10. La clef de ce que je cherche
Gilbert se regarda dans le miroir de la galerie des glaces de son manoir, il fit appel à toute son Energie...mais il n'y avait toujours rien, la seule image que renvoyait le miroir était la sienne. Toujours la même chose...
Où se cachait-il bon sang ?
Sidoh fut très surpris lorsqu'il vit Levira de si bonne heure, il fallait le comprendre : ce n'était pas tous les jours que cela arrivait. Pour une fois tout le monde était là, Lord Vincent ainsi que Sherlock, son Mirage, Gerald, Levira et Kem, lui et Lady Sherry...sans Mirage.
Sidoh se demandait souvent pourquoi sa mère ne pouvait pas invoquer son Mirage. Chaque fois qu'il lui demandait celle-ci lui disait qu'elle n'en savait rien mais que le fait d'être une roturière avait peut-être un impact sur son Energie, mais quelque chose invitait Sidoh à pousser la réflexion un peu plus loin.
Lui et son père avait parlé de la dernière réunion du Consistorium auquel le jeune homme assistait désormais en tant que second de son père. Cela ne durerait pas, il le savait. Lorsque le 9e mois montrera son nez et avec lui la fête de Ptah, Sidoh devra alors se débrouiller par lui même. Il ne restait que peu de temps avant sa pleine ascension au pouvoir, un bien court délai qui encourageait le jeune homme à observer d'un œil des plus attentifs.
Les autres ducs ne s'étaient pas vraiment intéressés au cri des cinq jours auparavant et s'étaient contentés de parler des différents flux de marchandises entre les différents pays qui ne s'améliorait pas avec les tensions entre Grashka Est et Ouest ou encore entre Raesch et Grinz.
Sidoh avait suivi l'actualité et étudié la politique avec son père mais jamais il ne s'était imaginé la vie en tant que Conseillé au Consistorium. Celle-ci était bien plus compliquée qu'il ne pensait, contrairement à ce qu'il s'imaginait le gouvernement ne cessait de réfléchir. Les réunions dans la Carte Ronde n'en finissait pas, il fallait suivre les débats entre les ducs, penser aux solutions, écouter les rapports des Délateurs...mais aussi surveiller les réactions des autres.
Les Septs Ducs gouvernaient le pays méticuleusement mais non sans arrières-pensées. Surtout sur les Greyfox. Même si rien n'y laissait paraître, les autres se méfiait d'eux. Surtout que le chef officiel de la famille inspirait la méfiance rien qu'au premier regard : son physique le rendait redoutable et il ne valait mieux pas parler de son œil blanc. Il l'avait perdu en combattant la Bête sur ses terres paraissait-il. Son regard était glacial, Sidoh se demandait comment pouvait-on faire pour avoir un tel père et garder le sourire : en effet tout comme le duc Baskerville, Lord Greyfox avait prit son fils aîné pour Conseillé.
Jack était bien différent de son père : son sourire était chaleureux, ses cheveux blonds contrastaient avec les cheveux noirs de son géniteur, ses remarques était aussi neutres qu'il le pouvait contrairement au noble chasseur qui ne se gênaient pas pour dire ce qu'il pensait. Il se faisait plutôt discret et quand bien même il se faisait remarquer c'était pour rayonner de ses explications plus que brillantes. Jack n'était pas du tout comme son père ou même son frère cadet, excepté sa narcolepsie il était tout simplement parfait...et c'était justement ce qui encourageait Sidoh à s'en méfier. Mais malgré sa méfiance il s'était attiré la sympathie du jeune homme et incapable de faire preuve d'indifférence envers lui, ils avaient eu vite fait d'engager la conversation.
Les Délateurs, les Sept Ducs, les Conseillé, le Consistorium, les réunions, l'être parfait et son démon de père, tout cela eut disparu au moment où sa mère fut entrée dans la pièce. Baillant à gorge déployée tout en se plaignant qu'elle avait faim telle une enfant.
Sidoh avait quitté la salle de marbre imaginaire de l'Arène pour savourer pleinement son repas avec sa famille sous les douces lueurs du soleil de Miraclis. Liphia, la capitale du temps, là où se hissait le fier manoir des Baskerville, là où le fleuve Reveil était vénéré. Sidoh trouvait que cette ville était de loin la plus belle de toute, après tout c'était la ville qui l'avait vu naître.
