Puit sans fond (lipogramme sans e)
Puit sans fond, quand nous nous admirons nous craignons nos ambitions. Parfois, nous voudrions savoir pourquoi nous avons couru jusqu'à toi.
On nous a dit qu’il fallait nous unir, qu’avant nous aucun n’a pu fuir sans agitation. On nous a fait savoir qu’il nous fallait partir, partir aussi loin qu’un pays lointain. Mais tu sais à coup sûr où nous nous trouvons, puisqu’à la fois tu nous as choisis, parmi tant d’humains captifs.
Nos sorts sont pour toi, tu as un droit divin sur nous. Nos actions sont fruits du hasard dont nous n’avons aucun profit. Un coup bas droit au corps pour ouvrir grand nos bras. Nous nous aimons dans un grand bain d’illusion. Nous arrivons ainsi à un amour malsain : nous croyons qu’il nous faut nous assaillir pour nous saisir d’un surmoi combatif, plus puissant qu’un cri dans un froid fou ; aussi fou qu’un ça non-voyant. Un moi toujours là tant qu’il pourra subir.
Nous faisons plus qu’un dans nos droits capitaux mis à mal par ton choix d’avoir la main sur nous. Plaisir toujours plus gourmand, raison durcit par un vautour, volant plus haut, loin du nid.
Puit sans fond, toi qui nous a voulu abattus, la vision qui dort. Hypnos, un soir, alors qu’il n’y avait pas un bruit, pas un animal, aucun humain autour, nous a fait dormir. Son pouvoir absolu nous a trahi.
Nous pouvons tous sortir nos atlas ou plans brillants pour voir plus loin sur nos horizons parfois tordus. Ainsi, ayons l'aspiration à ouvrir nos visions, pour un futur moins obscur. Stoppons nos vils comparaisons, qui nous font choir sur un loup qui a soif.
Offrons-nous un instant tout à chacun, un discours imaginatif, construit pour partir tous dans un futur commun. Battons-nous pour qu’un jour pas à pas nous arrivons à agir à l’unisson.
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