16. Exercice d'évacuation

20 minutes de lecture

C’était seulement le quatrième jour, néanmoins une habitude qui n’existait pas la veille commençait déjà à naître. Peut-être étaient-ce les odeurs des corps ensommeillés qui me donnaient cette impression. Cette chambre était devenue la nôtre, alors en me levant, la fraîcheur de la pièce me parut familière. Jusque-là, je m’étais sentie comme une novice. Ce jeudi, je me sentais devenue une véritable pilote, certes inexpérimentée, mais capable. Mon corps était déjà prêt au programme, un petit-déjeuner, un peu de sport, un cours théorique, un déjeuner, un exercice en ESAO, une douche, un dîner, et dodo.

Le réfectoire était désert, et je regrettai tout de suite l’absence de Jane qui bousculait mes habitudes. Toutefois, seule dans le silence, il me fut facile de faire une petite rétrospective. Certes mon ressenti n’était que de quatre jours, mais je pouvais désormais affirmer que je ne regrettais rien, sinon de ne pas avoir postulé plus tôt. Peut-être était-ce possible de se lasser et devenir insensible, mais ce n’était pas pour demain. J’étais faite pour ça et j’étais heureuse de ne pas être née garçon. Ma pudeur, je savais l’affronter tant que c’était devant mes camarades que je me dévoilais.

Caitlin, Sadjia, Mercedes et Dahlia me rejoignirent. L’Irlandaise me sourit :

Ça va ?

— Pourquoi ?

— T’as l’air triste. Je t’imagine te lever le matin et dévaler les escaliers en espérant qu’il y ait des frites au petit déjeuner.

— Non, j’étais pensive. J’étais en train de me dire que j’étais contente d’être une fille.

Caitlin me sourit simplement. Les autres étaient déjà parties se servir aux îlots. La porte battit et Héloïse traina des pieds, les yeux mi-clos, presque caricaturale, comme si elle était l’incarnation de la flemme.

— Ça va lieutenant, bien dormi ?

— Pourquoi tu l’appelles tout le temps lieutenant ? demanda Mercedes en s’asseyant avec une assiette de fromage.

— Blague privée, éluda Héloïse.

— Y a déjà de la promotion ?

— Non, lui dis-je. C’est le grade que j’aurais eu si j’avais postulé à une école d’officier. Mon dossier m’aurait sans doute ouvert une place.

— Et t’as préféré les ESAO ?

— Et je ne regrette pas. Pour l’instant.

Mercedes esquissa un sourire bienveillant, tandis qu’Héloïse se traînait jusqu’à l’îlot. Elle jeta sa tête en arrière pour réfléchir et fixa le plafond deux longues minutes.

À huit heures, nous étions alignées en short et t-shirt devant l’adjudant-chef.

À huit heures et cinq minutes, nous faisions des jumping jacks, des alternances de position de jambes. Nous étions rouge pivoine, essoufflées. Aucune de nous ne protestait car l’instructrice faisait les mêmes gestes, comme un miroir poussant à la performance.

À huit heures et dix minutes, nous avions fait des pompes, des flexions de genoux, et nous attaquions les abdominaux face à face avec des relevées de buste. J’avais les pieds entremêlés à ceux de Sadjia qui ne s’arrêtait pas, comme une machine, infatigable mais ointe de sueur. Assise perpendiculairement au groupe, l’instructrice faisait l’exercice tout en nous motivant :

— On va vous faire des abdos en bétons ! On dira toujours que vous êtes des putains de nympho, mais on dira aussi que vous êtes les femmes les plus sexy de l’armée de terre !

Le smart-data sonna et nous nous figeâmes en arrière, les épaules soulevées du sol, le ventre tremblant.

— On inspire par le nez, on souffle par la bouche, et on souffre en silence. Dans quatre mois, je veux des ventres en béton et des fesses galbées ! Jorgensen, ne lâchez pas ! Racontez-nous une blague pour faire passer le temps !

Kirsten serra les dents.

— Quel cri fait un poussin de dix kilos ?

