18 - Passion
Le reste de la journée s’était passé de façon tout à fait classique pour le couple atypique. Lorelai s’était mise aux petits soins pour son cher et tendre, s’occupant de lui comme si il s’agissait d’un grand blessé. Heureusement pour Ronan, elle ne l’avait pas attaché au lit pour les prochains jours parce que le médecin lui avait dit de prendre un peu de repos le temps de cicatriser sa blessure à l’épaule. Elle en aurait été capable la connaissant. Mais cela aurait été pour faire les choses biens selon elle.
Allongé sur le grand lit de la chambre, l’humain soupira, jetant un regard au réveil sur la table de chevet non loin de lui. Il était vingt-deux heures passées, et avait l’impression de n’avoir rien fait de la journée. Il attrapa le téléphone posé non loin de ce dernier pour vérifier s’il n’avait pas de message, mais c’était le vide complet. Tant mieux. Il n’aurait pas à s’inquiéter pour rien et pourrait dormir sur ces deux oreilles. Si on le laissait roupiller bien entendu. Ronan n’était pas au mieux de sa forme, mais il avait passé tellement de temps à dormir ces derniers jours qu’il avait du mal à trouver le sommeil. Et quand sa compagne débarqua dans la pièce dans une petite tenue aguicheuse, il sut que ce serait compliqué de s’endormir tout de suite.
Debout à côté du lit, la nu-man poussa un soupir à fendre l’âme.
- Eh bien, on dirait un grand méchant loup qui va manger le petit chaperon rouge innocent.
Le jeune homme la dévorait effectivement du regard, puis, pour appuyer les paroles de sa comparse, posa sa main sur la hanche de cette dernière avant de tâter la chair fraîche. Un énorme sourire apparut sur le visage de Ronan, et il ne put s’empêcher de lui donner un air carnassier.
- Si tu n’y vois pas d’inconvénients Lore… Le grand méchant loup va effectivement te manger toute crue.
Pour toute réponse, cette dernière lui lança un regard explicite qui voulait dire sans aucun doute : « essayes si tu l’ose ». Une fois qu’il fut certain d’avoir son accord, même si elle n’en avait soufflé mot, l’humain l’invita dans le lit d’un geste brusque. Cette dernière se retrouva à quatre pattes au-dessus du prédateur, lui laissant une magnifique vue sur son arrière train. Elle sentait ses mains chaudes glisser sur elle, exploratrices des monts et vallées de son anatomie. Sans crier gare, le contact s’établit entres leurs lèvres. Le souffle chaud sur ses chairs humides et son muscle agile finissait de la liquéfier au sens propre. Il semblait se régaler, sirotant sans modération ce cocktail unique. Tant et si bien que l'aventureux serpent s’enfonçait au-delà des berges, cherchant la source du nectar. Dévorant sagement tout ce qu’elle avait à offrir, il gigotait, comme les prémices d’une invasion de plus grand ampleur. L’invasion d’un plus gros reptile cracheur de feu.
Aussi sec, Ronan se retira, cherchant ailleurs, comme feignant de n’avoir pas trouvé. Cette pause, instant de répit aussi frustrant qu’attendu, lui permis de reprendre son souffle. La nu-man put respirer certes, mais elle frissonnait toujours. L’humain était partout sauf là où son plaisir aurait voulu, s'amusant à faire monter la pression, cherchant à la faire exploser. Revenant et allant encore, il répétait le manège. Encore et encore… Elle avait la tête qui tournait, oubliait qui elle était, ce qu’elle pensait d’elle-même. Elle n’était que soupire, râle et plaisir. Pendant une accalmie, elle jeta un œil sous elle. À quelques centimètres de son visage, juste sous ses yeux, sa lame brandie sans animosité lui donnait envie de jouer à l'avaleuse de sabres. Elle se retint, elle voulait le laisser faire, qu’il profite de la vue avec un maximum de lucidité, qu’il reste maître des opérations. De toute façon, elle inverserait les rôles bien assez tôt.
Lorelai le savait, s’y attendait mais fût tout de même surprise. Il revenait à la charge, usant de ces outils si perfectionné par le temps et l’évolution: ses doigts. Ronan occupait le terrain, cherchant à tâtons comment lui faire plaisir. S'appropriant les lieux, il semblait chercher comment lui faire pousser les plus grands cris. Si c’était si simple, ce ne serait pas drôle. Après un temps qu’elle ne voulait pas trop long, car elle avait d’autres idées en tête, elle ne voulait pas finir ici ce voyage. Elle voulait qu’ils le finissent avec autant d’implication l’un que l’autre.
