Jusqu'à dix
Jusqu’à dix.
Une minute
Ce que tu m’as écrit, tu me l’as dit oralement. Voilà que les mots devenaient de la 3D, ère numérique oblige.
Je n’ironise pas, je souris à mes galipettes mentales. Ta voix est douce, presque timide comme la mienne. Et je visualise tes photos.
Deux …
Tu as des lèvres toutes fines comme les miennes et dans cette finesse, elles cachent ce qu’à la fois je sais et je ne sais pas. C’est là où rentre la magie de ce que nous échangeons.
Je souhaite que cela reste ainsi toi et moi. Ne rien abîmer surtout. Je compte sur nous pour cela.
C’est la raison qui parle là, je le sais, et je te souris tendrement, mon cœur explose là, des mots que je n’ose dire.
Trois …
Je t’ai écouté, mais pas assez, j’ai encore trop parlé.
Pas trop le temps.
Celui là il s’évapore comme l’eau de la rosée sur les pétales d’une fleur sous les rayons du soleil.
Quant à mes pensées, peut être les tiennes aussi, de la passionnée que je suis, il valait mieux ne rien dire,surtout pas.
L’écrire oui. Les mots auraient pu être trop forts, te faire fuir, ou te faire rougir.
Quatre ...
Et pourtant, de part et d’autre nous pouvons être aussi timides l’un que l’autre, je l’ai entendu et ressenti. Oui c’est surprenant n’est-ce pas et contradictoire de t’écrire que je pourrais être timide ? Et pourtant j’ai ressenti ta retenue, suspendue à ton souffle aussi.
Cinq …
Mon cœur s’est mis à battre lorsque tu m’as murmuré quelques paroles douces rien qu’à nous deux.
Je t’ai parlé de nos jouissances solitaires et celles que tu m’as écrites à maintes reprises, distance oblige, m’ont aussi donné envie là en pleine rue.
Adossée contre les pierres glaciales de la façade d’un immeuble classé, dans ce silence environnant, j’ai écouté la musique de ton cœur qui s’accordait avec la mienne.
Six …
Quelques banalités aussi, la pluie, le travail, le temps qu’il fait. J’ai fermé les yeux, et j’ai plongé dans la douceur et le cocon de ce que nous vivions au moment présent.
Tant de mots échangés si érotiques et excitants depuis si longtemps.
Sept …
Je suis si fière de ce que nous réalisons ensemble. Que tu m’accompagnes dans nos délires communs, ces échanges exceptionnels au-delà de tout.
Cette lettre ci venant s’ajouter à la multitude de toutes les autres déjà écrites et envoyées.
Heureusement que le facteur ne traîne pas et que nous vivons à l’ère électronique en temps réel. Etrange comme expression, comme si le temps n’était pas réel.
Huit …
Je suis fière de garder avec toi la tête sur les épaules, de rester réaliste, car tu es quelqu’un de sage, même si lors de cet échange nous étions en équilibre sur le fil. Il a fallu garder celui-ci, c’était trop important aussi bien pour toi que pour moi.
Neuf …
Nous étions tous les deux tout en retenue contenue. Il y avait du soleil, ensemble sur ce ruban conducteur dans cette ruelle. Aucune voiture, le monde pour nous deux, rien que là en cet instant.
Dix …
Je t’embrasse, sur la joue, sur le front, sur le bout du nez. Si tu étais devant moi, c’est ce que je ferais, les yeux tout pétillants en souriant. Si tu oses me prendre dans tes bras, c’est autre chose. Mais non, non, tu serais trop intimidé. Là je nous rassure.
Bien que les pensées partent en vrille, mon ventre se crispe, et les mots deviendraient bien plus brûlants, torrides, les envies venant de nos fantasmes maintes fois exprimés ensemble.
Il est temps de terminer.
Clac.
Ce fut intense, magnifique. Le mois de mai est propice à de beaux instants qui peuvent se compter de un à dix en temps sur mon portable dans ma main qui tremble encore d’émotion.
Mantille - Pétale
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