Madame la coiffeuse attend avec impatience son premier client du matin, non pas pour lui couper les cheveux, mais parce qu'il va lui apporter un roman qui lui tient à cœur. Elle va enfin pouvoir le faire lire à Madame la fleuriste, et comme ça son amie s'apercevra que sa théorie n'est pas si farfelue que ça. Elle est perdue dans ses pensées quand Monsieur le marchand de journaux passe la porte.

— Ah enfin vous voilà ! Fantastique, je vois que vous avez dans les mains ce que je vous ai demandé.

— Oui tenez.

— Merci, vous êtes un amour ! Il faut absolument que Madame la fleuriste lise ce bouquin. Je dois lui demander un conseil pour une composition florale et j'en profiterai pour lui donner. C'est à propos d'une discussion que nous avons eu sur Monsieur Blanc mais bref, je vous expliquerai. Installez-vous je vous en prie.

Après avoir lavé les cheveux de son client et l'installer aux lavabos, Madame la coiffeuse s'enquiert si lui avait vu Madame la fleuriste ces jours-ci. Monsieur le marchand de journaux tente d'esquiver la conversation en relatant la conversation qu'il a eu à la boulangerie plus tôt ce matin.

— À propos, vous avez vu la nouvelle construction de l'autre côté du village ? Monsieur le boulanger pense qu'il y a quelque chose de louche là-dessous, qui impliquerait Madame la maire.

Madame la coiffeuse lâche les cheveux de son client, elle le fixe à travers le miroir les yeux écarquillés.

— Quoi ? Qu'est-ce que vous dites ?

— Réfléchissez une minute. Qui viendrait s'installer ou ouvrir un commerce ici ?

— Vous avez raison, il y a anguille sous roche. Tout ceci sert à cacher un secret.

Après avoir encaissé son client, Madame la coiffeuse claque dans ses mains et s'exclame :

— Je sais ! Monsieur le barman m'a parlé d'une série qu'il a regardé, une famille qui déménageait... Bref. C'est pour du blanchiment d'argent ! Oh quand je vais raconter ça à Madame la fleuriste, elle va pas en revenir !