Ses doigts crissèrent sur le sol crasseux. Des larmes glissèrent sur ses joues sales. Une fois encore, elle essaya de se transformer, d'appeler sa bête pour combler ce vide intérieur dont elle n'avait plus l'habitude. Mais non. Rien. De frustration, elle frappa le sol, faisant raisonner ses chaines dans la cellule sombre. Elle avait déjà échoué si souvent qu'elle aurait dû abandonner depuis longtemps. Mais elle ne se décourageait pas, elle n'en avait pas le droit. Alors elle essaya, encore et encore, jusqu'à entendre la porte grincer. Alors elle rampa au fond de la cellule, aussi loin que ses chaines le lui permirent. Une ombre apparut à l'entrée, une seringue à la main. Elle retint un cri de terreur mais un gémissement lui échappa tout de même, à sa grande honte. Le démon aux dents pointues approcha en ricanant, de ce rire qui lui réchauffait autrefois le cœur, mais c'était il y a bien longtemps, il y a au moins un siècle.

— C'est l'heure ma chérie. Viens prendre ton traitement.

— Non... Laisse nous tranquilles...

Comme d'habitude, il ignora ses suppliques. L'aiguille perça sa chair et elle le détesta encore plus pour cela. Si jamais elle s'en sortait, elle lui rendrait tout cela au centuple. Le produit glacé fila dans ses veines, et elle sentit s'enfuir l'écho d'un rugissement dont elle n'avait même pas eu conscience. Cette perte la déchira une fois de plus, la laissant écroulée au sol. Elle eut juste la force d'esquiver le coup de pieds qu'il voulu lui mettre au ventre, traditionnel adieu qu'il lui réservait. La porte se referma alors, lui laissant l'obscurité pour seul refuge. Dans quelques heures, elle le savait, un autre visiteur, anonyme celui-là, viendrait lui prélever du sang. Et le lendemain, tout recommencerait. C'était sans espoir, mais elle résisterait, encore et toujours, jusqu'à en mourir.