Il y a 110 ans

Pourquoi le marathon fait 42,195 kilomètres

Un caprice royal devient la règle

Le monde du sport, qui passionne une grande partie d’entre nous, a aussi beaucoup d’histoires à nous raconter, en dehors de celles des exploits sportifs mémorables. Si la pratique du sport telle que nous la connaissons date du début du 20e siècle, les spectacles sportifs sont beaucoup plus anciens, avec les courses de chevaux, les Jeux olympiques de la Grèce antique, les tournois du Moyen Âge. Prenons l’exemple de cette course d’endurance, le marathon, dont la règle simple est de parcourir, sans aide, le plus rapidement possible une distance de 42,195 kilomètres.

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Si on connait l’histoire de ce messager grec qui aurait couru de Marathon à Athènes pour annoncer la victoire de la bataille de Marathon et était mort d’épuisement après avoir délivré son message, on devine que la distance parcourue avoisinait les quarante kilomètres (en fait trente-cinq kilomètres seulement).

Quand Pierre de Coubertin relança les premiers Jeux olympiques en 1896, une épreuve commémorant cette histoire fut créée, alors qu’elle n’existait pas dans l’Antiquité. Vingt-cinq coureurs sont à ce premier départ. Spiridon Louys, un jeune berger, gagne l’épreuve alors qu’un des autres participants est disqualifié pour avoir fait une partie de la course en charrette, sans doute par une mauvaise compréhension du règlement. La distance couverte était d’environ quarante kilomètres.

Par la suite, la distance du marathon restait à l’appréciation de chaque pays organisateur, variant de 40 à 42,75 kilomètres.

En 1908, les Jeux olympiques ont lieu à Londres et une distance de 26 miles terrestres est initialement fixée, soit 41,843 kilomètres. La famille royale veut voir partir la course sur la pelouse de son château de Windsor et l’arrivée au stade olympique de White City Stadium, devant la loge royale d’Edouard VII et de la Reine Alexandra. Afin d’exaucer cette demande, le parcours est revu et la distance portée à 26 miles et 385 yards, soit 42,195 kilomètres. Les souverains britanniques et les deux millions de spectateurs purent ainsi voir l’italien Dorando Pietri s’effondrer d’épuisement dans les derniers mètres alors qu’il menait la course, puis, soutenu par quelques officiels, franchir la ligne d’arrivée. Cette péripétie lui vaudra une disqualification pour aide étrangère. Le lendemain, la reine Alexandra lui offrira une coupe identique à celle remise au vainqueur. Ce qu’elle ne savait sans doute pas, c’est que Pietri avait pris de la strychnine comme stimulant…

La Fédération internationale d’athlétisme, après de longs débats, décide de fixer une distance officielle pour tous les marathons. À partir de 1921, la distance officielle du marathon sera celle du marathon olympique de Londres : 42,195 kilomètres, sans doute en l’honneur de cette course mémorable.

À noter que la méthode de mesure officielle (le compteur Jones qui est un compteur de tours de roue fixé sur un vélo auparavant étalonné) a une précision d’un pour mille. Pour être sûr que les marathoniens fassent bien 42,195 kilomètres, chaque parcours doit mesurer 42 mètres supplémentaires, soit 42,237 kilomètres.

Les milliers de participants des grands marathons actuels savent-ils que la distance parcourue est due à une exigence d’une famille royale ?

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Mais ceci était une histoire uniquement masculine ! En effet, Pierre de Coubertin avait interdit aux femmes l’inscription au marathon. Il faudra attendre les Jeux de Los Angeles de 1984 pour assister à la première épreuve de marathon olympique féminin. Heureusement qu’il n’y a pas que les Jeux olympiques, car le premier chrono officiel d’une femme a été enregistré en octobre 1926, celui de l’Anglaise Violet Percy qui termina la course organisée à Londres en 3 heures 40 minutes et 22 secondes.