La flamme ravivée

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L'homme est grand, mais sa beauté l'est encore plus. Je ne pensais pas pouvoir rencontrer plus joli garçon qu'Ariste. Il semble que je me sois lourdement trompée, comme sur tout le reste, au final. Cependant, son charme ne change rien au fait que cet inconnu sorti de nulle part connaît mon prénom. Ce détail éveille ma méfiance. Je lui demande donc en reculant d'un pas :

- Qui êtes-vous ?

- Disons. . . que je pourrais être ton prochain patron, si le coeur t'en dit.

- Comment ?

- Tu étudies dans une grande école de commerce, n'est-ce pas ? Il se trouve que je travaille justement dans ce domaine et que je suis intéressé par. . . tes compétences. . .

- J'étudiais dans une grande école de commerce. Je ne fais plus rien, désormais et n'ai pas l'intention de faire quoi que ce soit à l'avenir, puisque je n'en ai plus, avoué-je en serrant les poings et les dents de frustration.

Un petit sourire en coin apparaît sur le visage de l'homme, puis il rétorque :

- J'en ai pourtant un à t'offrir.

- Hein ?

- Tu es persuadée qu'il ne te reste plus rien, mais tu as encore la vie, toi et tous tes talents et, surtout, moi, ajoute-t-il en posant une main à plat sur sa poitrine. Tu souhaites te venger du mal qui t'a été fait, mais, même si elle en est l'instigatrice, Vanessa n'est pas la seule responsable de ta souffrance, n'est-ce pas ?

Je me fige. Il se met à marcher dans ma direction en poursuivant, sans attendre ma réponse, indiquant ainsi que sa question est purement réthorique :

- N'entraîner qu'elle dans la mort n'est donc pas une vengeance digne de ce nom. . . C'est toute l'Humanité qui t'a maltraîtée. . .

Il se penche pour me susurrer à l'oreille :

- . . . elle doit donc être punie dans son intégralité.

Je sens un frisson glacé me parcourir au contact de son souffle chaud sur ma peau, tandis que mes joues me brûlent. En remarquant les tremblements incontrôlables de mon corps, le sourire de l'inconnu s'élargit et il retire sa veste pour la passer autour de mes épaules en déclarant :

- Il est vrai que cette pluie glaciale peut facilement vous faire tomber malade. Et si nous allions nous mettre au chaud dans ma demeure ? Nous pourrons ainsi terminer cette conversation en nous assurant que ma potentielle future assistante ne succombe pas à une pneumonie. Ce serait fâcheux, n'est-ce pas ?

Ce n'est qu'alors que je remarque que ses vêtements, bien qu'élégants et certainement coûteux avec leurs brodures et leurs boutons en or, semblent tout droit venus d'une autre époque. On dirait les habits qu'on voit aux princes et aux nobles sur les peintures ou dans les films historiques. L'homme semble remarquer le regard intrigué que je lance à la veste qu'il boutonne, car il me demande avec un sourire amusé :

- Elle te plaît ?

- Euh. . . C'est que. . . Elle semble. . . Enfin. . . Ce que je veux dire. . . C'est qu'elle aurait certainement fait fureur cent ans plus tôt, voir même plus loin, mais pour aujourd'hui, c'est un peu. . . passé de mode ? répondé-je sur un ton hésitant, bien qu'avec franchise.

- Vos ancêtres avaient de biens meilleurs goûts vestimentaires que vous, c'est certain, lâche-t-il avec une grimace agacée. Enfin, ton manque de goût ne t'empêchera pas de faire du bon travail, j'en suis certain, ajoute-t-il sur un ton plus aimable. En route, déclare-t-il en me prenant dans ses bras, me faisant lâcher un cri de surprise.

- Qu'est-ce que vous fâites ? ! m'indigné-je, le rouge aux joues. Je ne vous ai jamais permis de me porter, je suis encore capable de marcher et je n'ai jamais dit que j'acceptais de vous suivre !

- Même si je te promets de t'offrir la possibilité de te venger de toute l'Humainté ?

Je cesse aussitôt de me débattre et il ajoute :

- Bien sûr, ce sera une vengeance bien plus terrible qu'une simple baignade mortelle. . . Je te garantis qu'ils souffriront infiniment plus que toi.

Je plonge mon regard vert dans ses iris écarlates pendant de longues secondes. Cet étranger vient de raviver en moi une flamme qui s'était éteinte depuis longtemps. Une flamme alimentée par un objectif à accomplir. Une flamme qui nous pousse à nous battre encore et encore pour survivre jusqu'à voir cet objectif accompli. Cette flamme, c'est la raison de vivre. L'objectif qui alimente la mienne est désormais la vengeance.

- J'accepte de vous suivre pour écouter votre proposition, en espérant qu'elle en vaille la peine, lui dis-je avec un sourire.

Il me le rend, puis d'un geste ferme, mais doux, il me force à poser la tête sur son épaule et me murmure d'une voix rassurante :

- Endors-toi, Malicia. Je m'occupe de tout, désormais.

Je souhaite lui demander comment il connaît mon nom et, surtout, quel est le sien, mais je ne parviens pas à lutter contre le sommeil qui m'envahit.

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