7. Larmes d'enfant
- Euh...Levy...tu vas bien ? demanda Kem à sa maîtresse.
Levy avait du mal à percevoir ce qui l'entourait son esprit n'était plus qu'une feuille de brouillon sur laquelle un enfant aurait gribouillé.La seule chose qu'elle put sentir c'était la douleur fulgurante qui lui fendait le visage en deux, douleur causée par la tourelle de cristal transparent qui se tenait devant elle.
Elle se mit un peu à paniquer lorsqu'elle vit la fissure qui s'étendait de plus en plus sur la fine colonne, laissant couler de fines gouttelettes d'eau le long de sa façade lisse et cristalline. La jeune fille avait percuté et fissuré un Canal miniature. Son Mirage lui adressa une mine affolée ; sa maîtresse avait casser une création de No Humano et avec tout les Yeux qui observait les alentours elle ne passerait sûrement pas le carrefour et la jeune fille n'avait pas du tout envie d'avoir un procès pour avoir privé tout un quartier d'eau courante.
Levy se pressa de sortir son crayon tandis que Kem empêchait les morceaux de tomber, la jeune fille s'approcha du canal et écrivit une phrase sur les morceaux de cristal brisés.
" Renoues les liens du passé, brisés par le présent, privés de futur."
Les morçeaux de cristal de figèrent, Kem les lâcha et ils se lièrent les uns aux autres, des filaments transparents serpentants dans tout les sens.
Levy observa les cristaux minuscules qui s'assemblaient pour n'en former qu'un seul et unique.
Elle repensa à ce jour où elle avait décidé de se disperser, elle était comme ces bris de cristal, dispersée, transparente, dotée d'une surface lisse mais si l'on faisait glisser ses doigts vers le côté on rencontrait des bords tranchants et hostiles. Levy était comme ces bris, fins, délicats mais tranchants, mais contrairement à eux, une formule n'arriverait jamais à rassembler tout les morceaux d'elle même, surtout qu'elle même ignorait où elle les avait dissimulé.
Maintenant qu'elle y pensait, elle avait dissimulé beaucoup de chose, des gâteaux préparés par Doug le cuisinier, des livres un peu trop adultes pour elle, des bonbons subtilisés à son grand-frère, elle les cachait sous la trappe aménagée sous le plancher de sa garde-robe, ou encore dans une poignée de porte creuse, elle était douée pour cacher les choses, mais elle n'avait jamais pu retrouver la cachette où elle avait mit son cœur.
La jeune fille ne s'attarda pas plus longtemps sur le sujet qui lui trottait dans la tête et elle partit accompagnée de Kem, à quoi bon se casser la tête, elle allait bien trouver la cachette un jour où l'autre.
Sherry Baskerville n'était pas très raffinée malgré son appartenance à la noblesse mais il y avait un art noble auquel elle triomphait de tous : les échecs, elle était très douée à ce jeu et prenait un malin plaisir de vaincre son mari.
Mais aujourd'hui elle ne prit aucun plaisir à la le battre, elle ne voulait qu'une chose...quitter ce manoir avant qu'il ne soit trop tard. Elle se leva et prit le couloir principal menant à la grande porte, elle avait peur, tous ses sens étaient en alerte, des perles de sueur coulait le long de sa nuque, elle essaya de se calmer mais n'y parvint point. Un bruit...des voix...la porte se refermait. C'était trop tard. Elle était prise au piège.
Elle fit rapidement demi-tour, son esprit refusait d'admettre ce qui allait ce passer, elle entra dans sa chambre haletante et ferma sa porte à double tour. Elle se tut, rien, aucun son ne devait franchir ses lèvres.
Elle se figea, l'ombre passa devant sa porte. Elle s'arrêta. Elle déverrouilla la porte d'hêtre, sans que la duchesse ne put comprendre comment.