Nous attendîmes la réponse dix secondes, les dents serrées. Elle prit une voix de chanteuse de métal enrouée et dévoila la réponse :

— Piou ! Piou !

Dahlia face à elle explosa nerveusement de rire et lâcha la position. Nous éclatâmes toutes d’un rire incontrôlé et l’instructrice cassa notre bonne humeur :

— Vous avez lâché, on lève son cul de pouffiasse, et on recommence à zéro !

Cinquante minutes de sport, dix minutes pour courir au vestiaire, enfiler un pantalon de treillis et se rendre sur le stand de tir extérieur, les t-shirts encore trempés de sueur. L’instructrice prit la parole et nous présenta une femme noire aux cheveux tressés le long du crâne :

— Je vous présente l’adjudant Van Akerlaken, monitrice de tir du régiment.

— Bonjour soldats. Qui n’a jamais tiré ? — Chacune ayant fait son service militaire, aucune de cilla. — Parfait, ça nous permettra de passer plus vite aux exercices pratiques. Je vous présente le 3008, le fusil de défense qui équipe toutes les unités ESAO. Lorsque vous partez en mission, vous disposez toutes dans un compartiment de votre exosquelette, d’un 3008 avec un chargeur enclenché et deux chargeurs supplémentaires. Il vous permet de vous défendre, si vous avez à vous éjecter.

J’essayai de m’imaginer nue sur un champ de bataille avec ce fusil très court et faiblement calibré. Je n’étais pas certaine qu’un Homard craignît ce genre d’adversaire, il était là plus pour rassurer la pilote.

— Un souci ? Soldat…

— Fontaine, mon adjudant soldat Fontaine. Aucun souci.

— Si vous avez des questions, posez-les.

— C’est juste que c’est du neuf millimètres.

— Oui, mais ce sont des balles perforantes à fragmentation. Aujourd’hui nous tirerons des balles tout ce qu’il y a de plus classique. Les munitions à fragmentation vous seront remises par l’officier en charge de la mission en dehors du sol terrien. D’autres questions ? Non ? Passons à la manipulation.

Elle nous remit à chacune un fusil. Pour moi comme pour les autres, le souvenir militaire n’était pas loin. Je trouvai entre mes mains le polymère tiède et noir, soupesant la légèreté de ce fusil destiné plus à la défense qu’à la guerre. L’instructrice de tir avait les épaules droites et l’œil attentif qui seyait à son titre, mais elle nous parlait avec bienveillance. Les règles de sécurités rappelées, nous manipulâmes dix minutes les armes à vide, avant de coiffer les casques anti-bruit et procéder au tir à balles réelles. Je retrouvai mes sensations du service militaire Le 3008 avait moins de recul que le M-NG, mais le son du barillet de propulsion magnétique et des balles franchissant le mur du son me renvoya cinq mois dans le passé.

Lorsque nous eûmes vidé trois chargeurs chacune, Van Akerlaken annonça :

— En binôme ! On va travailler en déplacement ! — Je fis signe de tête à Dahlia qui s’approcha de moi. — Mêmes règles de sécurité, canon vers le bas. On va travailler le déplacement avec un feu de couverture. C’est juste une mise en bouche. Nous irons dans la Petite Venise la semaine prochaine. La gauchère, tu commences ?

Elle me tendit quatre chargeurs. J’en donnai deux à Dahlia et nous armâmes nos fusils avec le premier. L’instructrice désigna la cible.

— Votre cible. Ta trajectoire à toi, ta trajectoire à toi. Tous les cinq pas, un genou au sol, et feu, pour permettre à l’autre binôme de se déplacer. Je veux que ça soit vif, précis et sans erreur de sécurité.

Mon regard et celui de Dahlia lui répondirent affirmativement. J’annonçai :

— J’y vais en première, tu me couvres.

