Pourquoi les gares ont des quais

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Il y a 180 ans

Pourquoi les gares ont des quais

Quand un savoir-faire laisse ses traces

Le départ des prochains trains s’affiche sur le tableau avec leur numéro de quai et de voie. Si on comprend bien que les trains circulent sur des voies ferrées, comme il y a les voies navigables, de communication, pourquoi les plates-formes d’embarquement et débarquement dans les gares sont dénommées quais ?

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Le mot quai, continuité du caium en bas-latin, désigne cette levée maçonnée, souvent en pierres de taille, le long d’un port ou d’un canal et servant au chargement et déchargement des marchandises.

Quand le transport ferroviaire a commencé à se développer, se terminait la couverture du pays par les canaux. Depuis le 17e siècle (canal de Bergues, mis en service en 1634, canal du Midi, conçu par Pierre-Paul Riquet ouvert en 1683, par exemple), le savoir-faire des hommes des Ponts et Chaussées avait permis de fortement accroitre ce moyen de transport. Les constructeurs français avaient aussi un réel savoir-faire, qui s’étendait jusqu’aux ponts, reconnu au-delà des frontières.

Ce moyen de transport fluvial étant bien rodé, la mise en place des nouvelles infrastructures et de l’organisation du transport ferroviaire fut calquée sur son aîné. Quand on a dû construire des endroits d’accès aux trains, ces longues surélévations bordant la voie ferrée, on fit appel aux savoir-faire des maçons des ports. Ils bâtirent donc ce qu’ils savaient construire et qu’ils appelaient des quais. L’appellation est restée.

Ces compagnons bâtisseurs maritimes nous ont également laissé la dénomination de gare qui désignait initialement la partie du canal où les bateaux étaient parqués pour ne pas gêner le trafic. Ce terme a remplacé celui, encore plus connoté marin, d’embarcadère, désignant les premières gares. Effectivement, au début du chemin de fer, prendre le train était une expédition dans laquelle il fallait oser s’embarquer !

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En mai 2017, des archéologues ont retrouvé et fouillé la plus vieille gare de France, l’embarcadère du Pecq. On comprend l’appel à des maçons portuaires quand on voit les murs de contrescarpe du soubassement des voies, situés sous les quais et qui retenaient la poussée du talus soutenant les rails et le poids des trains.

Puisque nous sommes aux débuts du chemin de fer, précisons que cette station faisait partie de la première ligne de chemin de fer quittant la capitale, la ligne Paris–Saint-Germain-en-Laye, construite par les célèbres frères Pereire.

En fait, cette première ligne, inaugurée le 26 août 1837 par la Reine Amélie, épouse de Louis-Philippe, était un prototype destiné à prouver la pertinence de ce moyen de transport et à obtenir une loi permettant la mise en place d’un réseau. Ce sera la loi Legrand de 1842 (abrogée seulement en 2007) qui définit dans son article premier les lignes à mettre en place et qui donnera la toile d’araignée du réseau français.

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