PDV de Sarah

Ma main sur la poignée, et les yeux sur mon écran. Je commence à appuyer et d'instinct, tout son corps se contracte, et se raidit. Elle tremble. Sa façon de se tenir me rend fière d'elle. Mais je vois aussi, comme l'a vu Lucas , une blessure, qui fissure son visage et son corps. Je me dois de réparer mon oeuvre. Très certainement, cette épreuve était trop rapide. Mais j'avais besoin de savoir. Ce côté dur, qui me caractérise, ressort parfois. Pourtant je ne veux pas de ça entre nous.

J'ouvre la porte. Marche tout doucement vers elle. Je fais un premier tour, comme si j'inspectais une future acquisition. Son souffle s'accélére. Je refais un deuxième passage plus lentement. Ma main effleure une mèche de ses cheveux. Son mouvement de surprise est léger mais je l'ai senti. J'enroule autour de mes doigts cette mèche et effleure sa joue. Ma phalange dessine ses pommettes tout en douceur.

Je veux qu'elle sente que ce contact est pour elle. Rien qu'elle et moi. Une larme glisse le long de celle-ci. Je la rattrape et me penche vers elle. Mes lèvres s'approchent de l'endroit où cette goutte s'est échappée. Je dépose un léger baiser sur sa joue :

- Parfait !! Je suis très fière de toi ma soumise !

A ces mots, un petit cri de surprise s'échappe de ses lèvres, et je l'entends retenir ses larmes. Je m'assoie à côté d'elle, et tout doucement là positionne sur mes genoux. Elle ne pèse rien.
J'embrasse ses cheveux. Elle tremble comme une feuille, tellement elle se retient.

- Tu as le droit de pleurer ma douce.
Elle fait non de la tête.
- Me tiendrais-tu tête ??
Même réponse.
Je change de tactique.
- Je suis là, près de toi ! Tu es tout ce que j'ai toujours voulu ! Si courageuse ! Si douce, si parfaite ! Si...
Je n'ai pas le temps de continuer qu'elle éclate en sanglot. Je la serre tout contre moi. Elle fait non de la tête. Je sais qu'elle doute d'elle. Que ce crétin l'a tellement rabaissée, qu'elle refuse tout compliment. Elle se dévalorise ! Je lui murmure des mots rassurants à l'oreille.

Lucas, me fait un pouce de vainqueur. Puis, mime qu'il va dans sa chambre. Je lui demande d'attendre deux minutes. Et lui montre le canapé.

- Lucas va te déposer sur le canapé.

Elle sursaute, puis je sens qu'elle analyse ma phrase. Puis fait un signe de tête. Lucas la prend dans ses bras. Ils sont mignons tous les deux. Je m'aperçois que je ne suis pas jalouse. J'aime cette relation. Et je vois que ma douce se laisse aller dans ses bras. Je me lève et vais m'installer sur les coussins. Lucas dépose mon précieux colis dans mes bras. Je lui fait un clin d'oeil, et il s'en va un sourire aux lèvres que je connais bien.

Mes mains glissent sur son corps. Je sens celui-ci se détendre au fur et à mesure de mes caresses. Je lui glisse à l'oreille que je vais retirer son bandeau. Je dois répéter ces mots à deux reprises, sans élevé la voix, pour avoir un signe de tête favorable. Je pose sa tête dans mon cou, et continue de lui murmurer des mots tendres rien que pour elle. Mes mains remontent vers sa tête, et doucement je libère ses yeux. Elle reste cachée dans mon épaule. Je la laisse faire en lui expliquant qu'elle a tout son temps.

- Je vais t'allonger. Garde les yeux fermés.

A ces mots elle s'accroche à moi encore plus fort.

- Ok, ok. Ma douce ! On va attendre ! Chuuutt !!! Tout va bien !!

Je commence un mouvement d'avant en arrière, je la berce. Comme elle le faisait tout à l'heure. Ce mouvement l'apaise. Puis avec des gestes minutieux, tendres et lents, nous nous retrouvons allongé sur le canapé. Elle se blottit dans mes bras. Elle a encore de léger tremblement. Puis je sens son souffle s'apaiser. J'attrape le plaid posé aux pieds du sofa et le dépose sur nos corps, serrées l'une contre l'autre. Je ferme les yeux. Je revois cette journée, ce défis qu'elle a relevés. Demain soir nous repartons. Je veux l'emmener chez moi. Acceptera-t-elle ? Je l'espère !

Le prochain défi se met en place dans ma tête. Mais pas maintenant. Elle doit reprendre confiance en elle. Mais je dois aussi, l'aider à avancer tout en douceur. Sinon, elle n'arrivera jamais à se reconstruire. Lucas va devoir être disponible à n'importe quel moment. Travaillant ensemble, je vais pouvoir donner des défis à ma douce. Lucas sera mes yeux et mes oreilles. Je dois lui parler. On verra ça demain.

PDV Emma !

Elle est là !! Je la sens ! Mon coeur bat fort. Et si je l'avais déçu ? Et si elle s'apercevait que je n'étais pas ce qu'elle attendait ? Et si elle me demandait de partir ?

Je la sens tourner autour de moi. C'est sûr, je n'ai plus aucun doute, je suis une minable, incapable de réussir un défi. Mon ex avait raison. Je suis et resterai toute ma vie une "pauvre merde inutile". Ces mots raisonnent dans ma tête. Je sens ses doigts sur ma joue. Je ne sais pas quoi faire ? Ni comment réagir ? Je ne respire plus. J'essaie de retenir mes larmes. Je me dégoute tellement. Si elle me voit pleurer, elle me prendra pour une femme faible. Je dois lui montrer le contraire. Je suis forte. Puis j'ai le sentiment d'un souffle près de mon visage :

- Parfait ! Je suis très fière de toi ma soumise !

Quoi ?? Un cri sort de ma gorge. Je rattrape mes pleures du mieux que je peux. Parfait !! Elle a dit parfait !! Elle est près de moi. Elle me dit que j'ai le droit de pleurer ? Jamais !! Je dois lui montrer qui je suis !

Mais ses paroles et sa présence à mes côtés me mettent de plus en plus en difficulté. J'ai du mal à me contenir. Je fais non de la tête, en essayant de me convaincre aussi de ne pas craquer. Je suis sur ses genoux. Je suis si bien. Ais-je été une fois assise ainsi en sécurité ? Et puis d'un coup, un mot de trop, et j'éclate en sanglots. Mais quelle idiote !! J'essaie de me reprendre. Ses paroles, ses caresses me rassurent. Je ne sais comment mais je sens Lucas me prendre dans ses bras et me déposer sur le sofa. Je m'accroche à ma Maitresse. J'ai peur. Elle me propose de retirer le bandeau. Ais-je envie de voir son regard sur moi. Non !! Pas maintenant. Délicatement elle me serre contre elle et je pose ma tête sur son épaule. Je refuse de bouger quand je sens qu'elle veut m'allonger. Est-ce pour me laisser là et partir ?
Je me sens légèrement tanguer d'avant en arrière. J'aime ce mouvement si doux et paisible, comme sur un bateau. Je me laisse aller et mes peurs se dissipent. Je pose ma tête sur sa poitrine, ses battements de coeur sont rassurants....