Dahlia posa un genou, épaula et ouvrit le feu. Je partis de mon côté, m’agenouillai pour réduire ma surface face à l’ennemi et mon index pressa la gâchette. Dahlia partit à son tour et cria pour me dire qu’elle était en place. Dahlia me ressemblait dans sa façon professionnelle d’aborder les choses. Si elle n’avait rien d’une soldate au premier abord, sa rigueur en faisait la partenaire parfaite. Lorsque nous dûmes recharger, il n’y eut aucun trou dans le tir de couverture.

Nos trajectoires se croisèrent, je passai dans son dos, pris son relais. Et nous terminâmes, chargeurs à sec à cinq mètres de la cible pulvérisée.

— Parfait ! Suivantes !

Nous revînmes en trottant et laissâmes la place à Kirsten et Mercedes. Notre adjudante nous adressa un regard satisfait, alors Dahlia et moi échangeâmes un sourire complice de satisfaction. Nous nous plaçâmes en retrait et je chuchotai contre son oreille quand nos deux camarades s’éloignèrent :

— On forme un binôme qui fonctionne bien. Faut qu’on se mette le plus possible ensemble.

Elle approuva d’un mouvement de tête alors que les tirs commençaient. Satisfaites, nous regardâmes les autres.

Aucun duo ne parvint à notre fluidité. Midi sonna et notre instructrice nous dit :

— Vous gardez le 3008 qui vous est affecté et vous le placez dans le compartiment dédié de votre ESAO avant d’aller déjeuner. Je vous retrouve à treize heures en tenue de pilotage devant ma Sauterelle.

Nous la saluâmes, puis partîmes avec nos chargeurs vides et nos fusils, d’un pas hâtif. Nous gagnâmes les hangars et nous séparâmes auprès de nos ESAO. Pas besoin de manuel, je savais où étaient les compartiments du Furet : à l’intérieur de ses cuisses. Il y en avait un pour l’arme, un autre pour un uniforme de change, un casque et un plastron pare-balle.

— Allez ! C’est l’heure des frites ! me charia Caitlin en tapant sur la porte.

Juste pour la contredire, je pris des épinards. Pressées par l’horaire, nous nous changeâmes rapidement, puis nous rejoignîmes le parking de l’instructrice, à l’extrême opposé du vestiaire. La porte était ouverte sur le compartiment, lui-même béant sur le hangar, déserté par la Sauterelle rouge. En nous regroupant, nous espérions qu’aucune autre unité ne passât dans le hangar. Nous attendîmes notre adjudante en formant une ligne avec nos orteils, les gynéciens de part et d’autre de notre groupe, chanceux d’être habillés.

L’ESAO rouge ne tarda pas à nous rejoindre à grandes enjambées. Il s’arrêta face à nous, et la sellerie descendit, nous présentant l’adjudante harnachée et moite de sueur. Son ventre ondulait lentement au rythme de sa respiration.

— Suite de la leçon. Sur chaque ESAO, il y a la possibilité d’évacuer en urgence. L’évacuation d’urgence éjecte la paroi ventrale. Pour l’exercice, nous avons shunté la fonction, et l’ouverture sera faite à distance par le gynécien. Pour les Furets et le Tatou, comme on n’éjecte pas, vous aurez encore la structure du cou devant le visage, on la débloquera à la main, mais dans la réalité, ça ne sera pas le cas. Petite démonstration.

La sellerie renferma notre instructrice qui allongea son ESAO sur le flanc. Peter appuya sur sa tablette et la sellerie s’ouvrit. Peter marcha jusqu’à elle et déverrouilla les plaques blindées du cou pour libérer le visage.

— Voilà ! J’ai positionné mon F12 sur le flanc, dos à l’ennemi pour que le blindage du dos me protège. Sur le terrain, ça ne sera peut-être pas possible, mais, si je décide de sortir, c’est que ça peut sauver ma vie. Première chose à faire, je rentre les coudes pour extirper mes bras. Je déverrouille les suceurs et viens positionner mes mains comme ceci.

Elle dévissa les prises-tétons, puis positionna ses doigts de manière à décoller les pétales de massage et ses pouces sur les clips de sécurité des arceaux de protection. D’un seul geste, elle les souleva et libéra ses seins, révélant des tétons très longs et sombres.

