36. EVA - Extra-Vehicular Activity
Au mess, avec les hommes, inutile de parler de ça. Le cul dès que ça devenait sérieux, ça mettait mal à l’aise, et il fallait toujours en parler par des abords grivois. La soirée ressembla à toutes les autres, me faisant oublier cet aparté érotique trop court. Cette sensation d’habitude, de normalité, et peut-être le stress de la première mission venant, la frustration n’était pas là. Mon esprit le gardait comme un joker, une carte à abattre pleine de phéromones à balancer au bon moment.
L’estomac plein, nous regagnâmes le dortoir. Dos aux hommes, j’ôtai mon t-shirt pour enfiler un débardeur de nuit. Héloïse, à côté de moi, m’imita et me fit un clin d’œil. Mes tétons dardaient encore, comme s’ils n’avaient pas oublié ce qui s’était passé plus tôt. Je haussai les épaules. Synchronisées, nous ôtâmes nos pantalons, dévoilant nos culottes aux regards de nos compagnons. L’Iroquois avait pris l’habitude de me supplier de ne pas me coucher sans qu’il ait pu voir de quelle couleur était mon sous-vêtement. Du coup, même si c’était parti d’une blague, c’était devenue une habitude, sorte de pacte tacite pour acheter la paix dans l’équipe. La gauloiserie ne me dérangeait pas tant qu’elle en restait là. Notre différence de sexe avec le reste de l’unité était sujet à boutades, Héloïse provoquait parfois, mais au milieu de l’enrobage gras des discussions se trouvait une fine tranche de respect souple et solide. Au début je pensais que l’ombre du lieutenant Conti nous protégeait, mais maintenant que nous nous connaissions tous, c’était le fait d’être adoptées au sein du groupe, même si nous n’avions pas encore combattu à leur côté. À juste titre, Héloïse considérait que créer de la tension entre une unité de fantassins et son seul ESAO, c’était signer leur arrêt de mort sur le terrain.
Ce soir, l’Iroquois n’était pas là pour me mater. Héloïse et moi nous assîmes sur son lit. Horvath et Saïp, en débardeur et boxer, s’assirent face à nous. Une malle nous servait de table tous les soirs. Saïp distribua les cartes.
Après deux tours, m’étonnant de ne pas voir notre camarade, j’interrogeai :
— Il est où, l’Iroquois ?
— Entretien privé avec le lieutenant, me répondit Horvath.
— On ne le reverra pas avant demain, ajouta Saïp.
— Sérieux ? s’étouffa Héloïse.
— Pourquoi tu crois qu’il a cette coiffure ? rit Horvath. Il lui fout la tête entre les cuisses et il lui lustre la minette.
Nous pouffâmes de rire tandis qu’il dodelinait pour singer la scène.
Le micro dans le coin du plafond grésilla par la voix de Szabo :
— L’unité TBK est convoquée au hangar !
J’agrippai le treillis posé sur mon lit, l’enfilai, puis troquai à la hâte le débardeur pour le t-shirt réglementaire. Sitôt chaussées, Héloïse et moi nous laissâmes emporter par le flot de nos camarades masculins. Les coursives du croiseur étaient étroites, mais ce n’était pas le cas du hangar. Deux transporteurs dormaient sur un flanc, l’un prêt à arrimer un exosquelette, l’autre possédant déjà entre ses griffes un module de transport de troupe. En face de ces derniers, des véhicules de combat étaient attachés les uns à côté des autres, près de mon ESAO bleu marine et noir. Nous nous plaçâmes au garde à vous. Le lieutenant Conti et l’Iroquois nous rejoignirent en courant. La coiffure du soldat était humide alors j’échangeai un regard avec Héloïse qui couina un rire contenu. Horvath nous murmura :
— La vie n’est que sexe, le sexe est la vie.
— Une remarque, Horvath ? s’agaça Conti.
— Non, mon lieutenant.
Il dodelina de la tête sitôt qu’elle regarda ailleurs et Héloïse pouffa de rire. Conti répliqua aussitôt :
— Horvath et Carlier, vous serez convoqués dès la fin de ce briefing.
