Chapitre 27

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Akos n'était pas habitué à fréquenter l'aile du bâtiment où se trouvait le laboratoire, et il se retrouva désorienté dans les méandres des couloirs. Habituellement, c'était Ely qui prenait en charge les aspects scientifiques des affaires qu'il traitait. Ce n'était pas que Akos en était incapable ou qu'il manifestait une réticence envers ce domaine d'enquête, mais ce n'était tout simplement pas là son domaine de prédilection. Cela l'obligeait souvent à plonger dans des détails qui, selon lui, étaient bien éloignés du travail de déduction et de psychologie qui le captivait davantage.

Il finit tout de même par trouver l’entrée et pénétra dans les locaux. L’ambiance du laboratoire était toujours studieuse avec un balai incessant d’hommes et de femmes en blouses de couleurs claires, naviguant de leurs bureaux aux différentes zones où se trouvaient un tas de machines de tailles variées. Chacune d’elles avait leur utilité propre et un mode d’emploi plus ou moins complexe mais pour la plus grande part, le principe consistait à fournir une pléthore d’informations à partir d’un échantillon de matière, une photo, une vidéo, etc.

Quelques visages se tournèrent vers lui lorsqu’il commença à avancer et à chercher à qui il pouvait s’adresser pour formuler sa demande. Un petit homme barbu pourvu d’une paire de lunettes dont la monture semblait disproportionnée rapport à son visage le repéra et se dirigea vers lui.

« Professeur Lattan, se présenta-t-il en regardant alternativement Akos et la boîte de scellés qu’il tenait dans ses bras, vous cherchez quelque chose de tout évidence, puis-je savoir quoi ? Je peux sûrement vous orienter.

— Sûrement. J’ai dans ce scellé des fioles dont le contenu a déjà été analysé mais dont je voudrais maintenant qu’on analyse le contenant. Je pense que c’est du verre artisanal et qu’il y a peut-être moyen de trouver un élément qui pourrait nous donner une idée sur sa provenance.

— Cela me semble fortement spéculatif tout cela, fit le professeur en rajustant son regard au centre de ses verres. Montrez-moi cela. »

Il entraîna Akos jusqu’à son bureau, se munit de gants stériles et extirpa une des fioles de la boîte. Il la fit tourner entre ses doigts, la mit à la lumière pour regarder au travers.

« Vous semblez avoir raison, finit-il par annoncer d’un ton qui laissait transpirer une sorte de déception d’avoir à confirmer l’hypothèse de l’inspecteur. Il va falloir qu’on procède à un micro-prélèvement sur le verre et avec un peu de chance, soit la composition du verre en lui-même, soit celle des bulles d’air emprisonnées dans la matière vont pouvoir nous donner une indication. Mais je vous préviens, l’interprétation et les hypothèses que vous pourrez tirer des résultats portera à caution et seuls, ça ne tiendra pas si vous comptez vous en servir de preuve.

— Merci pour ces informations mais pour l’instant, je suis très loin de préparer des preuves. Je cherche déjà des pistes.

— Oh d’accord, de toute manière, qui peut le moins, peut tenter le plus par la suite. L’analyse et le résultat ne changent pas : c’est l’avantage des éléments apportés par la scientifique. Du factuel solide ! »

Akos hocha la tête mécaniquement même s’il aurait bien répondu que c’était bien cela qui l’ennuyait. Qu’un carré soit un carré et qu’on ne puisse plus y revenir, cela avait quoi de passionnant ?

« Vous avez la validation du juge ?

— Comment ?

— La validation du juge pour cette expertise.

— Ah mince, je l’ai… oubliée. Vous me laissez dix minutes ?

— En attendant je vais préparer le formulaire de réception du scellé, je vous attends. »

Le juge. Akos avait complètement oublié son existence. Qui était-ce ? Seule Ely pouvait lui répondre. Alors il fila dans les couloirs en direction de son bureau.

*

Dès qu’il frappa à la porte et qu’il entendit la réponse d’Ely, il sut qu’il y avait de la houle. Il entra et Ely le fusilla du regard. Freya était présente, assise dans un coin, plongée dans la lecture d’un dossier.

« Salut, fit Akos en faisant comme si c’était la première fois de la journée qu’il voyait Eliya. J’ai voulu passer au labo…

— Pourquoi faire ? l’interrompit-elle. C’est moi qui m’occupe de cela d’habitude. »

Akos avait envisagé qu’Ely ne soit pas d’humeur mais il n’avait pas anticipé que ce soit à ce point. L’esquive aurait été une stratégie possible mais il devait retourner au labo avec le sésame du juge. Lui demander si elle ne s’était pas levée du pied gauche sur un ton moqueur semblait assez périlleux et enfin avoir une explication de textes avec elle, bien qu’il s’agisse sans doute de la meilleure option butait sur l’écueil de la présence de Freya.

« C’est pour ça que j’ai oublié l’autorisation du juge.

— C’est de ma faute ?

— Je n’ai pas dit ça. C’est juste que je ne sais ni qui est le juge, ni comment tu fais. »

Ely jeta un œil sur Freya puis revint sur Akos. Les traits de son visage se détendirent légèrement. Elle se tourna vers l’écran posé sur son bureau, frappa quelques touches puis se recula et heurta Akos qui s’était positionné derrière elle. Elle se troubla une microseconde et poussa le clavier.

« Tu mets ta requête là et tu valides. Carver te répond généralement dans les deux minutes.

— Carver ? Justin Carver ?

— Oui, pourquoi ? Tu le connais ?

— J’ai connu son père surtout.

— J’avais oublié que tu étais une antiquité.

— C’était son père, l’antiquité, pas moi.

— Tu peux te débrouiller ? Je dois faire une pause, fit Ely dans un sourire crispé.

— Je devrais pouvoir m’en sortir. »

Ely s’éclipsa et Akos la regarda sortir de la pièce. Il était incapable de savoir si l’orage était passé ou non.

*

Le professeur Lattan lui promit les résultats dans la journée.

« C’est surtout la machine qui va travailler, nous ne sommes que ses messagers. » avait-il dit sur un ton dont Akos ne sut si c’était une plaisanterie ou non.

Il regarda l’heure et se dit qu’il était temps de s’occuper du cas de Freya. Il décida d’aller voir Mason pour connaître les process.

« Vous ne pouvez pas demander à Ely ? s’étonna celui-ci.

— Je l’ai déjà chargée d’autre chose. » mentit Akos.

Mason le considéra avec un drôle d’air.

« Vous vous êtes engueulés ? »

Akos secoua la tête en se demandant à quel moment il avait merdé.

« Cela va passer, vous êtes comme les deux doigts de la main, poursuivit Mason en ignorant totalement la dénégation de l’inspecteur. Vous voulez lui donner accès à quoi, à cette Freya ? »

Un quart d’heure plus tard, Akos retourna dans son bureau avec un badge d’accès fraîchement imprimé. L’heure du déjeuner s’approchait quand il reçut un appel de l’accueil.

« J’ai une certaine Capucine Diefenthal pour vous. Elle a une convocation pour un entretien.

— Un entretien de quoi ?

— Bah c’est vous qui devriez le savoir. Je fais quoi ?

— Je descends. »

Décidément cette journée n’était pas placée sous de bons auspices.

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