- Pas si vite !
Elle avait presque crié en reprenant son souffle maintenant qu’il avait arrêté ses investigations digitales. Devant le regard inquiet de son amant, elle ajouta pour le rassurer :
- C’était très bien… Mais, je voudrais qu’on finisse autrement.
Et ce qu’elle attendait depuis un moment, Lorelai le provoqua brutalement. D’une main experte, elle guida l’épée devant son fourreau et avec délice s’empala profondément, avec un long râle impossible à retenir. Elle commença à se déhancher pour arracher à sa monture des gémissements. La nu-man n'eût pas à patienter bien longtemps pour entendre les premiers d’une longue série qui s’étendrait tout le long de sa chevauchée. Il n’avait pas une grand marge de manœuvre, tout ce qu'il pouvait faire c’est profiter de la vue et tâter les fruits qui s’offraient à lui. Et atteindre doucement, mais sûrement l’apogée de cette fusion charnelle.
Ronan ne put s’empêcher de pousser plusieurs soupirs de plaisir lorsqu’elle commença sa chevauchée sur sa fidèle monture. L’une des rares choses qu’il pouvait faire était de l’observer d’en bas, ce qu’il fit avec envie. Ses doigts jouaient le long de ses courbes, les frôlant avec tendresse. Il voulait visiter les monts qu’elle lui proposait et qui se trouvaient face à lui, mais chemin faisant, il décida de faire machine arrière. Il y avait d’autres montagnes à explorer… Et elles étaient toutes proches. Ses mains brûlantes arrivèrent à bon port, s’arrêtant sur son arrière train, saisissant fermement les brioches moelleuses. L’humain, une fois le moment de surprise et découverte passé, remuait le bassin en rythme. Il essayait de suivre celui que lui imposait la jeune femme, qui s’empalait de façon franche et directe sur son canon qui menaçait de tirer à chaque instant tant le plaisir qu’il prenait était intense.
Ils étaient tous les deux détendus, entièrement plongés dans leur étreinte érotique. Seul le son de leurs soupirs et gémissements résonnaient dans la chambre, douce musique qui se faisait entendre. Et la mélodie se tue lorsque Lorelai se pencha sur son partenaire pour l’embrasser à nouveau, mêlant sa langue à la sienne. Les mains de l’homme quittèrent les rondeurs moelleuses pour se positionner au milieu du dos de la jeune femme, l’emprisonnant dans cette étreinte sans lui laisser le choix. Leurs lèvres sont soudées, les baisers sont doux. Délicieux. Sucrés. Et loin de la déstabiliser, elle continuait à faire glisser l’arme dans son étroit fourreau. Elle accélérait peu à peu la cadence, pour finalement entrer dans une danse frénétique. Ronan n’en pouvait plus, et il avait de plus en plus de mal à se retenir. S’il le pouvait, il hurlerait à l’agonie. Mais il se contentait de laisser échapper de nombreux grognements. Cela était mieux pour le reste du voisinage.
Les mains tremblantes de l’homme ne pouvaient retenir plus longtemps la prisonnière. Et lorsque Lorelai se cambra vers l’arrière, mettant fin à leur baiser, il n’avait pas pu la garder contre lui, se contenant de promener ses mains sur ses hanches. Cette dernière ondulait du bassin avec force, essoufflée. Elle gémissait de plus en plus bruyamment. Les yeux mi-clos, elle ne le regardait plus, perdue dans un océan de délices charnels dont Ronan ne soupçonnait même pas l’existence. Il accompagnait sa partenaire, en continuant de pousser quelques grognements, sachant qu’il ne pourrait rien faire dans quelques instants, qu’il ne pourrait rien faire pour arrêter son canon qui menaçait de tirer une dernière salve à tout moment. Pour l’instant, il l’admirait à l’œuvre, prêt à se laisser aller, à la rejoindre dès que l’occasion se présenterait, priant pour ne pas s’abandonner avant elle.
Lorelai avait le dessus, entièrement la main mise sur le rythme et l’amplitude. Majestueuse dans son assise, elle restait par moments avec son amant, presque sans bouger. Presque, car par de tout petit mouvements, infimes, juste peine quelques millimètres, elle le sentait réagir. Son membre à l’agonie, autonome et pris de folie, frappait de la tête la muraille intérieure. Et elle reprenait les longs déplacements, à un cheveu de l’expulser. Encore et encore. Elle avait le dessus, mais elle perdait la notion du temps et elle commençait à se perdre, noyée dans le plaisir qu’elle lui apportait.