— Là, très important si je ne veux pas me faire arracher le clito en me sauvant.

Elle vira le carter devant son pubis, recula les têtes des stimulateurs, et d’un geste précis du pouce, ôta la bague emprisonnant son rubis. Elle se courba vers nous et s’échappa alors des transmetteurs luisants. C’était vraiment étrange de voir son enseignante dans son intimité la plus complète, loin de l’image froide qu’on se faisait d’une instructrice militaire En même temps, sa gestuelle semblait avoir été tant répétée que nous lui accordions toute notre attention. Elle sortit le 3008 de l’abdomen de sa sauterelle, l’épaula, puis visa par-dessus son ESAO. Lorsqu’elle se tourna face à nous elle demanda :

— Des questions ? Non ? Et bien à vos ESAO.

Alors que nous longions le couloir Peter nous avertit :

— Les répétitions vont bien se passer, mais soyez prudentes lorsque vous aller passer sur la petite Venise. Les cibles vont tirer des billes de peinture paralysantes. Ça tétanise les muscles.

— Et si on le prend en pleine poitrine ? demanda Dahlia. Ça paralyse le cœur et les poumons ?

— Non, juste les muscles en contact avec l’épiderme.

— J’ai déjà eu affaire, dit Caitlin. Ça fait super mal en uniforme, je n’ose pas imaginer à poil.

La mémoire de mon service militaire dessina ces billes en forme de virus dont les petites épines traversaient le maillage des tissus pour répandre la peinture et la paralysie. Ma fesse droite en avait un souvenir douloureux

Je rejoignis mon compartiment encore fermé sur le hangar et ordonnai :

— Ouverture.

La sellerie descendit. J’apposai moi-même mes lentilles avant d’asperger le transmetteur et son jumeau de lubrifiant. Je m’assis prudemment, un peu refroidie par l’idée d’affronter nue les billes paralysantes. Le Furet de Dahlia passa à côté du compartiment, et Héloïse surgit.

— Pressée ?

— Pas vraiment.

Je rabattis les bras d’épaule et ajustai les tuyaux électro-suceurs sur mes tétons, le temps qu’elle se gantât. Héloïse s’accroupit et comprima mon pubis pour faire saillir mon clitoris et l’emprisonner. Sitôt le pelvis verrouillé, je déclenchai la remontée de la selle et Héloïse m’ouvrit l’accès au hangar. La tête de la Sauterelle se tourna dans ma direction.

— Echauffez-vous, Fontaine, retrouvez vos marques en marchant.

Ce n’était pas la peine de me le dire deux fois, la simple présence du transmetteur me rendait folle, comme si mon corps développait une addiction par habitude. Le simple fait d’être enfermée à l’intérieur, présageait de l’orgasme à venir et faisait monter artificiellement l’excitation… si on pouvait réellement parler d’artifice.

Rapidement nous fûmes six, dans le hangar, et lorsque les deux dernières eurent fini d’entrer dans leurs ESAO, elles eurent à peine le temps de faire quelques pas que l’instructrice nous ordonna :

— Formez une ligne et couchez vos ESAO sur le flanc gauche.

Nous nous plaçâmes les unes derrières les autres, puis nous couchâmes sur le flanc.

— Parfait. Vos ventres vont s’ouvrir, prenez votre temps pour sortir pour avoir le bon geste. Ensuite nous ferons une course contre la montre.

Mon tableau de bord en réalité augmentée m’indiquait que la sortie de la selle était verrouillée. Il afficha l’ouverture du ventre par Héloïse. Sitôt fait, je tentai de retirer mes bras et mes coudes frottèrent sur l’armature de la sellerie. Héloïse déverrouilla le bloc de cou éjectable, puis s’éloigna avec. Du regard, je dissociai mes lentilles de la vue de l’exosquelette. Je décoinçai mes tétons, déclipsai mes arceaux, déverrouillai le carter pubien, reculai la potence tricéphale, ouvris la bague avec le pouce sans me faire mal, puis extirpai enfin mes jambes. Je posai mes genoux précautionneusement sur le sol de béton, puis récupérai mon arme pour m’appuyer sur le corps de mon Furet.