Levira eut le plus grand mal à trouver sa mère, celle-ci s'était volatilisée et sans en savoir la raison, une sensation de malaise emplissait le manoir : les domestiques se pressaient courant dans tout les sens, leurs Mirages n'étaient plus visibles ou quand bien même ils étaient tant soit peu visibles, ils n'étaient plus que des silhouettes floues mouvantes comme de la fumée.
Le personnel n'était pas tranquille et ça, la jeune duchesse pouvait le sentir sous sa robe bleue.
Levy s'inquiétait au fur et à mesure que les heures passaient : Sherry Baskerville était introuvable, elle tourna, cherchant la porte de la chambre de ses parents, où elle trouva son père, la mine décomposée.
Kem ralentit l'allure et se métamorphosa en chaton avant de se blottir dans les bras de sa maîtresse. Levira sentit une boule apparaître dans le creux de sa gorge, elle s'approcha doucement, Vincent Baskerville leva légèrement la tête et aperçut sa fille, ses yeux rouges profonds demandant des réponses.
- Papa, tu n'as pas bonne mine, il s'est passé quelque chose ? demanda Levira.
- Levira...je crains que ta mère...n'en ai plus pour très longtemps.
Levira sursauta, elle sentit le sol se dérober sous ses pieds, elle ne comprenait pas ce qui se passait.
Lord Baskerville lui tendit la main et l'attira contre la fenêtre, à travers le cristal finement sculpté elle distingua une forme indistincte, floue, son père appuya sur le verre et sa surface en relief s'aplanit, cette Liqueur cristalline, était l'œuvre des Fluves, ces maîtres des eaux gouvernaient et modelaient les fluides comme personnes.
Enfin après que la fenêtre eut fini d'onduler telle une rivière, la jeune Baskerville vit un fiacre doré, elle cru que son cœur allait lâcher.
Elle voulut faire demi-tour mais trop tard la porte s'ouvrit.
- Levira Kathleen Baskerville ! Où diantre étais-tu passée ?!!
Dans une ribambelle de plumes argentées et de soie dorée, une femme en éventail apparut sur le seuil de la porte, ses longs cheveux dorés bouclés telle une poupée, ses grands yeux d'émeraudes, ses longs traits noirs tracés au crayon partaient du coin de son œil droit pour danser sur sa tempe droite, s'enlaçant, tournoyant, dessinant des fleurs et des oiseaux miniatures au gré de son humeur : aujourd'hui ses Tatouages traîtres dessinaient un dragon.
Levira se retourna et chercha à fuir dans une direction.
Pardonne moi Maman !
Au moment même où elle tourna les talons elle vit l'énorme tigre blanc de la femme qui bloquait la sortie, écrasant Sherlock de sa patte, le pauvre Mirage phœnix de son père. La femme s'approcha d'elle et finit par lui prendre le visage entre ses deux mains gantées, depuis sa plus petite enfance Levira avait toujours eu une peur bleue de cette femme et de ses traits qui ondulaient sur son visage.
Levira comprit alors le sens des mots de son père et se maudit de n'être pas restée un peu plus longtemps chez son parrain, quitte à se briser la matière grise à résoudre le mystère de la fillette qui la tracassait depuis la veille.
La femme plissa ses yeux perçants sur le visage de la jeune duchesse et finit par lâcher :
- Vous ne vous êtes pas hydraté la peau ce matin !
Levira attendait cette phrase depuis les longues secondes depuis sa rencontre avec la femme d'argent et de soie.
- Mme Éléonore...quelle surprise de vous voir ici...
Levira avait prononcé ces mots avec hésitation, évidemment il aurait été surprenant que les premiers mots de la marquise Éléonore Bridgestone ne fussent pas sur le manque de soin de la jeune fille envers son visage. Le tigre blanc revint vers sa maîtresse avant de se changer en lion, ce n'était pas pour rien que ces créatures portaient le nom de Mirage Narcissique.
La marquise ne semblait pas sur le point de se calmer et ne se fit pas prier pour le faire remarquer à son "otage" :
- Il n'y a point de Mme Éléonore qui tienne, jeune fille, puis-je savoir où avez-vous passé vos heures si oisives au point que même Renold ne puisse vous trouver !