Levy commença à parler des Grandes Galeries qui exposeraient justement ce jour-là et sa mère décida dans la seconde suivante que toutes les deux iraient en sortie se remplir leurs armoires. Kem était des plus enthousiastes : cela faisait tellement longtemps qu'il ne s'était pas rendu en ville sans se cacher.
Levira avait revêtu une robe plutôt simple, elle n'aimait pas se balader en étant limitée dans ses mouvements. Quant à sa mère elle avait prit une tenue beaucoup plus sophistiquée au point que sa fille lui demandait souvent comment elle faisait pour se déplacer avec une telle aisance dans ses couches de tissus, ses manches bouffantes, ses talons sculptés, ses dentelles, même si sa robe n'avait pas de crinoline il était plutôt compliqué de ne pas s'y emmêler les pieds. Chaque fois Sherry lui disait avec un sourire malin :
- C'est le talent !
La journée passa vite, les deux femmes humèrent des parfums, admirèrent des parures tout en essayant de deviner les conditions de leur fabrications tels des orfèvres de renommée, se pavanaient devant les miroirs en exagérant chacune de leurs mimiques. Elles se détendaient sur les mélodies des Cages symphoniques, s'arrêtaient un bord du fleuve Reveil pour voir le Ballet des Fluves qui marchaient et glissaient sur l'eau.
Des créatures aussi fluides que le fleuve, dépourvues de Mirage. Les No Humano ne possèdaient pas de Mirage, au lieu de ça ils avaient des pouvoirs. Levy avait toujours trouvé cela étrange : un Mirage était une partie de soi-même, ne pas en avoir c'était un peu comme ne pas avoir d'âme, être un pantin, alors quand elle voyait ces être qui jouaient avec leurs pouvoirs, qui pouvaient voir sans être à l'endroit qu'ils voyaient, qui donnaient toute leur fatigue aux autres, qui créaient la lumière, qui avaient une âme mais pas de Mirage, Levira se disait que les Dieux étaient bien fantaisistes pour avoir créer un monde pareil.
Les deux femmes continuaient leur virée sans voir le temps passer, tout était si merveilleux et la jeune fille adorait passer du temps avec sa mère.
Elle l'aimait tellement qu'elle avait même parfois des scrupules à lui mentir. Sherry, elle, se sentait comme une enfant, après toutes ces obligations en tant duchesse elle se sentait libérée, ses cheveux d'un noir ébène aux reflets bleutés, ils étaient brossés et coiffés mais peu importait leur état ils étaient toujours aussi magnifiques.
La journée touchait à sa fin lorsque les deux filles et Kem songèrent à rentrer - ce qui fut un échec étant donné la proximité d'une petite pâtisserie. Mais une personne ne songeait pas du tout à rentrer, il était hors de question qu'elle ait fait tout ce chemin pour rien...
Le passant allait à la Serre quand il l'avait aperçu. Au début il l'avait prise pour une prêtresse de Fyrus, mais quand il s'était approché il eut un vif mouvement de recul, cette jeune fille devait avoir entre seize et vingt ans, il ne sut répondre à cette question. Elle était superbe avec ses courbes gracieuses et innocentes, l'homme ne put détacher son regard de la belle inconnue. On aurait dit une nymphe, ses longs - très longs - cheveux argentés, ses yeux vifs comme la braise et son corps...nu. L'homme sentit une étrange chaleur le traverser et sans penser aux conséquences il s'approcha de cette superbe créature. Lorsqu'elle tourna la tête son regard de braises croisa ceux de l'homme désireux.
Le hurlement avait retenti dans toute l'avenue alors que Levira et Sherry Baskerville savourait des gâteaux comme des fillettes de huit ans.
Kem se transforma en lion et se mit en garde, prêt à trancher la gorge de n'importe qui à coup de crocs tranchants. Les deux femmes se levèrent d'un coup et accoururent là d'où venait le cri, tout le monde avait fait de même évidemment mais jamais personne n'aurait cru voir une telle chose.
Un homme gisait au sol en hurlant de douleur les mains sur ses yeux.
Tous s'approchèrent et voulant aider l'homme. Un passant accompagnant un enfant prit les bras du malheureux qui ne cessait de gémir. Les yeux de l'enfant fixaient ceux de l'homme. Enfin il les aurait fixé si il en possédait encore...