J’avais été précise, mais plus lente que les autres. L’adjudant-chef cria :

— On se remet à bord ! Je déclenche le chronomètre, on réagit à mon top.

Nous rangeâmes nos armes, puis nous glissâmes avec difficulté, jambes les premières dans nos exosquelettes. S’installer en étant couchée de biais n’était pas une mince affaire. Les deux sondes se mettaient de travers et la plus petite s’enfonça douloureusement de biais dans mon rectum.

— Aïe ! Putain !

Héloïse se précipita vers moi.

— Attends, je vais t’aider.

Elle plaça son bras sous mon flanc, pour m’aider à aligner mon bassin. La pénétration anale passa, l’introduction vaginale fut désagréable. Ressentir du plaisir n’avait aucune importance, puisque nous simulions la panne. Héloïse emprisonna mon clitoris et alla aider Dahlia, me laissant harnacher ma poitrine.

Nous patientâmes dans nos ESAO ouverts, jusqu’à ce que l’adjudante hurlât :

— Top !

Nous recommençâmes six fois la procédure, jusqu’à en avoir les orifices douloureux. Pour la suite des opérations, on nous remit un chargeur de munition plein, on referma nos ESAO, et nous nous rendîmes à la reproduction d’un terrain urbain à la Petite Venise. Notre pas était lent, aucune d’entre nous n’avait de sensation agréable.

Les robots porteurs de cible étaient en place.

— Vous vous allongerez ici. Votre objectif est de vous sauver avant l’arrivée des trois ennemis et de passer derrière ce mur. Si vous touchez une cible, elle est immédiatement neutralisée. Maillard, vous êtes la première.

Le furet de Dahlia se posa sur le flanc face à nous. J’imaginais bien qu’être au centre de tous les regards ne l’enchantait pas. La cage ventrale se rétracta, Héloïse ouvrit le cou avant de se retirer. Au top de l’instructrice, les billes retentirent sur la carcasse par tirs irréguliers. Dahlia ôta ses arceaux sans difficulté. Ses doigts tremblèrent néanmoins lorsqu’elle ouvrit le carter pubien et elle prit le temps pour dégager prudemment son clitoris. Ensuite, elle se laissa glisser, prit son arme puis resta accroupie. Elle attendit que la cadence de tir se calmât, ouvrit le feu rapidement avant de se précipiter en direction de l’abri. Une bille frappa sa cuisse et sa jambe l’abandonna, la faisant chuter juste avant l’abri. Elle roula en grognant de douleur.

— Jorgensen, débarrassez la piste.

Héloïse courut vers Dahlia et l’aida à se relever tandis que Kirsten prenait le furet avec ses grands doigts plats comme des lames de transpalette et le déplaçait en dehors de la piste.

— Fontaine, à vous.

Je m’avançai et couchai mon furet en arrêtant ma stratégie. Je ne voulais pas me faire shooter comme Dahlia, alors je pris la décision de descendre les trois cibles avant de prendre la fuite. Héloïse ouvrit mon ventre et débloqua la plaque du cou. Sitôt Héloïse écartée, l’adjudante aboya :

— Top !

Le billes de peinture retentirent bruyamment sur la carlingue, faisant monter tout de suite ma fréquence cardiaque. Je déverrouillai ma poitrine en moins de deux secondes, repoussai le carter et les stimulateurs d’un geste coordonné de mes deux mains et libérai mon clitoris dans la foulée. Timing parfait ! Mes pieds se poussèrent pour m’aider à m’extraire et je roulai en arrière dans le sable pour parvenir à la cuisse. J’arrachai mon fusil de sa cache, puis l’épaulai par-dessus le furet. La bille éclata sur mon front. Le choc fut si violent que je tombai en arrière. Tout mon visage se crispa, bloquant mes paupières grandes ouvertes. Ma tête heurta le sol sans me faire ciller malgré la douleur. Ma bouche peina à se déformer dans un rictus et se figea à son tour

Héloïse se précipita vers moi, souleva mon crâne en hurlant à l’attention des autres :

— Ça ne saigne pas !

