Penser sans panser

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L’autre soir, je suis tombé au beau milieu d’un combat verbal épique entre deux de mes amis les plus volubiles. Pour des raisons évidentes (et parce que personne ne veut voir ses amis être victimes de la cancel culture), je vais les appeler Sami et Driss. Des noms totalement fictifs, choisis au hasard. Ou peut-être parce qu’ils étaient en promo au supermarché des prénoms fictifs ?…

Sami, tout excité, lance : “As-tu vu le nouveau film ‘Barbie’ ? C’est vraiment le summum de cette belle génération woke !”

Chaque fois qu’il dit ‘wokisme’, j’ai une envie soudaine de nouilles sautées. Va comprendre.

Driss, levant un sourcil sceptique, répond : “oui j’ai vu mais dis moi pourquoi ils ont ajouté un personnage LGBT qui ne sert à rien dans l’histoire et qui empêchera sa diffusion dans certains pays ?”

Hmm, Driss a un point. Mais alors pourquoi ai-je l’impression qu’il veut interdire tous les films post-1990 ?

Sami, avec un sourire malicieux, rétorque : "Driss, tu te focalises trop sur un détail. L'essentiel, c'est le message d'ouverture et d'acceptation. Et puis, qui a dit qu'un personnage LGBT ne pouvait pas être juste... un personnage, sans agenda caché ?"

Ah, Sami et sa capacité à voir le verre à moitié plein... et arc-en-ciel.

Ne pouvant m’empêcher d’intervenir intérieurement, je me dis : Nous voilà, trois adultes, en plein questionnement sur une poupée… Qui aurait cru ?

Lorsque le sujet change pour Blanche-Neige, Sami s’extasie sur sa nouvelle version hispanique et sans prince. Driss, quant à lui, soupire profondément, se demandant pourquoi les anciens contes sont modifiés. Si Sami et Driss étaient dans un conte, je suis certain que l’un serait le dragon et l’autre le chevalier. Mais qui serait qui ?

Sami, les yeux brillants, s’exclame : "Et cette nouvelle Blanche-Neige, hispanique et sans prince ! Une belle représentation de la femme moderne. Elle n'a besoin de personne pour la sauver. Une véritable inspiration pour la nouvelle génération !"

Parfois, je me demande si Sami pense que chaque conte est une conférence TED en attente de se produire.

Driss, roulant des yeux, réplique : "Il y a une raison pour laquelle ce sont des 'classiques', Sami. Tout n’a pas besoin d’être modifié pour plaire à la nouvelle génération. Quelle sera la prochaine étape ? Un loup végétarien dans 'Le Petit Chaperon Rouge' ?"

Si Driss était un conte, ce serait certainement "Grincheux et les sept sceptiques".

A l'intérieur, je ricane : Imaginez Driss découvrant mes filles jouant avec une Blanche-Neige astronaute et un prince coiffeur. Le choc serait épique !

La conversation dévie sur la représentation noire de Cléopâtre. Sami voit cela comme un progrès, Driss comme une inexactitude.

Sami, levant les mains en l'air comme pour célébrer une victoire, s'écrie : "Enfin, Cléopâtre représentée en tant que femme noire puissante ! C'est une merveilleuse avancée pour la diversité et l'inclusion. Imagine un peu tous ces enfants qui peuvent désormais se voir dans cette figure historique !"

J'imagine Sami organisant une soirée thématique Égypte antique, uniquement pour montrer le film à tout le quartier.

Driss, croisant les bras, contre-attaque : "Sami, Cléopâtre était grecque. La représenter comme une femme noire, c'est jouer avec l'histoire. On peut promouvoir la diversité sans déformer les faits, tu ne crois pas ?"

Je suis sûr que si Driss avait une machine à remonter le temps, sa première étape serait d’aller visiter les frères Lumière. Après tout c’est leur faute, tous ces débats stériles…

En moi, je pense : Si elle avait eu Instagram, elle aurait probablement réglé le débat avec un selfie.

Finalement, J.K. Rowling et la cancel culture sont évoqués. Sami défend fermement l’auteure, tandis que Driss pense qu’elle aurait dû s’abstenir de certains commentaires. La cancel culture… Si seulement je pouvais annuler certains moments de cette conversation.

Sami, secouant la tête, déclare : “Franchement, J.K. Rowling est allée trop loin avec ses commentaires. Elle a tellement influencé des générations entières, et voilà qu’elle répand des idées si problématiques sur les transgenres.”

Je vois déjà Sami supprimer toutes les références à ‘Harry Potter’ de ses réseaux sociaux. C’est comme si la Cape d’Invisibilité s’était étendue sur toute la saga.

Driss, hochant la tête en signe d’accord, mais pour des raisons différentes, dit : “Sami, pour une fois, je suis d’accord. Mais pas pour les mêmes raisons. ‘Harry Potter’ est problématique parce qu’il glorifie la sorcellerie ! Ce n’est pas pour nos enfants.”

Je me retiens de rire, imaginant Driss brûlant un rayon déguisement d’halloween en protestation.

Intérieurement, je pense : Entre Sami qui boycotte Rowling pour ses tweets et Driss qui veut lancer une croisade contre la sorcellerie… Qui aurait pensé qu’un jour, ces deux-là seraient d’accord sur quelque chose ? Et moi ? Je me contente d’apprécier mon café en paix.

En tout cas, cette soirée a été un rappel vivant que le débat et la diversité d’opinions sont essentiels pour ma santé mental. Et rien n’est plus divertissant que d’être spectateur, no stress, just watching the mess.

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