Adieu
Je me meurs une fois de plus, comme je l'ai fait hier. Je m'interroge sur le sens de ma vie, mais j'imagine qu'il en va toujours ainsi. Je n'ai vu nul Dieu sur son trône de lumière, ou quiconque fébrile de mon attente. Je me suis tenu fièrement dans le grand vide, tandis que le gel emportait tout, jusqu'à mon âme même.
Mais pour chaque ultime respiration, comme un roc auquel m'attacher : une pensée.
Je sentais sous mes pieds les étendues obscures, tout comme je ressentais aussi ce que je chérissais le plus.
Alors mon roc se changea en navire, et des profondeurs deux mers naquirent.
Elles avaient la couleur de tes yeux, je m'y serais perdu pour toujours. Deux soleils identiques, bondirent hors de ces orbites. Je contemplai, puis au dessus des eaux je me penchai. J'y portais mes mains, baignées de la texture de ta peau, pour y plonger ma bouche, alors je m'en souvins : du goût de tes baisers.
Je voguais l'éternité, comme mes doigts l'ont fait pendant des années. Pour une vague rencontrée, une ride bien bombée. Et la somme des richesses, des infortunes et des gloires passées, je les troquai maintenant sans trembler, pour la vision que j'avais de l'ivresse.
Je me meurs une fois de plus, comme je l'ai fait hier. Mais à la lueur de ce que je fus, une chose demeurera dans les halles du néant : le souvenir impérissable de tout l'amour dont mon cœur regorge à ton égard.
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