Le capitaine de vaisseau Szabo fit son entrée avec son second. Nous nous plaçâmes au garde-à-vous, en imitation de notre supérieure. Après un regard scrutateur plein d’égo satisfait, il lâcha :
— Repos ! Nous sommes arrivés en orbite d’Hansel-Gretel IV, et nous sommes qu’à dix mille kilomètres de son satellite. Nous avons dû dévier notre trajectoire pour inspecter une épave non répertoriée. Il n’y a aucune identification possible, je parierais donc sur un navire africain sinon américain. Bref, il nous faut une équipe d’éclaireurs pour identifier l’appareil, l’origine de sa dérive et évaluer la menace. En cas de piège et d’attaque du Gulo Gulo, je préférais savoir la machine à orgasme à l’extérieur, prête à couiner. Vous avez trente minutes.
Le rictus de dédain n’échappa à personne, mais alors qu’il tournait le dos, le lieutenant Conti ne nous laissa pas en discuter.
— Vous avez entendu ? Horvath et Carlier, on reporte notre petit entretien. Horvath, Beck, et Muller, vous vous préparez pour une EVA. Carlier vous équipez Fontaine et vous me retrouvez sur le pont des opérations. Les autres en tenue, prêts à intervenir en renfort ! Allez ! On se bouge !
Tandis que les hommes se déplaçaient vers l’armurerie comme un banc de harengs se serait détourné au passage d’un plongeur, Héloïse et moi nous retrouvâmes seules au milieu du hangar. Nous marchâmes d’un même pas vers l’exosquelette. Mon corps s’enfiévrait déjà, comme s’il reprenait là où l’auscultation l’avait laissé. Héloïse ouvrit la malle contenant les pièces des tenues de pilote et son nécessaire de nettoyage, et elle en extirpa un assemblage télescopique. Elle le déploya, formant un quart de cercle sur le sol. Lorsqu’elle le déclencha, des grandes voiles blanches montèrent à presque deux mètres pour nous masquer. Je souris simplement, heureuse de pouvoir me déshabiller à l’abri des regards.
J’ôtai mon t-shirt, pour enfiler ma brassière, les tétons durs comme jamais. Héloïse fit descendre la selle et aspergea de spray lubrifiant les sondes. Je baissai mon pantalon et ma culotte avant d’enfiler les bas de contention. De me déshabiller ailleurs que dans le vestiaire du régiment qui était devenu notre cocon d’intimité était un peu intimidant. Toutefois, me préparer à être à l’intérieur de l’ESAO m’affolait à m’en faire trembler. Héloïse apposa les lentilles, et je marquai une pause avant d’enjamber la selle, juste pour mieux savourer le moment. Héloïse s’apprêta à demander si tout allait bien lorsque je passai le pied par-dessus. Je m’accroupis, présentant le gode anal en premier. Je pinçai les lèvres en savourant sa délicate pénétration. Sous le regard mutin de ma gynécienne, je laissai le transmetteur vaginal prendre doucement sa place. La profondeur à laquelle ils s’ancraient les rendait délicieux. J’haletais de bonheur. Héloïse s’accroupit pour découvrir mon clitoris rougeoyant et refermer la bague électrisante. Elle murmura :
— Bon courage petit clito.
Elle souffla délicatement dessus, comme un baiser, puis elle positionna le carter. J’accrochai les arceaux, Héloïse huila mes tétons puis ferma les prises. Ses mains se posèrent sur mes hanches :
— Alors ?
— C’est génial d’être pilote !
Elle me fit un clin d’œil.
— Bon courage.
Je fis remonter la selle, le thorax se referma, et Héloïse abaissa le paravent. Je fis quelques pas pour gagner le hangar. Une éternité me semblait être passée depuis ma dernière chevauchée. C’était comme si je revenais à ma place. J’étais faite pour être à bord, je n’en doutais pas. Héloïse colla son oreillette, les yeux sur sa tablette et demanda :
— TBK11 à TBK12, tu m’entends ?