-...et dans le regard de l'homme régnait le désir profond et intense. Il s'approcha jusqu'à pouvoir respirer son odeur de sang. Sous le refus et le dédain de la créature, il l'attrapa par le bras tel un rapace et ce fut dans un hurlement déchirant que les deux doigts brûlant de cette "Amie" s'enfoncèrent dans les deux pupilles du vautour. Pupilles qui fondirent et se creusèrent sous la chaleur infernale...dans un cri de douleur, de terreur...
Le chien à trois tête leva la tête vers sa maîtresse, ses beaux cheveux blancs et ses yeux vairons si adorables. Elle le caressait avec tendresse de sa main baguée, le chien n'avait pas vraiment aimé cette bague au début mais depuis il l'appréciait et réclamait qu'il se fasse caresser de la même main.
Il regarda sa maîtresse d'un œil de reproches qui lui répondit :
- Ne me regardes pas comme ça je ne suis qu'une observatrice, dit-elle dans un sourire.
Le chien agita sa première tête, puis la jeune fille reprit :
- Voilà un homme qui n'est pas prêt de revoir.
La jeune fille marcha dans une rue bien sombre, les hurlements de l'homme avait attiré du beau monde, si bien qu'elle avait été obligée de courir pour ne pas être vue. Elle repensait à cet homme à qui elle avait ôté la vue, elle n'éprouvait aucun remord, aucune culpabilité.
Pourquoi devrait-elle en éprouver ? Elle n'avait fait que se défendre. Il n'y avait aucun mal à se défendre. Sa vie ou celle de son agresseur, le choix était vite fait et encore elle ne lui avait prit que la vue si elle l'avait voulu c'était la vie qu'elle lui aurait ôté. Il avait de la chance que sa colère soit dirigée vers un autre humain.
La jeune fille s'arrêta, son nez l'alarma, elle connaissait cette odeur.
Elle l'avait enfin retrouvée.
Tu m'as filée entre les doigts une fois, pensa-t-elle. Tu me fileras pas entre les doigts une seconde fois et qui que tu vas payer pour m'avoir dérangée.
Levira bavardait avec le baron de Gytre, Kem quant à lui était partit en compagnie de sa mère. Les traîtres ! Alors que les deux filles avaient réussi à oublier le sinistre incident d'il y a quelques minutes le baron avait interpellé la jeune duchesse et sans qu'elle ne rende compte, les deux absents avaient pris la fuite laissant la malheureuse en compagnie de cette pie bavarde. Ce n'était qu'à la fin de la journée que la jeune fille put enfin prendre un peu de repos.
Elle se rappela soudainement de sa dernière mission pour Lord Landeila ainsi qu'à sa future récompense. Elle décida donc d'aller rendre une petite visite à son parrain, étant donné qu'il n'était que de passage il n'allait pas tardé à rentrer pour fêter la fête de Ptah chez lui, sur ses terres.
Plus Levy avançait plus elle se sentait observée, comme traquée. Elle avait déjà vécu cette sensation, mais elle ne se souvenait où.
Un cliquetis se fit entendre sous sa chaussure. À vu d'œil cela ressemblait à un morceau de métal brillant, Levira se baissa et ramassa le petit objet brillant.
C'était une petite bague...en argent. Levy eut un frisson de terreur lorsqu'elle comprit ce qu'était ce petit anneau décoré...un dragon qui se mordait la queue.
Levy sortit sa dague de sa manche. Impossible. Le dragon ne pouvait rien lui faire ici, chez les Hommes.
Levy sentit des petites lignes sous ses doigts, elle retourna la bague et aperçut un mot.
- " Metalicana " ?
Ce mot était gravé sur le dragon qui se mordait la queue, en un instant, elle se souvint de la sensation de tout à l'heure, comment avait-elle pu l'oublier ? C'était la même que la veille...lorsque le dragon la poursuivait.
Une voix s'adressa à elle :
- C'est mon nom.
Levira se retourna brusquement et tomba sur une fille d'à peu près son âge. Elle était nue avec pour seul habit une cape écarlate. Levira eut un sursaut de joie : son héritage n'était pas perdu. Puis soudainement elle revint à la réalité et à l'inconnue devant elle. Elle avait de long cheveux argentés, si longs, si longs qu'ils jonchaient sur les dalles, sa frange lui cachait la majeur parie du visage mais Levy put les voir...ses yeux de braises...ses yeux rouges comme les flammes.
