Chapitre 8

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A peine s’était-il assis à son bureau qu’Eliya pointa son nez devant la porte restée ouverte.

« Je peux te déranger ?

— Vas-y, de toute manière je viens juste de me poser. C’est important ?

— Oui et non. C’est juste que cette affaire me fait gamberger et pas qu’un peu. Je repensais à ce que tu disais lorsqu’on était sur place.

— Je dis beaucoup de conneries. C’est à propos de laquelle ? »

Eliya sourit au trait d’humour en même temps qu’elle s’approcha du bureau. Franchement, c’était une belle fille. Malgré qu’elle eût passé la trentaine, les traits de son visage restait un peu ronds et enfantins. Brune, les cheveux lui tombant sur les épaules, elle avait le tic de faire tournicoter le bout de ses mèches entre ses doigts quand elle était plongée dans une réflexion intense. Akos avait fini par le remarquer car lorsqu’elle faisait cela, il ne pouvait s’empêcher de la regarder d’un œil autant amusé qu’affectueux.

« Quand tu as dit que son don ne lui avait pas servi à grand-chose et que tu t’étonnais du coup d’avoir un cadavre dans la chambre, en vrai, tu avais mille fois raisons. On est d’accord sur le fait que voir l’ensemble des possibilités du futur avec une minute d’avance, en principe, ça devrait t’éviter de te faire piéger d’une manière ou d’une autre.

— En théorie et si on accepte que cette habileté existe vraiment pour ce gars. Pour moi, pour l’instant, c’est une hypothèse qui pourrait être vraie comme fausse.

— Pourtant c’est bel et bien un Druide, il n’y a pas de doute là-dessus.

— Cela, je te l’accorde.

— Alors pour toi, il n’y a pas de lien automatique entre Druide et don de voyance ?

— Non. De ce que j’ai lu, ces Druides ont disparu de la surface de la Terre depuis plusieurs centaines d’années, qu’est-ce qui nous dit que celui-ci ressemble à la description qu’on en faisait, il y a plusieurs siècles ?

— Rien en effet, mais l’évolution ne va pas si vite.

— Ce n’est pas ce que j’ai compris quand j’ai lu l’histoire de leur apparition. »

Ely fit la moue. Il marquait un point mais il vit qu’il mettait un terme du coup à ce qu’elle était venue lui partager.

« Mais vas-y, c’est toi qui pensais à quelque chose alors va au bout. Je n’ai pas la science infuse. »

Le sourire revint sur le visage d’Ely.

« Pas la science infuse mais en général, un bon instinct.

— En général. Rien n’est sûr à cent pour cent. »

Akos vit qu’Ely hésitait encore et il l’invita donc à poursuivre d’un geste de la main.

« Je me disais que ce serait bien de faire des analyses toxicologiques un peu plus poussées que d’habitude.

— A quoi penses-tu ?

— On sait par la littérature que la vision des Druides est liée à l’Astripine générée par leur glande bizarre. Du coup, ne peut-on pas imaginer qu’on lui ait donné un autre produit, soit qui empêche le fonctionnement normal de la glande, soit qui annule tout simplement son effet ?

— C’est possible, ça ? demanda Akos.

— Je n’ai rien trouvé encore dans les archives mais techniquement je ne vois rien qui puisse s’opposer à ce scénario.

— Moi, si.

— Ah bon ?

— Je ne suis pas un spécialiste mais imaginons que tu ne trouves rien dans les archives. A ton avis, comment quelqu’un aurait pu mettre au point un produit du genre sans avoir de Druides à sa disposition ? Dans ce que j’ai lu, personne n’a jamais réussi à synthétiser l’Astripine, du coup, ça complique les choses, non ? »

Eliya hocha la tête.

« Tu sais que tu es redoutable dans ton genre ?

— Je ne sais pas vraiment. Ma supposition qui dit que notre Druide n’aurait pas son don, ne passe pas vraiment le test du plus vraisemblable. Donc il va falloir faire fonctionner encore nos méninges pour trouver mieux. »

Eliya se laissa tomber sur la chaise devant le bureau et regarda le plafond.

« Rien ne dit non plus… Qu’on ne puisse pas manipuler le psychisme d’un Druide. Ils voient ce qu’il va arriver mais ça ne les met pas pour autant à l’abri de ça.

— Là, tu marques un bon point. Quelqu’un aurait très bien pu gagner sa confiance dans cet objectif. Cela me plaît comme idée. »

Eliya eut un grand sourire. Elle appréciait visiblement énormément le compliment mais elle se hâta de poser une question comme pour minimiser la portée de son hypothèse.

« Qu’est-ce que cela implique du coup dans notre enquête ? Cela ne nous avance pas beaucoup.

— Oh que si. Cela nous dit que le meurtrier a rencontré notre victime avant. La question maintenant est : où ? Et ensuite, nous n’aurons plus qu’à chercher des témoins. »

Akos prit son carnet et gribouilla quelques lignes.

« Ely ? J’ai une autre mission pour toi. »

Il lui parla de sa visite aux abords de la résidence ouvrière et lui demanda d’organiser l’opération d’infiltration. Une fois les informations en main, Eliya se leva pour retourner finir sa journée.

« Bonne soirée et sûrement à dans deux jours ! Cela m’étonnerait qu’on se croise demain du coup.

— On ne sait jamais. » répliqua Akos en souriant et haussant les épaules.

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