"Sauvée. Votre fille est sauvée, la rémission est complète" annonça l’homme en blouse blanche d’une voix ferme et enjouée.

Les parents de Bréanne poussèrent un soupir de soulagement, ils s'étreignirent un long moment. Puis ils lancèrent un regard ému à leur fille, si frêle, le visage pâle. Allongée sur son lit blanc, parcourue de tubes transparents qui sortaient de son épaule, de sa jambe et de sa poitrine. Les paupières closes. Elle paraissait si petite, si fragile !

Le père de Bréanne songea à tous ces mois passés à essayer de vaincre le cancer de leur fille. Tous ces échecs désespérants, tous ces traitements qui ne donnaient rien, et cette satanée maladie qui gagnait du terrain. Il avait même fait appel, en douce, à une sorte de gourou qui lui avait promis de guérir sa fille avec une poudre magique. Une belle idiotie, il en sourirait certainement plus tard, lorsque toute cette épreuve serait derrière eux.

Et puis un jour, ce médecin qui leur proposa d'entamer une chimiothérapie, un traitement lourd, douloureux, épuisant, qui consistait à affaiblir Bréanne pour terrasser le monstre...

Bréanne ouvrit les yeux, observa autour d'elle, les yeux écarquillés.

“Il est parti ?” demanda-t-elle, paniquée

“Qui donc, ma princesse ?” répondit son père.

“Ben, le dragon !”

“Quel dragon ?”

La mère observa sa fille avec étonnement, puis comprit. Les mamans comprennent toujours tout, il leur suffit d'écouter leur coeur. Elle lui prit la main et lui dit, d’une voix douce.

“Oui, mon abricot... Le terrible dragon est parti... Ce monstre ne te fera plus de mal. Nous l'avons vaincu. Tu l'as vaincu.”