La société de consommation n'est pas le monde moderne - 2
De la lumière qui naît à l’ampoule qui casse
Si le Monde moderne a fait naître la lumière, la Société de consommation, elle, a inventé l’ampoule qui casse. Dès 1924, un cartel est formé par l’oligopole qui réunit trois grands trusts : Philips, Osram et General Electric. Ainsi s’instaure le « cartel Phœbius » qui, contrairement au nom qu’il porte (celui du dieu Soleil) s’avère davantage propagateur de nuit que de lumière, en imposant aux fabricants d’ampoules de n’importe quelle nation du monde, une durée maximale de fonctionnement de 1000 heures. Les méthodes et moyens développés par ce cartel sont déjà si mafieux qu’il permettent à ses pseudos « législateurs » d’imposer, en marge des démocraties, de lourdes amendes aux fabricants qui ne respecteraient pas la durée maximale des 1000 heures de fonctionnement.
Seule riposte connue, celle de l’ingénieur français Adolphe Alexandre Chaillet. En 1901, il conçoit une ampoule incassable qu’il fait fixer au plafond d’une caserne de pompiers de Californie. Cette ampoule qui, depuis plus de 120 ans n’a jamais été éteinte, brille encore de nos jours.
Peine perdue, pour l’ingénieur français : les règles de l’obsolescence programmée ne vont cesser de se propager en s’appliquant sur d’autres produits : le bas nylon qui ne file pas doit se mettre à filer ; le verre doit être cassable ; le pneu crevable ; la robinetterie oxydable ; la couture craquable ; la batterie périssable ; les mécaniques résistantes des machines doivent s’enrayer ou s’essouffler, jusqu’à la panne fatale. Tous les appareils : voitures, lave-linge, télévisions, téléphones, robots ménagers, aspirateurs, ordinateurs, imprimantes… vont progressivement être réglés et programmés pour des durées de vie qui s’avèrent, en même temps, de plus en plus limitées.
Les pannes s’enchaînent, empoisonnent la vie des usagers qui ne parviennent plus à trouver de réparateurs, quand la réparation reste envisageable. Elles obligent à payer sans cesse pour des rachats en urgence – ne peut-on parler à ce sujet d’un impôt privé ? – et aggravent les difficultés financières de familles déjà endettées. Elles provoquent des dangers sur la route – quand la panne concerne un véhicule – des surchauffes d’appareils, qui peuvent exploser ou déclencher des incendies. Enfin, elle amorcent les habitudes d’une société du gaspillage, où l’on achète pour jeter du presque neuf, accentuant les problèmes de pollution, de déforestation et d’épuisement des ressources en matière première.
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