Levira se figea : un dragon c'était déjà assez bizarre mais alors un dragon qui prenait forme humaine c'était trop. Elle se souvint d'un coup de l'homme à qui la vue avait été arrachée et automatiquement son regard glissa sur les doigts de la fille...rouges. Levy agrippa son poignard encore plus fort. Elle ne devait pas attaquer. Contre une créature d'Ymir, attaquer la première c'était signer son arrêt de mort. Mais contre un humain, que fallait-il faire ?
Le dragon "Metalicana" s'approcha, le son de ses pas étaient léger, doux comme la mort. Elle écarta ses lèvres et prit une profonde inspiration.
Levy sursauta et d'un bond elle abattit sa lame sur la bête humaine.
Elle visa la tête. Même si cette fille était un dragon, un humain ne pouvait survivre à un poinçon dans le crâne...mais ce ne fut pas le cas. La lame ricocha sur sa peau : une plaque grise s'était formée sur son front.
Évidemment, c'était un dragon d'argent, elle pouvait donc manipuler le métal comme elle le voulait sur elle-même.
Levira évita l'une de ses frappes et cette fois ci elle opta pour la bouche mais Metalicana en avait décidé autrement, elle referma sa bouche et brisa la lame d'un coup de dents. Levy était terrifiée : le monstre devant elle mâchait la lame brisée de son poignard puis elle l'avala dans un bruit de bris d'acier. Jusqu'où la bizarrerie irait-elle dans cette histoire de fillette ?
Levira était sans défense, son unique arme était partie nourrir le monstre en face d'elle. Aussi elle n'eut pas d'autres idées et se mit à courir. Mais Metalicana prit une nouvelle fois son inspiration et cette fois ci le hurlement partit. Cette fois ce n'était pas des flammes d'argent en fusion mais des morceaux de métal froid, tranchants.
Levira détestait cette créature, elle pouvait cracher du mercure et en réguler la température afin de soit le rendre brûlant en pleine fusion, soit elle le refroidissait pour qu'il prenne une forme dure et tranchante. Qu'est-ce que c'était ? Cette créature n'existait dans aucun rapport !
La tornade de métal frôla la jeune duchesse de près, mais alla s'écraser sur la façade d'une maison couvrant le mur de multitude d'entaille, nette, plus ou moins fines, plus ou moins grosse. Levy fut soulagée de ne pas avoir prit le souffle de plein fouet, elle n'en serait peut-être pas morte - avec de la chance - mais la douleur aurait été insupportable. Elle entendit des cris venant de l'intérieur des bâtiments. Elle ne devait pas être vue, aussi elle prit un tournant, s'enfonçant dans les rues étroites et pauvres de la ville.
Levy continua de courir tournant à différent croisements, les rues se faisaient de plus en plus étroite, parfois la jeune fille devait longer la façade des murs pour passer. Quant à sa poursuivante, elle courait vite et bien, elle était très rapide mais elle n'avait pas opté pour la même technique que sa proie : quand elle voyait que la voie était trop étroite elle la traversait. Des ailes de mercure apparaissaient dans son dos et elle s'élançait ailes déployées...ailes qui fendaient tout sur son passage...y compris les murs.
Mais heureusement la manette de frein n'était pas comprise dans la technique si bien que le monstre ne pouvait pas s'arrêter une fois lancé et se prenait un mur à chaque fois. Le mauvais coté venait du fait que malgré le nombre incalculable de murs percutés à pleine vitesse Metalicana se relevait à chaque fois et reprenait la course, semblant ignorer les traces rouges des chocs.
Les deux filles couraient sans s'arrêter même si la fatigue se faisait sentir.
En 103 ans, jamais Metalicana n'avait couru autant, que ce soit en tant que dragon ou en tant qu'humaine, elle en avait assez, elle voulait s'arrêter mais pas avant d'avoir attrapé cette humaine, qui éveillait de plus en plus sa curiosité.
Courir dans une robe longues avec des chaussures à talons, comment était-ce possible, même elle n'avait réussi une telle prouesse...jamais ? Jamais ? Elle s'était souvenue ? Souvenue de son passé ? Un souvenir ? Un vrai ?
Elle s'était enfin souvenue de quelque chose ! Après tout ce temps !
Pourquoi maintenant ? Et cette fille pourquoi son odeur lui était familière ?