Elle m’aida à me relever. Une douleur sourde résonna dans mon occiput, me faisant gémir entre mes dents serrées

— Vas-y tranquille, ne touche pas la peinture, elle n’est pas sèche.

Kirsten souleva mon ESAO tandis que Mercedes prenait ma place. La gueule rose fluo, les yeux en soucoupe, je rejoignis Dahlia assise sur un muret. Finalement, j’aurais préféré prendre la bille dans la fesse. Non seulement, c’était douloureux, pire, c’était humiliant. Mon extraction était parfaite, et il avait fallu que j’échoue à la seconde où j’étais à pied. Dahlia avait les larmes aux yeux. Je passai ma main dans son dos et grognai des mots inarticulés qui se voulaient rassurants.

Devant nous, Mercedes s’extirpait du Rhino, aidée par la place plus large. Malgré le stress, elle s’extirpa sans mal et s’empara du fusil accroché à côté de la sellerie. Elle attendit, riposta une fois, touchant deux d’entre eux. Une bille dut siffler à son oreille, mais ne l’atteignit pas. Elle se déplaça vers les pieds, tira entre les jambes pour toucher le troisième, puis se sauva à l’opposé en trottant tranquillement. Elle se tourna vers nous, victorieuse et Héloïse lui fit signe de reprendre place dans son ESAO pour libérer la zone.

Le temps que les trois autres filles passassent, la jambe de Dahlia commença à retrouver sa mobilité et ma bouche se décrispa. Il ne restait que mon front. Alors que les autres ESAO s’en allaient, l’adjudante ouvrit sa selle pour nous demander

— Fontaine et Maillard, vous pouvez remonter à bord ?

J’opinai du menton.

— Parfait. Petite séance de tir répété les unes après les autres. Un tir et on remet ça quand les cinq autres sont repassées. Deux orgasmes, j’ai été clair ?

— Oui, mon adjudant, répondîmes-nous en chœur.

Elle nous fit signe de la tête de gagner nos ESAO et remonta sa selle dans le corps de la Sauterelle. Dahlia me fit la remarque :

— C’est cocasse d’entendre quelqu’un ordonner deux orgasmes comme on commande un café.

— Un café double, corrigeai-je.

Ma blague ne la fit pas sourire. Kirsten avait posé nos ESAO sur le dos, sans doute sans aucune intention, mais ça m’arrangeait. Je grimpai dessus et me glissai les jambes en premier. Je guidai les deux tiges par mes orifices, puis une fois remplie profondément, j’ajustai moi-même la bague sous mon clitoris et la potence tricéphale. Je calai mon dos pour refermer mes arceaux, puis attendis qu’Héloïse vînt remettre le bouclier de mon cou pour ensuite fermer l’habitacle. Les verrous de pressurisation sonnèrent à mes oreilles comme une berceuse rassurante. Enfin j’étais en toute intimité dans mon cocon d’acier. J’inspirai profondément, me détendis et m’ouvris aux sensations du transmetteur entre mes cuisses. Je le fis frissonner trente secondes tout en faisant suinter un peu de lubrifiant. Je savourai ces trente secondes, puis sentant la chaleur se répandre en moi, je me redressai. J’approchai le palpeur en mode vibrant haute fréquence, de manière qu’à chaque pas mon clitoris l’effleurât et me transmît un frisson divin.

Je rejoignis la file d’attente, pas encore prête à exploser, mais suffisamment excitée pour être ouverte à toutes les stimulations possibles. Lorsque Sadjia s’avança sur le pas de tir, je mis en marche la rotation de la sonde anale contre celle dans mon vagin. Je levai malgré moi la tête au ciel en soupirant de bien-être, et mon ESAO m’imita. C’était si délicieux, que je ne voulais pas jouir autrement qu’avec cette stimulation que j’accélérais progressivement.

