Post-Mortem

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Contrat d'assassinat sous conditions

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             La cible doit mourir sous un délai minimum de 3 jours

                 Pas de contact physique avec la cible

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                 Contrat pris en charge par : Hermès

M. Spencer ne sort jamais de chez lui. C'est une première pour un chef d'entreprise, et de renom qui plus est. Son marché sur les armes le pousse à se tenir éloigner de son lieu de travail. C'est ce qu'il pense. Homme minutieux pour sa sécurité, brillant d'égoïsme, vivant seul et n'ayant même pas l'approbation de sa propre famille. Comme tous les matins, il va cherchait son courrier en laissant la machine à café faire son travail. Cette boîte aux lettres le relie à ce monde. Mais surtout à son boulot. Et quelques fois, à sa gentille arrière-grand-mère, ou ils s'amusent à s'offrir des présents pour simplement se dire "Je suis encore en vie".

Un colis et quelques lettres. Comme prévu, un cadeau venant de sa matriarche la plus ancienne, et adorée. M. Spencer sait déjà que ce sera un bibelot sans valeur, et sait aussi que ce dît cadeau finira à une étagère spécialement conçu pour ce genre d'anticipation. Aussitôt dévoilé, aussitôt à sa place. C'est le plus beau bibelot offert. Alexander replonge dans son travail intensif. Autrement dit, café et épluchage de papiers. Le sourire aux lèvres de notre cher ami laisse penser que la fin de son mois sera des plus fructueuses.

Plusieurs heures s'écoulent, M. Alexander remplit une journée avec 15 appels, 4 courriers rédigés, 2 lettres faxées et 8 cafés bien corsés. Il passe devant son étagère fétiche un petit instant. La minutie d'Alexander lui fait remarquer que son tout nouveau bibelot laisse entendre un léger son. Un "Tic". Par réflexe idiot, il aurait voulu s'empresser de constater son contenu, mais son hésitation le sauva. Le bibelot explose, emportant tous les autres et projette le concerné de l'autre côté de la pièce. Abasourdi, Alexander conclut, après coup, que sa vie ne serait plus la même.

Suite logique, Alexander appelle son arrière-grand-mère afin d'y voir plus clair. Elle lui confirme que rien de sa part n'avait été envoyé, elle comptait le faire la semaine prochaine. Alexander n'y voit que flou. Il décide de retracer l'expéditeur du colis à la poste de proximité. Au guichet, dans les bureaux et dans les centres de tris. Tous sont face au désarroi. Rien ne permet de retrouver le destinataire puisque l'adresse indique celle de son arrière-grand-mère, et a également été envoyé depuis la poste à proximité de l'adresse indiquée.

M. Spencer, Directeur et superviseur de l'entreprise Arm.co, était menacé de mort. Il ne pouvait pas penser que c'était elle qui aurait pu faire ça. En rentrant, il remet de l'ordre dans sa maison et dans sa tête avec un sommeil aussitôt l'ordre remis.

...

En se levant, son rituel habituel s'en retrouve décalé. Le courrier est quand même prélevé. En les feuilletant, une lettre sort du lot.

" Cher Spencer Alexander,

Permettez-moi de vous dire que le simple fait d'avoir prélevé cette lettre m'indique que votre mort n'a pas eu lieu.

Tendrement, Votre Facteur "

Silencieux. Quelle réaction pouvait-il avoir ? " Votre facteur " ? Comment peut-il affirmer à coup sûr qu'il soit encore vivant ? Le simple fait que la boîte aux lettres soit vide ? Alexander est pris dans un vertige, où il ne sait plus où se mettre.

Il se met au travail, et dans la foulée, il envoie une requête à sa poste comme quoi il ne souhaite plus recevoir de colis à son domicile. Dans cette action, il se sentait soulagé de mettre fin à cette mascarade par un moyen direct de ne plus pouvoir l'atteindre, autre que par des mots. Une journée finie qui se conclura par la satisfaction de pouvoir reprendre sa vie, certes sans les bibelots laids de son arrière-grand-mère.

...

Même rituel le lendemain. En épluchant le courrier, Alexander s'était déjà préparé à recevoir, de nouveau, une lettre de son agresseur. C'est avec fermeté qu'il tient la lettre en main, dans l'esprit de lui tenir tête.