Renold c'était le nom de sa charmante créature à crinière flamboyante.
- Je suis allez me promener en ville, répondit la jeune fille. Vous pouvez demander à Lord Landeila, je suis passée par chez lui juste avant.
La femme fronça ses sourcils, enfin si l'on pouvait parler de sourcils car à part les cheveux la marquise n'avait aucun poils sur le corps, ses Tatouages traîtres dessinaient eux-même ses sourcils qui ressemblaient plus à des partitions musicales en arc qu'à des traits duveteux.
Levira se rendit compte de son erreur un peu trop tard se souvenant des règles qu'elle avait écrites dans son journal reçu lors de ses neuf ans.
Règle n°1 : ne jamais dire le nom de Landeila devant Lady Éléonore.
- ET PUIS-JE SAVOIR POUR QUEL RAISON AVEZ-VOUS NÉGLIGÉ VOTRE MARRAINE POUR CE RUSTRE !
En effet la marquise n'avait jamais porté le parrain de Levira dans son cœur, pas depuis qu'il avait disparu avant de revenir subitement comme une fleur, cette haine avait piqué la curiosité de Levira mais personne ne lui expliqué quelle en était la cause.
Éléonore Bridgestone, marquise et épouse du marquis Jorg Bridgestone et sœur benjamine de Vincent Baskerville.
Pour la femme qu'elle était il ne fut pas une seule journée où elle ne ressemblait pas à une bijouterie ambulante : ses énormes boucles d'oreilles faîtes de diamant ainsi que ses bagues d'émeraude et de rubis qui se dressaient sur ses mains si fines et précises ne passaient pas inaperçues, ses robes argentées, soyeuses étaient non moins éblouissantes que son visage.
Ses Tatouages traîtres sur la droite de son visage lui donnaient un air aussi majestueux que déconcertant, ses cheveux doré faisait penser à une véritable poupée mais son caractère n'était pas très flatteur. La marquise était une véritable tête brûlée et était sévère sur l'éducation des jeunes filles et sa filleule ne faisait pas exception à la règle, surtout sa filleule.
Règle n°2 : se soigner le visage pendant au moins une heure lors d'une visite de Lady Éléonore
Levira avait oublié la visite de sa marraine et n'avait donc pas fait sa séance "maquillage parfait".
Et sa mère dans tout cela, cette pensée envahit l'esprit de Levira et elle se précipita dans la bibliothèque au fond du corridor. Trop tard. Sa mère était étendue sur la petite table ronde au milieu de recueils de poèmes, sa marraine était passé à l'acte et ça allait être son tour. Alors qu'elle pensait justement à elle, la marquise entra et fixa sa filleule de ses petits yeux verts.
Je vous en supplie pas ça, pensa Levira
- Bien Levira, maintenant que nous sommes toutes réunis passons au choses sérieuse, je te signale que nous avons un programme très chargé.
Par pitié faîtes qu'elle ne me pose pas la question...
- Dîtes moi ma chère Levira...avez-vous lu un de mes recueils ?
Et voilà elle l'a demandé !
- Oui bien sûr ! mentit la jeune fille aimablement.
Éléonore Bridgestone fronça ses sourcils, ils étaient si fins, si bien tracés. Son Tatouage traître en forme de dragon cracha du feu.
- Comment osez-vous mentir jeune fille ?!! s'écria la marquise.
Levira maudit intérieurement les lignes sur le visage de sa marraine, elles portaient bien leur nom, ces maudits tatouages trahissaient non seulement les émotions de ses propriétaire mais en plus ils trahissaient aussi celles des autres. Aussitôt la règle n°3 lui revint en tête.
Règle n°3 : ne jamais mentir cela ne servirait à rien.