Sadjia tendit les mains vers la cible qui roulait vers nous, ses doigts criblèrent de dix rayons blanc la silhouette, puis elle me laissa la place. La gueule de mon ESAO ouverte, je regardai la cible arriver. Mes sondes ne cessaient de tourner comme si deux amants allaient et venaient en moi, infatigables. Mais le nirvana ne venait pas assez vite alors j’électrifiai la bague clitoridienne. L’électricité la traversa pour rejoindre les protubérances du transmetteur vaginal, provoquant une contraction involontaire de mon ventre. Mes cuisses se mirent à trembler, je lâchai un cri, et la volupté qui s’empara de moi se transforma en énergie et mon rayon carbonisa la cible.

Mes stimulations s’arrêtèrent, le temps que je me retrouvasse avec mon corps. Je laissai ma place à Dahlia puis cherchai des caresses pour tisonner les braises sans les éteindre. Il me fallait sentir un souffle léger sur ma peau brûlante, et plutôt que de me stimuler par le biais de la sellerie, je parcourus le menu de navigation pour accélérer le recyclage d’air et abaisser la température. Je me courbai pour laisser l’air tiédi effleurer mon ventre et mes cuisses. Mes paupières se fermèrent enfin, mes muscles détendus par le cocktail d’hormones qui déferlait dans mes veines.

Devant moi, le Furet Dahlia ouvrit la gueule et lâcha un tout petit et bref rai d’énergie. J’espérais pour elle que le second orgasme serait plus long, sinon, elle ne savourerait pas sa fin de journée.

Je crus qu’il m’aurait fallu plus de temps pour revenir sur mon plateau, mais l’air qui me caressait faisait son effet, et j’avais tellement envie de prendre de nouveau du plaisir, que mon corps était plein de bonne volonté pour un second orgasme. Je commençai par remettre en rotation la base anale, pour commencer doucement. Les naseaux du Rhino de Mercedes carbonisèrent la cible. Le Koala de Caitlin prit la suite. Je remis en fonction le transmetteur vaginal, cessai le massage de mon anus, et accélérai la soufflerie sur ma peau. Les oreilles du Koala lâchèrent chacune un rayon efficace. Je mis le lapeur en rotation lente et couinai malgré-moi au premier contact. Il fallait que le Grizzli de Kirsten se dépêchât de faire feu ou j’allais le faire à sa place. Il le fit, puis le Tatou de Sadjia se positionna alors que je n’en pouvais plus. Je serrai les poings, les cuisses et les dents pour lutter. Ma cyprine sourdait sur ma selle jusqu’à l’intérieur de mes jambes, mon clitoris était devenu une bille de titane hypersensible, mais chaque lapement était trop bon pour que j’arrêtasse. Les doigts du Tatou tirèrent. Je posai les mains au sol et me positionnai à côté d’elle, la gueule du Furet béante. Sitôt que la cible apparût, je lâchai tout ! Je criai sans retenue à chaque contraction de tout mon corps. Elles me poignardaient jusqu’à la pointe des doigts, répétées, incontrôlables et délicieuses. Le canon, synchronisé à mes spasmes, poursuivait son tir ininterrompu. Les spasmes s’espaçant, le tir tint durant de longues secondes.

Je restai frémissante à l’intérieur de mon exosquelette, la tête bourdonnant, le souffle court. Je reçus un appel de Sadjia :

— Bien joué !

— Fontaine, laissez la place à Maillard, m’interpella l’instructrice. Retour au vestiaire, on se retrouve demain en treillis avec votre 3008.

J’étais incapable de lui répondre, à l’une comme à l’autre. Je me décalai en suivant le Tatou qui regagnait les hangars. Je me concentrai sur le massage du dos pour ne pas tomber en rad d’énergie. Une fois mon compartiment fermé, un peu à regret de ne pas rester dans mon cocon, je descendis la selle.