— Cinq sur cinq.
— Je vais sur le pont, j’espère que tu te sens prête.
— Je ne sais pas si ma tête est prête, mais, mon corps, il n’y a aucun problème. Je peux faire danser le jerk à mon ESAO. Terminé.
— Je voudrais bien voir, mais garde ton énergie. N’oublie pas, tu dois être prête à tirer. Terminé.
Héloïse était déjà loin, alors que les trois hommes qui m’accompagnaient me rejoignaient en armure de combat couleur sable et cendre, armés de fusils balistiques à propulsion électromagnétique. Les protections sur les deltoïdes et leur pack dorsal de survie spatiale leur donnait l’air trapus. Eux qui me paraissaient si grands depuis une semaine, devenaient tout petits. Sur mon tableau de bord en réalité augmentée, leur matricule apparaissait au-dessus de leur tête. Un deuxième canal de communication apparut. La voix de Conti retentit :
— Ici TBK1. Passerelle de communication ouverte. TBK3 vous me recevez ?
— Cinq sur cinq, répondit la voix d’Horvath.
— TBK 7 ?
— Reçu, répondit Beck.
— TBK10 ?
— Reçu, ajouta Muller.
— TBK12 ?
— Reçu, répondis-je.
— Dirigez-vous vers le sas. Terminé.
Je pouvais désormais recevoir et émettre soit par la passerelle de communication à tout le groupe, soit uniquement à Héloïse. Je suivis mes camarades dans l’immense sas de proue dont le sol était zébré de blanc et de rouge. Cela allait être la première fois que j’allais me trouver dans le vide total sans être accrochée à un transporteur spatial. Un certain stress prenait le pas sur le reste de mon ressenti.
— Fontaine, tu nous fais un porté ? demanda Beck.
— C’est-à-dire ?
— Ben un porté en EVA.
— C’est ma première EVA, donc…
— Sérieux ? se catastropha Muller.
— Calmez-vous les gars, fit Horvath. On l’a sortie de formation après vingt jours, évidemment, elle n’a jamais fait d’EVA. Les gars veulent juste s’agripper à toi jusqu’à l’objectif. On peut tous faire un feu nourri sans nous soucier de la trajectoire.
— Ouais, accrochez-vous, dis-je.
Ils passèrent leurs longes dans les griffes et je les refermai. Ensuite, nous attendîmes… nous attendîmes longtemps. Cela avait beau n’être qu’une mission de reconnaissance, je commençais à flipper. Il y avait les bons côtés à être dans un ESAO, néanmoins, être à côté de mes camarades masculins cassait le sentiment d’intimité. C’était plus déstabilisant que d’entendre les voix d’autres filles pilotes.
Les lanternes rouges nous avertirent que la mise sous vide commençait. Horvath confia :
— J’ai comme un mauvais pressentiment.
— T’as toujours, un mauvais pressentiment, lui dit Beck.
— Parce que je déteste les EVA.
Le sas se vida de son atmosphère, puis les deux lourdes mâchoires intérieures s’ouvrirent, suivies plus lentement par le blindage de la coque. Hansel-Gretel IV était presqu’intégralement plongée dans l’obscurité. Comme je ne bougeais pas, Muller me dit :
— On peut y aller.
Je fis un pas, les sondes me rappelèrent agréablement que j’étais dans mon Furet. C’était comme une sensation de réconfort qui disait à mon corps de ne pas céder aux hormones des soucis, que quoi qu’il se passerait, il aurait du plaisir. Nous approchâmes du vide, la gravité artificielle nous maintenait toujours. Je questionnai Héloïse via notre canal privé :
— Et maintenant ? Comment on fait avec la gravité ?
— OK. Y a plus de gravité artificielle dans le sas, mais l’ensemble du vaisseau provoque une attraction. Il faut que tu bondisses vers le vide.
Je pliai les jambes, puis me propulsai. Mon corps se sentit léger dans l’exosquelette et mes capteurs ne tiraient plus sur mes doigts, comme si j’avais perdu mes passagers. Le silence était total, me laissant avec le son unique de l’informatique embarquée et de ma propre respiration. Héloïse me dit :
— Il faut que tu sois en mode vol zéro-G.
