Le pêcheur et la sirène
Il était une fois, dans un pays lointain, un jeune homme qui vivait dans un petit village au bord de la mer. Son père avait disparu en mer, pendant une tempête, il y avait quatre ans de cela. Mais la mère avait des doutes. Elle pensait plutôt que les sirènes l’avaient envoûté de leur chant mystérieux pour l’attirer à elles, et l’avaient dévoré !
Jean, c’était le nom du jeune homme, écoutait les recommandations de sa mère tous les jours lorsqu’il partait lui-même pêcher au bord de la mer. Il ne devait pas s’approcher trop près du bord de l’eau, et s’il entendait ce qui ressemblait à un chant, il devrait rentrer le plus rapidement possible !
Le jeune homme acquiesçait, mais intérieurement, il rêvait de rencontrer une sirène. Il rêvait du jour où il verrait enfin l’une de ses magnifiques créatures marines. Mais en aucun cas il ne l’avait dit à sa mère.
Un jour, tandis qu’il pêchait au bord de la mer, comme à son habitude, Jean entendit un chant lointain. Il s’immobilisa, inquiet, mais pourtant fébrile de rencontrer la sirène à qui appartenait cette voix. Puis, au bout de quelques minutes, il n’y eut plus rien, mit à part le bruit des vagues.
Le lendemain, la voix se fit plus proche. Et comme la veille, Jean ne vit personne. Pas de sirène, et la voix avait disparu comme par enchantement.
Le surlendemain, il avait à nouveau entendu la voix, comme si elle était tout près de lui. Et loin devant, au milieu de la mer, il avait aperçu la tête d’une jeune fille. Une longue chevelure dorée flottait dans l’eau, brillante, reflétant les rayons du soleil. Au bout d’un petit moment, elle disparut dans les flots.
Le jour d’après, la voix était toute proche. Et la sirène avait à nouveau fait son apparition. Elle se trouvait en face de lui, mais mis à part son chant, elle ne lui adressa pas la parole. Jean tenta de s’approcher d’elle, mais elle disparut dans les flots.
Le jeune homme ne parla pas à sa mère de cette mystérieuse sirène qui se trouvait à la plage. Il se jura qu’il réussirait à lui parler le lendemain, lorsqu’il retournerait pêcher.
Jean ne se trompa pas : elle était à nouveau là, mais silencieuse comme une carpe. Elle se contentait de le fixer de ses grands yeux tristes. Alors le jeune homme brisa le silence.
- Et bien la sirène, qu’est-ce que tu as à m’observer comme tu le fait depuis quelques jours ? Est-ce qu’il te viendrait à l’esprit de me dévorer comme les tiens ont dévoré mon père ?
La sirène ouvrit grands ses yeux horrifiés. Elle lui lança :
- Et toi l’humain ? N’as-tu pas honte de tuer mes amis tous les jours ? Tous ces poissons que tu pêches pour te nourrir, ils sont aussi vivants !
- Alors c’est comme ça ? Tu n’as qu’à venir avec moi, je te prouverais que je ne tue pas tes amis !
- Très bien, mais je te préviens, je suis une sirène, j’aurais besoin de retourner rapidement dans la mer…
Jamais la sirène ne devait retourner dans cette mer qu’elle chérissait. Jean l’avait traînée jusqu’à chez lui ou sa mère l’attendait. Et tous deux se vengèrent sur elle de manière affreuse : elle fut battue jusqu’au sang, puis lorsque les deux humains s’arrêtèrent, ce ne fut pas terminé pour autant. Jean la jeta dans un trou humide : elle ne mourrait pas tout de suite. Elle y restait toute la journée, sous la chaleur accablante de l’été. Puis dans la froideur de la nuit. Les seuls moments où elle se sentait bien, c’était pendant qu’il pleuvait.
Puis vint un jour où il en avait assez de cette sirène, et Jean la traîna jusqu’à la mer. Elle pensait que son calvaire était terminé, qu’elle allait enfin rejoindre les siens…Et tendit qu’elle pleurait de joie, Jean l’égorgea avant de rentrer chez lui et de laisser son corps pourrir sur la plage.
Jamais elle ne devait retourner dans cette mer qui l’avait vu naître et qu’elle chérissait tant.
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