- Mais dis maman qu'est-il arrivé aux trois fées ? Comment se sont-elles perdues dans la forêt enchantée ?

Les trois fées donc se prénommaient Pernelle, Prunelle et Primprenelle. Elles étaient nées à quelques minutes d'intervalle et un lien indescriptible les reliait.

Dès qu'elles eurent l'âge d'aller à l'école, elles rejoignirent les autres fées dans le manoir enchanté. Seules les fées pouvaient y avoir accès. Les autres personnes n'en voyaient qu'un simple champ de blé.

Malheureusement, l'école devint un véritable calvaire au fil des jours pour les trois sœurs. En effet, elles étaient sans cesse moquées:

Prunelle pour sa maladresse, laissant toujours tout tomber par terre, trébuchant sans cesse,

Primprenelle pour sa mémoire défaillante, oubliant toujours tout, ses devoirs, de prendre le plateau à la cantine, son cartable et même une fois se retrouva en pyjama devant toute la classe hilare.

Pernelle pour sa rêverie incessante, qui l'emmenait loin dans le parc, oubliant les cours et tout ce qui l'entourait. On la voyait murmurer toute seule et danser aussi parfois.

Elles étaient devenues en peu de temps la risée de la classe.

Un jour vint que Prunelle fit une mauvaise chute dans l'escalier et les éclats de rire de ses camarades la rendit folle de rage et de honte. Elle partit se cacher en pleurant dans le manoir. Ne la voyant pas revenir au bout de plusieurs heures, les autres élèves alertèrent les deux sœurs ainsi que les professeurs. Le manoir était enchanté, il ne fallait pas l'oublier, il pouvait se montrer capricieux et rebelle. Prunelle pouvait être n'importe où.

Pimprenelle et Pernelle, folles d 'angoisse, parcoururent le manoir de fond en comble, dans tous les étages, les greniers et même dans les souterrains interdits mais sans réussir à la trouver.

Prunelle quant à elle ne savait absolument pas où elle se trouvait. Elle avait plongé son regard embué de larmes dans un grand miroir caché derrière un voilage noir et elle s'était retrouvée dans une vaste bibliothèque. Elle préférait ne rien toucher au départ, ayant trop peur de sa maladresse mais les heures passant, elle osa regarder par la seule fenêtre donnant sur l'extérieur. Elle aperçut alors une jeune fille jouer à la bataille de boules à neige avec... oui c'était bien un monstre ! Affolée, elle referma les rideaux et se faisant, toute la pièce changea aussi. Elle se retrouva dans un jardin. Étonnée, elle cligna plusieurs fois des yeux, se demandant si elle était en train de rêver. Mais non, elle était bien dans un jardin fleuri, avec en son centre une table garnie de tasses de thé.

Au moment où elle allait s'asseoir sur une vieille chaise rose, elle vit passer un étrange lapin blanc, qui semblait terriblement pressé.

- Mais qu'est-ce que vous faîtes là, vous ? Vous n'avez rien à faire ici, vous devez partir ! ils vont bientôt arriver, vous devez partir ! sautilla-t-il dans tous les sens.

- Je veux bien partir ! sanglota-t-elle alors, mais je ne sais pas comment faire !

Le lapin s'arrêta un instant pour la regarder et eut pitié d'elle.

- Vous êtes bien une fée ? Donc vous avez une baguette magique ? Il vous suffit de le demander et la baguette exaucera votre souhait. A moindre qu'au fond de votre cœur, vous n'en ayez pas vraiment envie...

- Je suis une personne extrêmement maladroite. Je ne fais que des bêtises. On rit constamment de mes sœurs et moi.

- Et alors, qui n'en fait pas des bêtises ? Moi je suis toujours en retard. Pourtant j'ai une montre, un réveil mais non, je me retrouve toujours à être en retard pour mes rendez-vous. Eh bien, c'est comme ça et je fais avec. Je ne m'en plains pas. Au moins, vous pouvez dire que vous êtes unique, que personne ne vous ressemble. Ce n'est pas parce que vous êtes maladroite que vous ne pouvez accomplir de grandes choses. Il suffit juste d'avoir confiance en soi. Ce n'est pas tout ça, mais là je suis vraiment très très en retard. Je vous laisse !

Et il disparut dans le creux d'un arbre.

Elle sortit sa baguette magique de sa poche, pour une fois, elle ne l'avait pas perdue, et souhaita de toutes ses forces revenir en arrière.

Dans un éclair de lumière, elle se retrouva à nouveau dans les escaliers, sous les rires de ses camarades. Mais cette fois-ci, elle éclata de rire avec eux.

Le lapin pressé avait rendez-vous avec la directrice de l'école des fées et raconta la mésaventure de la jeune fée.

La directrice décida alors d'envoyer pour la première fois en mission les trois sœurs, leur demandant de se rendre au royaume enchanté pour remettre une lettre félicitant l'arrivée de la nouvelle princesse.

Et ainsi leur prouver qu'elles étaient capables, comme n'importe quelle fée de cette école d'accomplir des missions correctement.

Et c'est ainsi que les trois fées se retrouvèrent dans la forêt enchantée, à chercher leur chemin.

- Mais dis maman, pourquoi le lapin est-il toujours pressé ?

-Cela ma chérie est une autre histoire. Il est l'heure de dormir. Fais de beaux rêves ma princesse.