L'effet papillon
Le 24 mai 2021, un tout petit papillon, noir auréolé d’orange, qu’on appelait Vulcain ou Vanessa Atalanta seulement son humeur et le genre qu’on lui attribuait, volait au milieu du parc. Il claquait l’air fièrement de ses ailes de papier et semblait déterminé à réussir sa journée. En passant devant une guêpe endormie, il accéléra ses battements, voltigeant autour de son dard. Son manège ne plut pas du tout à l’insecte qui s’enfuit à toute vitesse.
La guêpe décida de déjeuner pour se remettre de ses émotions. Un pique-nique à l’ombre d’un frêne attira son attention. Elle fit vrombir ses ailes et ne mit pas longtemps à se déposer sur une salade de riz. Aussitôt repérée, une main la chassa prestement pour préserver son repas. Elle n’était pas du genre à se laisser faire et remonta le bras jusqu’à trouver le visage du criminel. Elle s’engouffra dans sa bouche étirée par un rire démoniaque et vint piquer la pulpeuse muqueuse de sa gorge.
L’homme était allergique. Très allergique. Les secours ne purent rien faire pour le sauver et leur sirène se transforma en chant funèbre. Cet homme était président, président d’un pays qui se trouvait désormais sans chef. Pas d’inquiétude, on manque rarement de prétendants pour ces fonctions-là. Le gouvernement commença les préparatifs pour de nouvelles élections mais fut devancé par le frère du président et son coup d’État.
Ce jeune frère avait toujours détesté le pays voisin. Il ne tarda pas à se dégoter l’arme nucléaire pour riposter à la moindre provocation. Alors quand des accusations d’espionnage furent révélées par ses services secrets, il n’hésita pas une seconde et lâcha la bombe.
Le papillon était fier. Son plan avait fonctionné : il était enfin débarrassé de ces fichus oiseaux migrateurs qui débarquaient tous les ans chez lui.
Annotations
Versions