Je m’en détachai en reproduisant les gestes d’extraction d’urgence, puis ôtai mes lentilles en reprenant mes esprits. Détendue, je m’emparai du savon neutre et nettoyai mon transmetteur luisant de mucus. Ce dernier orgasme m’avait fait oublier l’échec cuisant du tir pédestre.

En repassant les évènements dans ma tête, je finis par laver trois fois la sellerie avant de m’en rendre compte. Je refermai mon ESAO puis longeai le couloir d’un pas paisible. Les autres filles à l’exception de Dahlia étaient déjà derrière la vitre et j’entendais Kirsten s’esclaffer :

— Je retiendrais ce tir en pleine tête ! J’étais morte de rire dans mon Grizzli.

— J’ai eu mal pour elle, confia Caitlin.

— Oui, mais c’était tellement inattendu…

Elle se tut en me voyant entrer et Sadjia s’exclama avec un grand sourire :

— Clariiiine !

Elle m’étreignit, écrasant sa poitrine ronde contre la mienne. Très mal à l’aise de cet allant d’affection trop rapproché, je demandai :

— Qu’est-ce qui se passe ?

Elle se détacha, sans pour autant lâcher mes bras

— Je ne sais pas ce que tu as fait, mais ça devait être délicieux. Je veux un orgasme comme ça ! T’as fait quoi ?

La question avait beau être intime, je pris un ton détaché :

— Lapeur plus transmetteur en rotation.

— Juste ça ?

— C’était l’envie du moment.

— T’es juste une cochonne, rit Caitlin. Je dis ça en bien, hein ?

— Avec un peu de préliminaire, reconnus-je.

— Ah bah vas-y, dis-nous !

— J’ai poussé la ventilation, ça m’a aidé à pas retomber après le premier tir.

— Dommage que vous ayez raté ça, insista Sadjia. Ça a duré dix ou peut-être quinze secondes.

— Je n’ai pas compté, souris-je.

— Le contraire de Dahlia, se moqua Kirsten.

— Toujours dans le négatif, soupira Caitlin.

— Non, dans le comique, corrigea la Danoise.

— Si ça se trouve pendant qu’on se moque d’elle, elle est en train de jouir, dit Sadjia. Peut-être qu’elle est en train de faire un putain d’orgasme de trente secondes.

— Je voudrais voir ça, grimaça Kirsten.

J’échangeai un regard avec Mercedes au fond de la douche, qui écoutait sans rien dire, détachée de commérages. Elle me sourit, alors je me plaçai à côté d’elle.

Dahlia finit par nous rejoindre, un peu tardivement, mais nous étions toute en train de traîner sous la douche. Sadjia prit un air sincère et inquiet :

— Alors ?

— De ?

— Mieux que le premier ?

— Il n’y a pas eu de deuxième.

Le ton sec trahissait son amertume. Elle se plaça à côté de moi. Je la rassurai :

— Il y a des jours sans.

Elle haussa les épaules et dit :

— L’ESAO est debout au milieu de la piste, c’est Héloïse qui va le rentrer.

Mercedes passa devant nous, initiant le mouvement. Lorsque toutes les autres furent à leur casier, je murmurai :

— Tu veux que je reste avec toi ?

Elle redressa la tête fière, ses narines soupirèrent, puis elle secoua la tête avec un sourire qui disait que ce n’étais pas grave. Je posai une main légère de compassion sur son épaule et en sortant, je me retrouvai nez à nez avec Héloïse nue qui lâcha un cri suraigu de fan de boys band qui me fit sursauter.

Le cœur affolé par la surprise, je lui jetai un regard interrogateur

— Quoi ?

— Mais t’es pas humaine ! Treize secondes !

— J’étais dedans, indiqua Sadjia.

— Treize secondes ! répéta Héloïse. Treize secondes d’orgasme !

— Je peux faire mieux.

Elle me dévisagea, mais c’était une certitude aux vues de mes expériences passées. Elle resta la mâchoire entrouverte, alors je passai devant elle en saisissant ma serviette. Je savourais intérieurement cette petite victoire qui adoucissait l’humiliation de la bille en plein front.

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