Chapitre 5 : Tout mouillé

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Après avoir dégusté les scones et la confiture de cerises en compagnie de la famille Faubert, Sure et sa mère étaient rentrés chez eux. Le reste de l'après-midi s'était déroulé sans encombres, malgré le silence de Never qui se sentait gêné face à ces nouvelles têtes. Son caractère introverti ne cessait de prendre le contrôle sur lui, et il ne pouvait pas s'empêcher de rester distant. Il espérait que Sure ne lui en voudrait pas, sa mère non plus d'ailleurs. Son comportement était indépendant de sa volonté, et il détestait ça.

Il ressentit comme un violent besoin d'exprimer ses sentiments, de les laisser couler après les aventures de l'après-midi. Il avait vraiment besoin d'un moment seul avec lui-même. Il fit comprendre à Papi qu'il avait besoin d'un peu de temps, et le vieil homme entreprit une partie de Margot L'escargot avec May afin de l'empêcher de suivre son frère. Never quitta la maison sans un mot, ses écouteurs dans les oreilles, et s'engagea sur un petit chemin en terre.

Il avait l'habitude de se réfugier dans cet endroit à l'abri des regards chaque fois que ses émotions devenaient incontrôlables. Ce chemin qu'il empruntait, c'était lui qui l'avait tracé grâce aux allers-retours incessants qu'il y faisait. Le départ de ses parents l'avait marqué, beaucoup plus que ce qu'il laissait entendre. L'abandon faisait partie de ses plus grandes peurs, et voir sa famille le quitter comme ça avait été un cauchemar. Maintenant, il avait fini par accepter, bien qu'il pensait encore à ses parents, heureux sur une île sans sa soeur et lui.

Never arriva au bord de la petite rivière qui coulait non loin de sa maison, cachée par les arbres comme un trésor enfoui. Il l'avait appelé la rivière de Pills, comme les anglais appelaient leurs cachets médicinaux. Elle était un véritable remède contre la douleur, un médicament puissant contre les maux de coeur. Ses flots tranquilles apaisaient son âme, l'emplissant de bonheur pur.

Il s'assit sur la barrière de bois qui passat au dessus de l'eau et ferma les yeux, appréciant chaque note de la mélodir des oiseaux et des torrents réguliers. Il sentit une présence s'installer à ses côtés :

- Alors c'est là que tu te caches ?

Never reconnut sans problème la voix de Sure. Il ouvrit les yeux et le fixa sans répondre.

- River... C'est comme ça que tes parents auraient du t'appeler, continua le jeune blond.

À l'évocation de ses parents, Never s'énerva. Sa main se mit à trembler sous l'effet de la rage et il jeta son voisin dans l'eau froide.

À peine entré en contact avec le liquide glacé, Sure paniqua. Il se débattait, créant des remous qui brisaient la tranquilité de la rivière. Malgré ses mouvements incessants, il ne parvenait pas à rester à la surface. Sa tête disparaissait par moments sous l'eau, avant de ressurgir un peu plus loin au milieu de l'écume. Voyant qu'il lui était impossible de s'en sortir seul, il fut pris de frissons et poussa un hurlement déchirant :

- Never!

Cet appel sortit le garçon de l'état second dans lequel l'avait plongé sa colère.Il retira son t-shirt et son pull simultanément et plongea. Sa tête entra en contact avec l'eau au moment ou celle de Sure disparaissait pour de bon. Bon nageur, il ne fallut que quelques instants à Never avant de rejoindre le garçon blond. Il parvint à le ramener à la surface et le fit s'accrocher sur son dos. Ils nagèrent jusqu'à la rive, Sure accroché à Never tel un koala. Les deux s'échouèrent dans l'herbe, épuisés. Never tentait de calmer son coeur, et Sure de reprendre son souffle. Ils étaient encore allongés dans l'herbe quand Sure se leva soudainement. Il quittait les lieux d'un pas décidé quand Never l'appela :

-Sure ! Attend !

Ce dernier lui lança un regard noir. Comprennant qu'il vallait mieux le laisser partir, il se contenta d'ajouter :

- Prends ça, tu vas avoir froid si tu restes trempé.

Il lui lança son sweat. Sure l'attrapa au vol, et posa son regard sur le torse nu de son camarade brun. Il détourna les yeux et partit par le chemin d'où il était venu.

Never se laissa tomber à nouveau dans l'herbe, et il poussa un soupir qui accompagna quelques instants le chant des oiseaux et les flots de la rivière Pills à nouveau calmes.

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