La mort de ma soeur jumelle
En une fraction de seconde, je me retrouve debout à hurler :
- Comment as-tu osé ? !
Mes dents sont tellement serrées par la douleur et la rage qu'elles émettent des grincements. Mes phalanges me font mal tant je serre les poings fort, mais je ne m'en soucie pas. Je me dirige à grands pas vers l'estrade en grognant presque tant je suis énervée, puis monte les marches une à une, sous le regard surpris des étudiants et des professeurs composant le jury.
Vanessa arbore aussi une expression étonnée. Je l'attrape violemment par le col en criant :
- Ce projet est le mien ! Je l'ai préparé pendant des mois ! Comment as-tu osé me le voler ? !
- Aïe ! se plaint-elle. Lâche-moi, Malicia, tu me fais mal !
- Je t'ai toujours aidée et soutenue sans rien demander en retour et tout ce que tu trouves à faire pour me remercier, c'est me trahir de la sorte ? ! continué-je sans prêter attention à ses jérémiades.
- Malicia ! Calme-toi ! me supplie mon amie.
L'intervention de la jeune femme aux cheveux couleur caramel semble éveiller les membres du jury, car l'un d'eux quitte sa chaise en me lançant :
- Ça suffit, mademoiselle ! Cette violence n'est pas tolérée dans l'enceinte de l'établissement !
Leurs cris ne sont plus que des voix lointaines pour moi. La seule chose que j'entends est la rage qui monte en moi.
- Je te hais ! hurlé-je au bord des larmes en la repoussant de toutes mes forces.
Elle lâche un cri en tombant de l'estrade, rejoint par les exclamations d'horreur des personnes présentes.
Sa tête est sur le point de heurter le sol lorsque des bras la rattrapent. Ils l'enveloppent et la serrent contre un corps, mais ce n'est pas n'importe quel corps : c'est celui d'Ariste. Ce dernier lui demande avec inquiétude :
- Est-ce que ça va, Vanessa ?
Pour toute réponse, ma soeur jumelle éclate en sanglots, mais j'en mettrais ma main au feu qu'elle a d'abord eu, pendant une fraction de seconde, un sourire de satisfaction.
Je prends de grandes inspirations pour tenter de calmer ma respiration saccadée, tandis que le jeune homme me lance un regard noir. Mes yeux verts s'écarquillent. Jamais il ne m'avait regardée de la sorte.
Il caresse ensuite le bras de la brune en lui murmurant d'une voix douce et réconfortante :
- Ne t'en fais pas. C'est fini, maintenant.
Je les fixe avec incrédulité, tandis que mon coeur se serre et, comme si ça ne suffisait pas, Acacia s'agenouille en précipitation à leurs côtés en demandant :
- Est-ce que ça va ? Tu n'as rien, Vanessa ?
- Elle semble juste sous le choc, lui répond Ariste. Comme nous tous. . . ajoute-t-il en me lançant un regard de dégoût, qui me fait l'effet d'une lame en plein coeur.
Je lance un regard désespéré à ma meilleure amie, mais face à son expression déçue, je comprends qu'elle n'est plus ma meilleure amie. Cette réalisation est comme une balle rejoignant la lame déjà enfoncée en moi.
Mon regard parcourt l'assemblée. La fierté et la bienveillance des professeurs s'est muée en déception et en reproches. L'admiration et la complicité de mes camarades a laissé place au dégoût et à l'aversion. Le respect que me vouait mon entourage s'est brisé pour laisser apparaître leur mépris.
Je sens le sol se dérober sous mes pieds et tombe à quatre pattes sur le bois de l'estrade. Ma respiration s'agite un peu plus de seconde en seconde et la tête me tourne. Je retiens avec difficulté mes larmes, par fierté. Il est hors de question que je me montre faible. Hors de question que je laisse à celle qui vient de détruire ma vie scolaire et mon avenir professionnel la satisfaction de me voir craquer. Je serre les poings et lance à la jeune femme me ressemblant comme deux gouttes d'eau un regard empli de haine. En plus de détruire ma vie scolaire et mon avenir professionnel, elle vient de briser mon amitié et de voler le coeur de celui que j'aime depuis tant d'années ! En quelques minutes, cette femme a brisé mes rêves et tué par la même occasion ma soeur jumelle. . .
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