La nu-man l'embrassa, voulant goûter ses lèvres et le faire gémir de plaisir, se souder à lui à ce niveau aussi, mais sans prévenir, totalement surprise alors qu’elle cherchait à reprendre contenance pour mieux le guider sur cette rivière tortueuse de bonheur, il l’attrapa à nouveau contre elle. Elle qui se noyait déjà se voyait mise à nouveau la tête sous l’eau, leurs lèvres humides jointes pour de brûlants baisers sous sa houlette. Maintenant torse contre torse et remise de la surprise, elle avait toute la latitude pour s’insérer, sur toute la longueur. Et elle ne se priva pas. Contre lui, prisonnière de ses mains, elle pouvait se laisser faire mais elle voulait l’emmener jusqu’au bout. Préparant le terrain au final de ce concerto, elle se releva. Lorelai lui arracha un cri à l’accueil profondément chaleureux que lui accordait son intérieur. La main sur son propre instrument, fait d’une seule corde qu’elle frottait d’un doigt, elle s'apprêtait à chanter en coeur la même chanson. Il n’était pas loin du bout de sa partition mais elle non plus.
Accélérant le tempo, sa main libre s’appuyant sur le torse de son partenaire, elle gémissait. La mélodie qui se jouait en stéréo, accaparait tous ses sens, toute son attention, tout ce qu’elle était. Un véritable trou noir émotionnelle qui ne laissait sur place que le plaisir. Elle voyait venir les derniers accords, les entendait approcher avec chaque fibre de son corps. S’accordant avec son amant, elle grattait plus vite. Ses muscles se contractaient involontairement, tout comme sa main qui frénétiquement s'affairait à achever sa partition, ses dernières notes. Et dans une explosion d’étoiles, elle l’emporta avec elle, prise des plus douces convulsions qui soient. Ils crièrent ensemble, parvenus au terme de ce dernier mouvement en parfaite synchronisation. Elle s’écroula sur lui, toujours intimement liés l’un à l’autre et triste à l’idée de se séparer. Exténuée contre lui, toujours nue comme un vers, après de longues minutes à reprendre leurs souffles et sous les câlins qu’ils se prodiguaient, elle s'endormit.... Ronan avait eu l’impression que la scène qui venait de se produire n’avait duré qu’un infime instant. Que c’était un rêve. Qu’il allait se réveiller. Qu’il serait dans la chambre de l’hôpital. Seul dans son lit. Reprenant son souffle petit à petit, caressant les cheveux de celle avec qui il venait de partager un moment inoubliable, il la regarda s’endormir.
Plus tard dans la nuit, Ronan avait ouvert la fenêtre de la chambre. Il s’y accouda confortablement et leva la tête vers le ciel rempli d'étoiles. Il ne connaissait pas leurs noms, et si elles formaient des constellations, alors il n’en savait rien. Pas que ça ne l'intéressait pas, mais il n’avait jamais pris le temps de se poser ce genre de questions. Il se demandait pourquoi il continuait à bosser pour le gouvernement. Cela ne le dérangeait pas de risquer sa vie. C’est ce qu’il pensait avant. Ronan tourna la tête vers le lit. Lorelai dormait toujours. Avec la nu-man à ses côtés, il avait, d’une certaine manière, appris à vivre à nouveau. Elle était son moteur, lui offrant une joie de vivre qu’il n’avait pas ressenti depuis des années. C’est pour elle qu’il continuait. Et c'était aussi pour elle qu’il avait peur. Il avait peur de mourir lors d’une de ses dangereuses missions et de la laisser seule. Et il avait peur qu'elle ne soit blessée par sa faute, car il la laissait l’accompagner.
Son regard fixait la jeune femme endormie. Elle remua faiblement mais ne se réveilla pas. Est-ce qu’elle était en proie à son cauchemar récurrent ? Il ne savait pas. Il n’avait aucun moyen de le savoir. La seule chose dont il était sûr et certain, c’est qu’il s'était attaché à elle. Il l’aimait. Il la voulait à ses côtés. Même si la société actuelle n’acceptait pas cette union contre nature. Il s’en fichait. Lui, Ronan Laguna, humain, voulait passer sa vie avec une nu-man pour seule et unique compagne.
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