" Cher Spencer Alexander,

Après avoir appris que vous n'avez pas aimé mon présent, au point d'interdire d'en recevoir davantage, je suis dans le regret de vous dire que vous touchez actuellement un papier à la fibre de bambou qui a la particularité de restituer, au moindre contact, toutes substances dont il est imprégné. Autrement dit, ma lettre vous injecte du sarin. 500 fois le cyanure si vous préférez.

Amicalement, Votre Facteur "

Avant même d'avoir fini de lire la lettre, Alexander s'en désempare et passe ses doigts à l'eau froide. Mais se rend vite compte que cela ne sert à rien, ses doigts ont déjà eu le temps de jaunir et commence à sentir tout son bras s'engourdir. Ne pouvant même plus le bouger sans s'en mordre les doigts. Il appelle en urgence, et doit attendre une bonne trentaine de minutes avant que les secours arrivent. Les trente minutes les plus longues de sa vie.

Arrivé à l'hôpital, il fût conduit immédiatement au bloc opératoire. L'amputation du bras droit était le dernier recours avant que le poison atteigne son cœur.

...

Alexander Spencer se retrouve privé de son bras. Il aurait pu être privé de sa vie, lui explique le médecin en chef. La dose mortelle s'en est retrouvée atténuée à cause de la méthode par laquelle le poison lui avait été administré. Le sarin n'était donc pas à dose optimale, mais suffisamment pour le tuer.

L'hôpital lui suggère donc d'y séjourner pendant un moment le temps de l'enquête policière qui condamnera, dans un même temps, sa maison. Alexander réfuta l'idée. Il était impossible pour lui de renoncer à sa vie. Un chef de police lui proposa donc une escorte jusqu'à chez lui et une surveillance 24/24 - 7/7. La contrepartie suffit au chef d'entreprise. Tout mais pas son confort. C'est ce qu'il se disait. Il ne se dit surtout pas qu'il se jette dans la gueule du loup. Car c'est un homme qui a toujours eu ce qu'il voulait et qu'il était hors de question, que ceci change.

De retour à sa demeure, envahit par des spécialistes et des inspecteurs comme sur les lieux d'un crime. Fatigué par l'opération. Ou plutôt par "Votre Facteur". Plus qu'une fatigue. Une sentence.

...

Cette fois, un jour ou Alexander ne se lève pas. Réveillé mais hésitant. Il entend déjà la pièce d'en bas grouillait de monde qui continue de trouver une réponse pour lui. Comme toujours, lui en haut, et les autres en bas travaillant pour lui. Il se sent bien, mais sait que ce ne sera que de courtes durées. N'hésitant plus, il décide de se lever et de faire prélever son courrier par un policier, volontaire. Boulot, boulot, boulot et enfin. La fameuse lettre qui sort du lot. Un papier raffiné, beau, soigné. "Votre facteur" est un virtuose du courrier. L'air de venir de loin mais chaud comme du pain. Le policier dévoile la lettre au concerné. Gant oblige.

" Cher Spencer Alexander,

Faute avouée, à moitié pardonnée. Les vôtres, pardonnées ou non, vous aura coûté votre bras droit par ma faute. Je l'avoue et pour me faire pardonner, je ne vous ferai plus souffrir. Du moins, je ne vous ferai plus attendre.

Chaleureusement, Votre Facteur "

La tension monte. Face à cette lettre explicite, la boîte aux lettres d'Alexander Spencer est retiré, ainsi que ses coordonnées à la poste. Plus aucun contact avec lui n'est possible. D'après la police, l'agresseur vivrait à des milliers de kilomètres d'ici, le bibelot et la fibre de bambou ont été les indices précurseurs de cette enquête et laisserait même penser que l'agresseur vit dans un autre pays. Quoiqu'il en soit, il est impossible de le retracer car il est réellement facteur et a donc accès à la base de donnée. Ce qui lui permet d'avoir accès aux suivis des courriers et colis, de masquer les courriers qu'ils envoient, et d'également repérer l'adresse de quiconque grâce à cette même base. En ce qui concerne le colis contenant le bibelot, le facteur aurait des talents de faussaire vu qu'il a été capable de reproduire à l'identique l'écriture de l'arrière-grand-mère. Les services de l'ordre sont affirmatif. Ils auront le contrôle de la situation. Alexander s'en contre-fout, et ne veut plus entendre parler de cet individu.

