Caféine
Il m'a attrapée par le bras et jetée dans le van. Sans réfléchir, j'ai démarré et j'ai pris la première à droite, il faut sortir de cette ville et fissa.
On ne se parle pas. On ne se regarde pas.
Il m'a captée. Maintenant, j'en suis sûre. Ma priorité, c'est d'appeler mon contact à l'Agence pour gagner un peu de temps.
On est enfin sorti de LV, il m'a donné une direction, je ne cherche pas à comprendre, je la suis. Au premier café en bord de route, je stoppe. Je prends les clés, aucune envie qu'il me plante là et j'entre. Direction, les toilettes. Vite fait, j'envoie un message :
"La cible a compris.
Je monte un autre plan.
Rassure le client.
Le boulot sera fait."
Je prends deux cafés en passant, toujours cette saloperie de truc imbuvable.
Il est devant le van, il va falloir que l'on se parle. Il n'y aura jamais de bon moment de toutes façons.
En lui tendant son gobelet, je lui dis :
- Hey Marsh, c'était quoi ce bordel devant le Bellagio ?
Je le vois bouillir, même la lavasse qu'on est en train de boire n'a pas été traitée comme ça.
- Et toi, tu peux me dire pourquoi t'as un calibre dans ton sac ? Tu veux me faire la peau ?
- OK, je vais jouer franc jeu avec toi et te dire la vérité. On est embarqué dans la même galère tous les deux et si on veut s'en sortir, va pas falloir se faire d'entourloupes. Oui, j'ai un pétard et oui, c'était pour te tuer. Il y a un contrat sur toi. Et je devais m'en charger. Quelqu'un ne t'aime pas, je te le promets ! Vu ce qu'il voulait qu'on te fasse, tu n'as pas dû lui prodiguer que des gentillesses.
- Je ne comprends rien à ce que tu me dis. Vas-y, explique-moi.
- C'est simple, on devait t'emmener au pays du Père Noël, te foutre plein de cadeaux sous le sapin, tous à ton nom, et toi, t'avais le droit de les ouvrir. Tous. Et quand tu aurais réalisé que tu avais gagné au Loto, au Quinté et au Bingo, que tu étais sur une étoile et qu'en plus, tu avais trouvé un ange, Bam, je te flingue. Mais je ne te tue pas en loucedé, non, je te laisse prendre conscience que tu avais tout... Et je te regarde comprendre que de tout, tu vas passer à rien. Je filme cet instant et je l'envoie au client.
- Mais c'est sadique ton truc ! Putain, j'en reviens pas...Tu sais qui c'est ?
- Non, je ne connais jamais le nom des commanditaires.
Il est sonné. D'un coup, il se barre. Mais, où il va ? En un instant, il a disparu dans les rues de la petite ville.
Merde, merde, merde. C'était pas prévu, ça.
Je rentre dans la bestiole, il faut que je réfléchisse pour ne pas faire n'importe quoi.
J'entends des pas, il arrive en courant, un gros carton dans les bras.
- Déjà qu'on est prêt à me dessouder, hors de question de boire en plus cette saloperie.
Il ouvre le carton, à l'intérieur, une cafetière italienne dernier cri.
Ce Marsh est définitivement étonnant.
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