Cette fois elle en était certaine ! Cette fille était spéciale ! Elle seule pourrait la mener à ce qu'elle cherchait depuis si longtemps ! Elle s'était revu en elle ce soir-là, elle s'était vue à la place de l'impudente qui l'avait dérangée. Elle s'était vue fuyant comme elle l'avait fait autrefois...mais pourquoi ? Pourquoi avait-elle fui et pourquoi cette fille lui ramenait-elle ces souvenirs ?
La joie emporta Metalicana, tant de questions se posaient dans sa tête. La joie se transforma en détermination et prête à tout elle prit la plus grande inspiration qu'elle pouvait. De tous les hurlements qu'elle avait poussés pendant la course, celui-ci lui semblait être le plus fort de tous. Mais ce fut là sa première erreur.
Levy leva la tête et vit avec effroi la scène qui se déroulait devant - ou plutôt au-dessus de - ses yeux. La voûte sous laquelle elle s'était engagée fut frapper par la vague d'argent, elle se fissura. Les craquelements de la pierre se multiplièrent. La poussière tomba suivie de la roche. Alors qu'elle s'effondrait sur la ruelle, Metalicana tendit la main comme pour attraper quelque chose. La main crispée était à quelque centimètres du visage de Levira. Mais celle-ci s'effondra écrasée sous le poids des pierres.
Lorsque Levira se réveilla, seulement quelques secondes s'étaient écoulées.
Alors qu'elle était écroulée sur le sol un tas de gravats se trouvait devant elle. Elle dévia son regard tout autour d'elle cherchant le dragon, son regard s'arrêta sur le tas de pierres brisées. Metalicana était écrasée sous les pierres, ses longs cheveux d'argents étaient éparpillés sur le sol, son bassin et ses jambes supportaient difficilement le poids des gravats. La fille-dragon soupira, si elle n'avait pas transformé son corps en métal elle n'aurait plus de jambes à cet instant. Encore sonnée par la chute de la voute Levy ne bougea pas et regarda le dragon devant elle. Cette créature qui l'avait poursuivi la veille était étendue devant elle. Metalicana était un dragon mais à ce moment là elle ressemblait étrangement à une humaine.
Levira se leva et était prête à repartir sans se faire remarquer mais à cet instant précis Metalicana se réveilla. La jeune duchesse s'apprêtait à détaler à toute jambe mais la fille-dragon finit par l'interpeller :
- Tu comptes rester longtemps à me fixer ?
Levira fut des plus surprises : elle ressemblait tant à un être humain normal.
- Bon tu te bouges !
Rien. Silence de mort. Comment pouvait-elle encore avoir la force de parler après ça ?
- Sors moi de là !
- Pour que je me fasse bouffer...
- Mais c'est qu'elle a un sacré vocabulaire la bourge, répondit Metalicana en ricanant.
- Je vois pas du tout pourquoi je t'aiderai à sortir...
Metalicana grinça des dents. En effet, elle ne voyait aucune raison pour que cette faible humaine accepte de l'aider.
- ...parce que j'ai ta cape ? hésita le dragon.
Levira se mordit la lèvre et après un instant de réflexion sortit son crayon. Sous le regard surpris de Métalicana elle fit flotter les gravats et arracha la soie écarlate du cou du dragon. Levira enfila sa cape et se mit à tournoyer, puis elle examina le tissu d'un œil d'expert. Exceptée une déchirure au niveau de la chaîne, tout allait bien. Les artisans No Humano étaient vraiment des maîtres.
Levira se maudissait : comment avait-elle put craquer ? Sa cape était un véritable trésor, pour rien au monde elle ne l'abandonnerait mais là...
Metalicana bondit sur la jeune fille, et l'immobilisa au sol.
- Là je t'ai attrapé !
Ses longs cheveux gris traînaient sur les dalles et Levira les attrapa et tira dessus. Metalicana fut contrainte de s'éloigner et sa proie en profita pour s'échapper une fois de plus ( avec sa cape cette fois-ci ). Mais après la course poursuite de tout à l'heure elle se fit rapidement rattraper et cette fois ci elle ne put se dégager.
- Lâche moi ! cria-t-elle en se débattant.
La bête cracha et s'arrêta, desserrant sa prise sur les bras de la jeune fille. Puis elle se releva et s'écarta en massant son bras que son adversaire lui avait salement griffé.
Levy se releva et se mit en garde, mais elle avait beau attendre, Metalicana ne bougea pas d'un poil, au contraire elle fixa la jeune fille dans les yeux avec ennui. Levy se détendit et commença à reculer, prête à s'enfuir au moindre signe d'inattention. Cependant, le dragon la darda de son regard perçant, ses doigts se couvrant de griffes métalliques. La jeune fille s'assit et attendit...