— Je suis en mode vol zéro-G.
— Verrouille l’objectif.
Je sélectionnai l’objectif prioritaire affiché devant mes yeux et mon écran m’afficha une distance de plus de deux cent kilomètres alors que je volais à cinq mille kilomètre heures par rapport à lui. Mais nous dérivions, loin de lui. Héloïse le constatant me dit :
— Ne panique pas. Il faut que tu fasses une poussée épaule droite égale à la poussée hanche gauche pour t’orienter. Envoie une pression de deux microgrammes seulement, et dès que t’es à mi-chemin, tu envoies la même poussée en sens inverse pour stabiliser. Normalement, si t’es en mode automatique, il faut juste que tu regardes l’objectif, comme si tu voulais avancer vers lui la tête la première et les réacteurs vont ajuster ta position. Mais ne joues pas avec la puissance, sinon, tu vas partir en vrille.
Le manque de formation me pinça le cœur et n’apaisa pas mon stress. Mon dos et mon ventre disposaient de micropropulseurs orientables de manœuvre que je me sentais incapable d’utiliser manuellement. Je fixai l’objectif du regard et activai la manœuvre automatique. Le Furet s’orienta, puis tandis que je filais toujours dans la même direction, il se mit à contrer la dérive et augmenta la poussée en direction de l’objectif. Concentrée sur les manœuvres, j’en oubliais mon ressenti. Lorsque je m’en rendis compte, je recentrai mon écoute sur les palpations de pétales autour de ma poitrine, et sur la succion légère de mes tétons. Mon corps, toujours sur son plateau d’excitation savoura aussitôt l’effet.
L’épave du petit croiseur de combat dérivait en tournant lentement sur elle-même. À cette vitesse, elle approchait très vite. Je ralentis en provoquant une poussée inverse. Mes équipiers me dépassèrent et leur longe les retint.
— Putain Fontaine ! Doucement !
— Désolée !
Tandis que notre différence de vitesse descendait à cinq kilomètree par heure, mes partenaires se détachèrent et se laissèrent glisser en éventail. Apercevant le hangar qui allait s’aligner avec moi, je fis une petite accélération et m’introduisis à l’intérieur. J’orientai mes pieds vers la paroi pour amortir le choc. Sitôt posée sur le mur, je me retrouvai à épouser la dérive de l’épave. Sur l’instant, il me sembla qu’elle s’était arrêtée de bouger. C’est en regardant les étoiles par l’entrée que je me rendis compte que nous tournions toujours lentement. Les Carcajous Maudits entrèrent à leur tour et les faisceaux de leurs torches balayèrent les alentours. Le corps d’une femme noire congelée flottait dans l’ombre.
— Vu l’uniforme, c’est un vaisseau africain, supposa Beck.
— Tu tiens le choc ? demanda Héloïse sur notre ligne privée.
Ne connaissant pas le macchabée, ça ne me faisait ni chaud ni froid.
— Aucun souci.
Horvath lut les galons de la femme :
— Je confirme, enseigne de vaisseau de la marine africaine.
— TBK12, m’interpella Conti. Sortez de là et montez la garde. Collationnez.
— Je sors de l’épave et je monte la garde. Terminé.
D’une petite impulsion, je me lançai à l’extérieur. Je ralentis pour rester à proximité des débris et me retrouvai à orbiter autour du croiseur. Régulièrement la planète éclairée d’un dixième par son étoile, m’offrait un panorama des plus exotique. Être au milieu de l’espace constellé, à flotter nue dans mon Furet, je ressentais une excitation poétique. Mon corps humide se réchauffait sans que je n’eusse besoin de poursuivre un seul stimulus. Juste pour la gourmandise, je laissais une brise électrique chatouiller mon clitoris et contracter mes muscles autour du transmetteur vaginal. Je n’étais pas vraiment aux aguets, plutôt dans la contemplation, perdue dans l’entrelacement des saveurs conjuguées du paysage et des bienfaits de la selle. Je laissai tourner un gode puis l’autre, au gré de mes envies. Je n’avais pas l’intention de jouir, je voulais que le délice durât longtemps. Je n’enviais aucune autre femme en cet instant, car j’étais la plus heureuse du monde. Être ici était l’accomplissement d’un rêve de gamine. Si nous devions être attaqués et que je devais mourir, ça n’avait plus aucune importance.
