Fondue
Je sens mes pores vibrer avec la chaleur. Ma peau est à la fois asséchée par la température et inondée de sueur. Mon crâne peine à contenir les battements d’une cervelle affolée par les signaux que lui envoie mon corps. Même respirer devient difficile : qui voudrait avaler de l’air chaud ? Ma gorge est rugueuse comme du papier de verre et chaque goutte de salive qui la traverse me rappelle à quel point j’ai soif. Je pourrais boire, vider ma gourde mais que me resterait-il alors ?
Mes muscles me font mal, mes os sont lourds, tout mon corps se rapproche du sol, de la terre brulante. J’esquisse quelques pas mais, très vite, l’énergie me manque. Mes mains s’accrochent à l’écorce d’un arbre, s’enfoncent dans sa chair et je me repose sur son tronc. Il étouffe lui aussi, il veut que ça s’arrête.
Je dois partir. Trouver un moyen d’échapper à ce fournil. Je regarde autour de moi mais je ne vois pas. C’est la faute de la transpiration qui recouvre mes cils, de mon cerveau embrumé : je ne sais même pas. Le paysage tremble devant mes yeux ; peut-être est-ce lui qui ondule sous la chaleur. Je repense à tout ce qui m’a mené ici, à tout ce qui m’attendait : c’est bête que ça s’arrête ainsi. Je renonce et me laisse glisser jusqu’aux racines, les yeux fermés.
Si seulement j’avais pris ma casquette...
Annotations
Versions