Séraphine - L'enterrement - 2
Quelques personnes assistaient à l’office. Le prêtre parlait avec une voix morne qui accentuait l’accablement de la jeune fille. Les larmes brûlaient ses joues. Soutenue par Grand-Maman qui la tenait dans ses bras en murmurant de douces paroles à ses oreilles, elle replongea dans ses souvenirs pour échapper à son deuil.
Alors que les gazons des jardins bien ordonnés du parc brûlaient sous la chaleur estivale, Oma conduisait la petite Séraphine à l’autre bout du domaine dans un petit bois aux taillis négligés par le jardinier du domaine. Le fouillis du lieu semblait faire une résistance effrontée à l’agencement soigné des haies. Et la fillette croyait alors que ce lieu était une forêt enchantée où les fées se cachaient sous la mousse et l’écorce des arbres. Oma s’amusait à lui raconter des histoires fabuleuses pour entretenir l’imagination de l’enfant. Elle laissait toujours un sachet de biscuits dans le bois « pour le goûter des gnomes et des farfadets ». Elle revenait le chercher le soir, quand Séraphine était couchée, pour lui faire croire que les créatures l’avaient mangé. Séraphine ne fut pas dupe bien longtemps de ces stratagèmes mais elle était reconnaissante envers sa grand-mère de tous les efforts qu’elle faisait pour l’amuser.
Ces moments de bonheur simple n’auront plus jamais lieu : Oma n’était plus là pour les animer. Le cercueil était maintenant au fond du trou. Séraphine avait la vision troublée par les larmes. Les sanglots secouaient brutalement sa poitrine. Elle se sentait si seule, elle perdait tous ceux qui comptaient pour elle. Il ne lui restait que des souvenirs et des noms sur la pierre gravée du tombeau familial. Un frisson la traversa. Il n’y avait plus rien dans sa vie qui fît vibrer son quotidien. Son avenir lui sembla soudain encore plus terne et plus vide. Quelle erreur ! Elle frotta ses paumes sur ses yeux, respira profondément et se laissa bercer par la torpeur qui l’envahissait tandis qu’elle quittait le cimetière.
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