Levira se souvenait de toute les fois où elle avait tenté de lui mentir, la plupart du temps elle avait échoué lamentablement mais il y avait quelques fois où elle parvenait à maîtriser ses émotions, des moments où elle réussissait à tromper les Tatouages. Mais si elle parvenait à déjouer les dessins mouvants il lui était impossible de tromper l'instinct de la marquise.
Elle devait se l'avouer, sa marraine était un véritable détecteur de mensonges vivants.
- Il me semble te l'avoir déjà répété des centaines et des centaines de fois jeune fille, commença Lady Éléonore, la poésie est l'art surpassant la peinture ou même la voix, la littérature est ce qui permet de distinguer un gentleman d'un rustre, c'est l'art même des Grands Esprits.
Kem soupira, elle était encore partie dans son grands discours sur la poésie. Sa maîtresse quant à elle essayait de se justifier auprès de sa marraine qui pour toute réponse lui fit de longue tirades tirées de ses poèmes favoris.
Aussi après maintes et maintes explications, Lady Éléonore fit assoir sa filleule et nièce sur l'un des petits fauteuils devant la petite table ronde à coté de sa mère que Levira s'empressa de réveiller : si il y avait bien une chose qu'elle ne voulait pas, c'était bien de devoir subir cette assemblée poétique toute seule. Peu importait si Lady Baskerville devait supporter toutes les œuvres littéraires de la bibliothèque une seconde fois. Ce geste se nommait "égoïsme" mais Levira n'y accordait aucune importance.
Tous les mois, Lady Bridgestone venait au manoir Baskerville et réunissait Levira et Lady Sherry, avec qui elle passait l'après-midi à lire des poèmes et à les commenter.
Levira lisait mais au grand désespoir de sa marraine elle tournait le dos au grands artistes, aux fantasmes des rimes et des allitérations, à la beauté des allégories, préférant se promener sur le ponts des navires corsaires, soupirer d'exaspération devant l'indécision des amants face à leur bien-aimée, danser sur les mélodies des contes de fées. Levira était comme ça elle n'aimait pas la poésie, elle aimait l'air frais de l'aventure et les frissons de l'horreur.
Lady Éléonore faisait lire des poèmes à ses deux élèves avec une passion presque ridicule, aucune fautes de prononciation ne lui échappait, elle ne manquait pas une seule occasion de les reprendre sur le ton de leur prestation après quoi elle prenait un livre parmi les dizaines qui se trouvait sur la table. Elle l'ouvrait à une page aléatoire et elle lisait.
Sa grâce, ses mouvement fluides aurait fait fondre n'importe qui, mais il fut évident qu'après des jours et des jours passés à étudier l'art de la poésie bien qu'elles ne furent pas intéressées, la mère et la fille Baskerville ne fondaient jamais devant ces qualités.
Levira était particulièrement maladroite ce jour-là, elle ne savait pas si c'était là les effets de sa rencontre avec le vieil homme mais la conclusion dont elle était certaine c'est que si elle ne faisait pas bonne impression auprès de sa marraine elle allait rester dans cette bibliothèque pendant le reste de la soirée.
Elle choisit un recueil de Wilhem Lumios et se mit à apprendre le premier poème.
Le poète était également un dramaturge ou plutôt "le" dramaturge du Pays Perché. Il avait fait rêver des centaines de femmes, cet homme que l'on disait aussi beau qu'une statue de marbre était aussi un grand protecteur d'Ymir. Il défendait la surface de son monde dans de multiple poèmes et pièces de théâtre et il vouait une haine indescriptible envers les Chapardeurs qui souillaient et martyrisaient Ymir, pauvre martyre qui souffrait jours et nuits mais gardait le sourire. Mais en plus Lumios était un Ange, membre de l'Église de l'Unique, une religion peu répandue à Crya et qui pronait l'existence d'une entité divine unique. Levira se souvint que le poète avait dû demandé le soutien de son père suite à un différend avec son culte, Lumios affirmait que la divinité était liée à Ymir alors que le culte refusait de reconnaître une terre de monstres comme création de leur dieu. Finalement le jeune dramaturge avait tourné le dos aux Baskerville après une altercation théologique avec Lady Sherry.