Aucun navire Crustacé ne montra la pointe de sa proue. L’inspection du pont se termina trop rapidement à mon goût. Horvath m’appela :
— TBK7 à TBK12. On a la boîte noire, tu peux venir nous chercher.
— TBK12, reçu.
Je m’orientai vers le hangar du croiseur, puis glissai avec légèreté jusqu’à eux. Les trois Carcajous Maudits tendirent leur longe en direction de mes doigts affutés. Je refermai les poings une fois les anneaux passés, puis bondis vers le vide spatial. Mon télémètre se calibra sur notre croiseur. Il n’était plus qu’à cent kilomètres de nous, et déjà il fallait que je ralentisse si je ne voulais pas nous écraser.
La proue était toujours béante, les chiffres de télémétries s’affolaient et mes yeux réalisèrent que le sas arrivait bien trop vite. J’augmentai ma contrepoussée au maximum. Les Carcajous sentirent la perte de contrôle. Muller s’exclama :
— Putain Fontaine !
Mes pieds se placèrent en avant. Mes griffes percutèrent les zébras rouges et blancs et griffèrent la peinture jusqu’à ce que nous nous arrêtions au centre de la pièce, faisant vibrer tout l’intérieur de mon Furet. Beck lâcha un souffle de soulagement :
— Putain !
— Ça c’est des sensations fortes ! s’exclama Horvath.
Le sas derrière-nous se referma sans un bruit. Un voyant m’indiqua un changement de composition dans la densité de l’atmosphère. Le dioxygène et l’azote remontaient doucement. Je desserrai les poings pour libérer mes camarades. Lorsque l’air remplit tout le sas, une diode verte s’afficha et la porte s’ouvrit sur le hangar. Je marchai jusqu’au paravent en arc de cercle auprès duquel Héloïse m’attendait. J’étais satisfaite de ma première expérience en zéro-G, mais frustrée de ne pas avoir pris mon pied. Je baissai la selle et la climatisation tiède me refroidit brutalement.
— Ça a été ?
— Très bien.
Je me laissai désharnacher les épaules. Elle libéra mes tétons dardés puis son index en chahuta un.
— Ce n’est pas le froid qui fait ça.
J’inclinai la tête de dépit en soupirant :
— J’ai froid quand même.
Ses bras passèrent derrière ma nuque, elle dégrafa ma brassière, puis me passa mon t-shirt que j’enfilai avec plaisir. Elle ouvrit ensuite le carter masquant mon pubis luisant. La potence tricéphale se recula, laissant à Héloïse l’espace pour libérer mon clitoris sans le toucher. Je me levai, abandonnant un peu avec déception le transmetteur inondé. J’épongeai mon entrecuisse puis enfilai ma culotte. Tandis que je déroulais les bas, Héloïse m’annonça :
— Le débriefing devrait avoir lieu dans une demi-heure.
— Ça te laisse un répit avant ta convocation avec le lieutenant.
— Ouais.
J’enfilai mon pantalon, chaussettes et chaussures, ensuite nous regagnâmes les quartiers d’infanterie. Les gars étaient en train de raconter ce qu’ils avaient découvert.
— Y en avait un près de la salle d’ingénierie, il avait un bras arraché et la tête qui tenait plus que par un morceau…
Je m’assis à côté d’Héloïse sur le lit et écoutai la narration. C’était glauque et pourtant, j’aurais aimé être là pour voir avec eux. En les écoutant, c’était comme si je n’avais pas été avec eux, un peu à l’écart. N’ayant pas eu à me battre, je me sentais rabaissée à un simple rôle de taxi.
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