Les deux filles continuaient de se fixer alors que le ciel virait au pourpre. Levira en profita pour examiner sa poursuivante de plus près : ses yeux rouges flammes dissimulaient un regard acéré et déterminé, seulement...elle n'était pas humaine...et encore moins un dragon...elle avait trop de manières pour n'être qu'un monstre et elle était trop monstrueuse pour être humaine...
- Pourquoi ?
Metalicana releva la tête, surprise de la question de sa proie.
- Pourquoi quoi ?
- Pourquoi ?
Le dragon n'y comprenait strictement rien.
- Comment veux tu que je réponde si tu ne me dis pas le quoi du pourquoi ?
Levy prit une profonde inspiration, abasourdie, la stupidité de cette créature l'agaçait.
- Pourquoi tu me poursuis ?! Pourquoi tu t'acharnes sur moi ?! Et pourquoi tu m'as relâchée ?! Qu'est-ce que tu veux de moi à la fin ?! Et puis d'abord qui es tu ?! Qu'est-ce que...qu'est-ce que tu es ?!
- Tu m'as demander de te lâcher alors je te lâche...en plus tu commençais à me faire mal.
- Si tu voulais m'attraper à ce point alors pourquoi tu m'a relâché ?! Tu veux me tuer non ?!
- Te tuer ? fit la fille dragon en fronçant les sourcils. Je voulais juste te parler !
- Pardon ?! Tu as vu ce que t'as fait ? répliqua la jeune fille en montrant les gravats.
- Je voulais que t'arrêtes de courir c'est tout !
- Et cette nuit alors !
- J'ai jamais voulu te tuer...bon un peu au début quand même, finit-elle par dire en détournant le regard. Bon on peut parler maintenant?
- Parler ? Parler ?! Non mais tu te rends compte de...de de ! Mais qu'est-ce que j'ai fait aux Dieux !
- Tu peux arrêter de gémir humaine ? cracha Metalicana. Tu m'irrites les oreilles.
- J'ai failli me faire tuer deux fois par la même...chose en moins de 24 heures ! Alors oui je hurle !
- Je m'excuse c'est bon ?! On peut passer à autre chose ?!
- Passer à autre chose ! Avant ça tu vas me dire qui tu es !
- Ça te concerne pas humaine, répondite la fille dragon dans un regard menaçant.
- Dans ce cas là débrouille toi monstre.
La créature transforma ses doigts en griffe et sa bouche s'élargit en une gueule pleine de dents.
- À ta place je surveillerais le morceau de viande qui te sert de langue !
- Et bien tue moi si tu n'es pas contente espèce que monstre pachidermique, vociféra la jeune fille en traçant discrètement les dernières lettres de sa formule sur la pierre.
- Repète !
- Monstre ignoble, laid et pachidermique ! rajouta la jeune fille en ne pouvant s'empêcher de sourir.
Le dragon se jeta sur elle toute griffe dehors et Levira sortit le débris de roche de son dos et le jeta sur la fille-dragon. Le monstre balaya l'obstacle d'un coup de main d'argent quand elle sentit son bras se tordre vers l'arrière. Sous ses yeux ébahis la pierre emprisonna son poignet et le tordit dans son dos, écrasant la fille-dragon au sol. Levira soupira en voyant Metalicana se se tortiller en essayant de se remettre debout et de libérer son bras.
Entrave ton agresseur.
La jeune fille frissonna. L'épaule du dragon faisait un angle monstrueux.
Elle ne hurle même pas alors que son épaule est sur le point de se briser...
Levy fit un pas en arrière et se précipita vers l'autre bout du chemin quand un hurlement bestial se fit entendre derrière elle. La fille dragon rampait, sa main valide griffant les pavés en s'avançant vers elle.
- Tu es à moi ! Tu es ma clé et tu vas me donner ce que je cherche ! Tu ne m'échappera pas ! Personne ne m'échappe et encore moins une humaine !
Levira se calma. Les yeux du dragon était strié de veines rouges et ses dents acérés grinçait. C'était de la folie...et pourtant elle rebroussa chemin. Elle déclara d'une voix ferme :
- En quoi je suis une clef ?
- Je te le dirai si tu me libères et me laisses parler !
C'est complètement absurde, pensa Levy.
Et pourtant elle accepta.
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