"Si les monstres d'Ymir ont quoique ce soit en lien avec Dieu, c'est son échec et sa faiblesse" avait-elle dit.
Lady Sherry n'avait jamais honoré aucun Dieu et lorsque Levira lui avait demandé la raison de ses dures paroles, celle-ci lui avait répondu que l'existence de ses ignobles créatures étaient un échec. Que jamais un vrai dieu n'aurait créé de tels êtres.
Levira sentit une aiguille lui traverser la poitrine alors qu'elle tournait frénétiquement les pages du recueil, elle se souvint de la maison bourgeoise, des escaliers interminables, de la lueur avide dans les yeux de son clients. Elle trouva enfin sa page.
L'après-midi se déroula sans grande encombre, Lady Éléonore lisait des poèmes à voix hautes telle une diva, Levira et sa mère essayait tant bien que mal de suivre le rythme de leur professeure.
Elle ne se risquèrent pas à le dire à voix haute mais le départ de Mme Bridgestone leur faisait le même effet qu'un cocktail en pleine canicule.
Kem attendait encore sagement sur la petite table. Il ne comprit pas le sens de l'attention de sa maîtresse pour le recueil. Alors qu'il s'apprêtait à se rendre dans sa chambre pour dormir tel le chat qu'il était devenu, il fut surpris d'entendre la porte de la bibliothèque s'ouvrir. Sa surprise fut encore plus grande lorsqu'il vit qui venait d'y entrer : sa maîtresse n'en avait visiblement pas assez de cette salle de torture.
Kem ne pouvant cacher sa surprise fut le premier à prendre la parole :
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je m'instruis, répondit la jeune duchesse.
- Tu n'en a donc pas assez ?
- Non.
- Ça y est elle a attraper la Éléonorostryte aiguë !
- Je viens juste tuer le temps en essayant de résoudre un casse-tête mon cher Mirage, dit-elle avec non sans une certaine ironie.
- Quel casse-tête ?
- Celui de mon client un peu siphonné.
- Ah parce que t'as compris quelque chose à son charabia ?
- Et on peut remercier cette chère Bridgestone.
Kem n'y comprenait plus rien. Qu'est ce que la marraine de Levy venait faire dans cette histoire ? En quoi avait-elle aidé à la résolution de l'énigme ?
Levy ne se fit pas attendre elle prit le recueil et l'ouvrit à la page qu'elle avait lu au moins une bonne dizaine de fois, Kem se pencha et se mit à lire le poème en question.
Pardon
Souffrances qui te brisent et te déchirent
Détruisent tes êtres qui ne passent Euphios sans te chérir
Torrents de larmes d'enfants
Crevasses saignantes
Hurlements fuyants par le vent
Tours tombantes transites de terreur
Lumière larmoyante
Comme une erreur
Ymir pourtant si aimante
Pardonne à tes enfants
Rejetés depuis les abysses du temps
Pour être châtiés par leurs cadets
Ymir pardonnes nous
Pardonnes nous source de tout les maux
Source que même Vega ne pourra assécher
Wilhem Lumios
Kem connaissait ce poème, Levira lui avait lut ce poème des centaines de fois dans sa toute petite enfance, elle n'avait guère de passion pour la poésie mais ce poème avait été comme une lumière. Ces tours qui tombent, qui se brisent. Ces fleuves qui débordaient et fracassaient le sol. Ces créatures censées êtres ses cadets et qui infligeaient le châtiment aux hommes.
Qu'était Ymir ? Une terre douée de sentiments ? Ou bien une personne ?
Ces question étaient beaucoup trop complexe pour un enfants de cinq ans.
Mais Levy détestait l'absence de réponses, ce poème qui insultait les Chapardeur, les bourreaux d'Ymir, était la clé qui avait ouvert les portes de sa vocation à Levira, ce poème l'avait poussé à prendre son envol, à devenir Chapardeuse.
