque le prince pénétra dans l’antre de la sorcière.

— Je suis ici, hurla-t-il, pour libérer celle que je me suis promis d'épouser.

— Tu as beau être le fils d’un roi, cette gamine n’est pas pour toi ! Elle ne sera à personne, c'est ma malédiction !

Hurlant de rage, la sorcière fit appel à ses pouvoirs maléfiques. Elle invoquait la puissance des enfers pour vaincre son adversaire. Mais le prince sortit le petit coffret et l’ouvrit face à cette dernière. Elle s’arrêta, interdite, puis retomba lourdement sur le sol, hurlant de tout son saoul, comme un loup hurlant sous la lune. Cela dura quelques minutes qui semblaient être des heures pour le prince, et pire encore pour la sorcière qui mourut misérablement. Allongée à terre, elle ne respirait plus, les yeux révulsés, morte.

Le jeune homme se dirigea vers ce qui semblait être la chambre de sa demoiselle et ouvrit doucement la porte. Elle se trouvait là, en face de lui, allongée dans son lit et semblait simplement dormir. Et lorsque le prince lui prit la main, elle était aussi froide que de la glace. Elle aussi était morte. Surprit, il recula et laissa choir le coffret qui s’ouvrit sur le sol.
A l’intérieur se trouvait une langue.

Annotations

Vous aimez lire Elizabeth Fendel ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0