Pourquoi les boutons électriques ne tournent pas dans le même sens que les robinets
Il y a 400 ans
Pourquoi les boutons électriques ne tournent pas dans le même sens que les robinets
Quand les traditions se poursuivent
Sur les anciennes cuisinières, cela était frappant quand elles avaient à la fois des bruleurs à gaz et des plaques électriques. Pour allumer le gaz, il fallait tourner le bouton dans le sens antihoraire, alors que pour les plaques électriques, il fallait les tourner dans le sens horaire. Pourquoi le sens doit-il être différent quand il s’agit d’un fluide physique (eau ou gaz) ou d’un fluide électrique ? Comme dans l’évolution des espèces vivantes, ou l’histoire des claviers numériques, une même fonction est apparue à des endroits différents, mais a été traitée de façons différentes.
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Auparavant, interrogeons-nous sur le sens du vissage : depuis quand le pas de vis existe-t-il et a-t-il toujours tourné dans le même sens pour enfoncer la vis ?
Les structures en spirales existent dans la nature, escargots, tournesol, feuilles le long de la tige…, et donc naturellement on en retrouve dès les temps préhistoriques comme décorations, avec des spirales dans les deux sens. Des vis élévatoires se trouvent au Proche-Orient vers 400 ans avant J.-C., bien avant Archimède à qui on a attribué la paternité du système. Le pas de vis était également utilisé pour les pressoirs. Bien que le filetage ait été connu des Romains, il semble qu’il se soit perdu pour renaitre au 15e siècle. La construction du filetage dépendait de l’œil et de l’habileté de l’artisan. La vis moderne n’apparait qu’au 19e siècle, suite aux besoins de l’industrie et du chemin de fer, avec une standardisation pour permettre les utilisations multiples.
Si on ne trouve pas de traces du sens de vissage, il semble que ce sens soit très ancien et dérivé du sens horaire, c’est-à-dire du sens dans lequel tourne l’ombre d’un bâton sur le sol, dans l’hémisphère nord. On visse dans le sens du temps. Et la standardisation a généralisé ce sens. Les seuls objets qui se visent à l’envers sont ceux soumis à une force de rotation, comme la pédale de gauche sur un vélo, qui se dévisserait avec un pas à droite (à droite, car on visse en tournant vers la droite).
Les mécanismes d’interruption d’eau, les robinets, se font en colmatant le conduit par une clef que l’on visse. On interrompt le flux en vissant dans le sens horaire et on ouvre le flux dans le sens antihoraire. Les plombiers appliquent cette technique à tous les fluides liquides et gazeux.
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Du côté de la fée électricité, les premiers galvanomètres et potentiomètres comportaient une aiguille qui se déplaçait dans le sens horaire, avec le zéro à gauche. Le sens de déplacement de l’aiguille dépendait bien sûr du sens des polarités des fils installés aux bornes, et le montage était fait pour qu’un courant nul laisse l’aiguille à gauche. Quand ils étaient munis d’un bouton, le sens de rotation était lié à celui de l’aiguille et il fallait donc tourner en sens antihoraire pour diminuer ou couper le courant, en remettant l’aiguille au zéro. Les électriciens ont donc travaillé avec des boutons que l’on fermait dans ce sens antihoraire et toutes leurs productions étaient homogènes. Les électroniciens, descendants des électriciens, perpétuent cette tradition et les boutons de volume des appareils audio tournent dans ce sens.
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Quand on associe les fluides et les courants sur un même appareil, les deux traditions de boutons rotatifs coexistent pour la plus grande perplexité de l’utilisateur, car il n’est pas question de les harmoniser. Avec les touches digitales, cela tend à disparaitre, mais il reste encore des boutons à tourner pour allumer, augmenter le volume, etc., avec toujours la même interrogation : dans quel sens dois-je tourner le bouton ?
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