- Pourquoi ce poème là ?
Levira adressa un regard en coin à son Mirage, puis elle déclara :
- Tu as bien vu le regard de Helgrimm ?
- Oui ça aurait été dur, très dur de le louper.
- Et bien son regard me dit que cette fillette n'est pas seulement à l'origine du cri d'hier.
Kem la regarda.
- Il me faisait penser à ces hommes qui veulent devenir les maîtres du monde, si elle a tellement d'importance à ses yeux c'est sûrement parce qu'elle a un pouvoir...un pouvoir surpassant le sien, un pouvoir surpassant les No Humano...et quelque chose me dit qu'elle est liée à Ymir d'une façon beaucoup profonde et complexe qu'il n'a bien voulu nous dire. Sinon pourquoi m'aurait-il gentiment demander de me mêler de mes affaires ?
Kem était perdu mais quand il prenait la réflexion dans le même sens que sa maîtresse cela tombait sous le sens. Mais il ne comprenait pas la présence du poème fétiche de Levira sur la table.
- Quel est le rapport avec le poème ?
- Ces "larmes d'enfants"...rien ne te vient à l'esprit ?
Kem écarquilla ses yeux de chat, sa maîtresse était sûrement devenu folle, une gamine vivant sur Ymir c'était déjà assez poussé mais alors ça...c'était simplement impossible.
- Tu ne vas tout de même pas me dire que ces torrents qui inondent tout sur leur passage décrit dans le texte seraient des...des larmes de cette soi-disant fillette.
- Ce poème date d'il y a vingt ans, et peux tu me dire ce qu'il y a eu il y a vingt ans...
Des inondations, deux fleuves avaient débordés et provoqué l'effondrement de plusieurs tours soutenant le pays provoquant la disparition de toute la région de Ktuney.
- Ce n'est qu'une représentation faîte par un dramaturge, ce n'est en aucun cas la réalité ! C'est tout simplement impossible, rétorqua Kem.
- Tu oublies que le simple souffle d'un Elfe peut provoquer une tempête et que les Fées vivent dans une brume perpétuelle et enchantée.
- Personne n'a jamais vu de réelles Fées ! Ce ne sont que des fables de Grashka parce que la pointe de leur pays est toujours embrumée.
- Et que personne n'en est jamais revenu...
- Oh je t'en prie Levy !
Mais il savait que toutes ses tentatives pour la raisonner étaient vaines, sa maîtresse était beaucoup trop têtue pour entendre raison.
À force d'avoir de bonnes déductions elle avait fini par devenir arrogante.
Pourquoi s'entêter pour une simple allégorie ? Les dramaturges avaient une grande imagination mais il ne fallait pas non plus les prendre au sérieux, mais avec Levy il ne fallait pas se faire trop faire d'illusion.
- Mais tu es vraiment une droguée des romans, soupira Kem.
- Un, je vous remercie de ce compliment mon cher ! déclara Levira en sortant son sourire de faussaire. Deux, excusez-moi mais je dois avertir mon père que je ne serai pas présente à la fête de ce soir.
- Une jeune fille de dix-sept ans pleine d'énergie qui ne se rend pas une fête ,c'est sûr, ça n'attirera "sûrement pas" l'attention.
- Désolé mais les jeunes ça a beau avoir de l'énergie, on a aussi besoin de dormir, or moi je ne suis ni insomniaque, ni Narcotique.
Sur ces paroles elle quitta la pièce dans un froufrou de soie et de dentelle en imitant sa "charmante" marraine, ce qui provoqua le fou rire de Kem qui ne put se retenir malgré toute sa volonté. Décidément elle n'était pas prête de changer mais c'était comme ça qu'il l'aimait, arrogante, faussaire, têtue et manipulatrice. Néamoins il espérait qu'elle sortirait de ce conte de fée dans lequel elle croyait vivre. Et qu'elle reviendrait à la réalité.
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