En fin de soirée, la maison se vide laissant Alexander face à une vie d'isolé. Plusieurs policiers veillent près de sa demeure, à l'affût du moindre individu. Pendant ce temps-là, Alexander n'en ferme pas l'œil. La démence l'envahit. Chaque courrier est l'annonce précipitée de sa mort. Il regrette amèrement son bras, pour lequel il devait tout. Il maniait sa vie de cette poignée de main, qu'il lui avait toujours tout réussie.

Dans un semblant de sanglot, la fenêtre se mit à résonner. Quelque chose frappe le carreau. Alexander se lève, et rien. Dans le doute, il ouvre la fenêtre est, dans le même temps, une chose se précipite à l'intérieur de la maison. Un croassement lugubre et froid. Alexander se retourne et découvre, avec stupéfaction, un oiseau. Alexander tire sur la ficelle à la patte de ce qui lui semble être un corbeau, et prend le morceau de papier qui semble lui être adressé.

" Cher Spencer Alexander,

Mon message précédent a provoqué l'effet que je recherchai. Mais sachez que dans cet isolement, vous et moi seront d'autant plus rapprochés. Vous auriez tort de penser l'inverse. Cet oiseau se nomme Babil. Pas très original, mais là où cet oiseau sort du lot, c'est qu'il est le chef d'une meute de corbeau. C'est lui-même qui les guide également en période de migration. Autrement dit, en étant chez vous, Babil signale, à tous ses confrères, que votre demeure sera le point de ralliement avant la migration. Je ne vous demanderai pas de prendre soin d'eux à ma place, car je sais que c'est l'inverse qui se produira.

Malheureusement, Votre Facteur "

Interrompu dans sa lecture par le croassement rauque de "Babil". Alexander a comme l'impression qu'un écho a retentit après le cri de celui-ci. Tendant l'oreille et scrutant le ciel noir de la nuit. Il aperçoit bon nombres de corbeaux déjà en route. Un à un, les corbeaux se ruent violemment sur sa maison, et dans un dernier élan, Alexander ferme rapidement sa fenêtre. Tous les corbeaux à l'extérieur tapent frénétiquement sur toute la maison. Les vitres sont prises d'assauts, tentant de les briser. "Babil" croasse éperdument afin d'attiser la colère de ses confrères. On entend des coups de feux à l'extérieur. Il semblerait que ce soit les policiers qui rôdaient aux alentours. Alexander descend jusqu'à sa cave afin de s'isoler de tout ce vacarme horrifiant.

...

Il attendit quelques heures avant de constater que le calme soit revenu. Alexander remonte dans la pièce principale, et jette un coup d'œil à l'extérieur. Un amas de corbeaux qui ont l'air de dévorés. Alexander vomit dans le lavabo et comprit ensuite que c'était le corps des policiers. "Babil" le fixait depuis l'étagère délabrée, calmement. Et aussitôt, il croasse de nouveau et la frénésie des corbeaux reprennent de plus belle. Alexander était coincé à l'intérieur, il se précipite sur le téléphone fixe et décide de joindre les autorités. Mais fût interrompu par le fax se trouvant à proximité. Il reçoit un premier message.

"Cher Spencer Alexander,

Vous sentez-vous moins seul ? Je me suis permis d'utiliser votre fax pour vous envoyer plusieurs lettres. En ce moment même, le fax ne cesse d'en envoyer. Voyez-vous, l'encre utilisé dans votre fax est de l'authentique phosphate. Une fois à l'air libre, l'encre au phosphate se libère dans votre oxygène environnant, ne vous laissant que phosphate à respirer. Je vous conseille d'ouvrir les fenêtres.

Pour votre malheur, Votre Facteur "

En finissant la lettre, plusieurs autres étaient déjà faxés. Alexander débrancha le fax aussitôt, et attrape toutes les lettres pour les noyer. Mais à défaut de n'avoir qu'un bras, il fit plusieurs aller-retour. En passant d'un étage à l'autre, il put lire clairement "Pour votre malheur, Votre Facteur" imprimés sur toutes les lettres dans sa course effrénée. Il jette le dernier paquet dans la baignoire et enclenche l'eau froide, espérant atténuer le phosphate dans l'eau. Comment a-t-il fait pour remplacer l'encre du fax par du phosphate ? Alexander se souvient qu'il l'avait commandé par internet, et imagine bien jusqu'où "Votre Facteur" a élaboré son stratagème. Le bain de lettres laissent s'échapper des bulles, impossible de contenir le phosphate. Alexander, paniqué, trébuche dans les escaliers. En relevant la tête, toujours ce même corbeau qui le fixe. Comme s'il attendait sa mort. Dans un élan de folie, Alexander crie au corbeau que si il meurt, lui aussi mourra. Il se cogne la tête, comme s'il essayait de retrouver ses esprits mais le vacarme sanglant des corbeaux l'empêche de penser sereinement.

Alexander se dirige de nouveau vers le téléphone. Peine à composer plusieurs numéros à cause de son unique bras. Mais la police a coupé sa ligne, pensant que ce serait judicieux pour l'éloigner de tout contact. Tout à coup, Alexander se met à serrer sa poitrine qui lui brûle affreusement, et en toussant, crache une flaque de sang. Alexander sent que s'il ne sort pas, il va y rester. Mal en point mais toujours debout, il clanche la porte qui est verrouillée. Il s'élance dessus et l'emmène dans sa chute. Il est enfin dehors, mais se relève du mieux qu'il peut et commence à courir. "Babil" sort et croasse après lui, rameutant tous les autres corbeaux à sa poursuite. Quelques corbeaux, l'atteignant, s'acharne sur lui en le lacérant. Alexander n'a même pas la force de crier à sa rescousse que le peu de phosphate lui brûle les poumons.

Dans sa course désespérée, il chute le long d'une pente et se retrouve sous un pont, près d'un fleuve. Il rampe jusqu'au fleuve, tandis que l'un des corbeaux plante son bec dans sa jambe. En criant de la douleur, Alexander s'arrache les poumons et y laisse entendre un cri esquinté par la torture. Il plonge doucement dans le fleuve, par chance, elle est peu profonde. Les corbeaux s'éloignent du fleuve et attendent tout du long. Seulement "Babil" s'avance doucement du fleuve. Alexander, la tête hors de l'eau, voit son sang remontait à la surface des plaies causées par ses volatiles.

Une voix se fait entendre. Il entend son nom. Alexander reprend espoir et cherche d'ou vient cette voix qui l'appelle. La voix a l'air proche mais il ne voit personne. La voix se fait entendre face à lui, et il tourne la tête vers celle-ci.

" TUEEER SPEEENCEEER ALEEEXANDEEER !"

Babil répéta cette phrase en boucle. Alexander n'en revenait pas. Impossible, se disait-il. Pourtant, c'était devant lui, cet oiseau qui babiller. Le chef de cette meute finit par s'arrêter, s'envole pour finir sur la tête d'Alexander.

" Cheeer Speeenceeer Aleeexandeeer,

Dééésolééé pour l'atteeenteee occaaasionnée ! Eeen vous souhaitaaant une booonne fin de viiie !

Pour un mooonde meilleeeur, Votre Facteeeur "

Et sur cette dernière phrase, Babil plante son imposant bec dans l'œil d'Alexander. La douleur atroce le force à se débattre, malgré le peu de force qui lui reste. L'eau du fleuve devient peu à peu calme, et se mélange au sang de notre chef d'entreprise. Alexander flotte paisiblement à la surface du fleuve, et la meute de corbeau se ruent sur son corps inerte. Une nuit sombre, un fleuve ensanglanté, le croassement des corbeaux et Babil répétant cette même phrase :

" Contraaat terminééé ! "

...

Le corps fût retrouvé à l'acheminement du fleuve. N'ayant même plus de visage, le corps a pu être identifié par des spécialistes. Aucune preuve. La mort d'Alexander Spencer ; Classifiée dans les morts d'accidents graves.

La meute de corbeaux est déjà partie migrer. Des ornithologues ont été sollicité pour pister la trace de l'assassin. La meute a été retrouvé au bout de quelques mois, mais aucune trace de "Votre Facteur".

Le fameux fax avait bien été envoyé par un particulier sans rapport avec l'affaire. Les inspecteurs supposent qu'il a été trafiqué, une fois arrivé au bureau de poste pour l'envoi. Mais le suivi de ce colis reste introuvable.

La maison de M. Spencer a été traité et dératisé à cause du taux trop important de phosphate environnant dans sa demeure. Donc, toutes empreintes, également, effacés, ou preuve matérielle.

Fin de l'affaire

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Commentaires & Discussions

Mr. Alexander SpencerChapitre5 messages | 1 an

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