Chapitre 2 : Menaces et malédiction

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— Ahhhhhh! je me réveille subitement.

Putain de cauchemar !

Cela fait maintenant une semaine que ce rêve ne me lâche plus, chaque nuit sans exception. Des sueurs froides coulent le long de ma colonne vertébrale en laissant une traînée de terreur sur son passage. J'essaie de maîtriser ma respiration en avalant, mais je ne réussis qu'à accentuer mon essoufflement, mon cœur bat tellement vite que ma poitrine menace d'exploser.

J'enlève vivement la couverture qui m'emprisonne les jambes pour la jeter au bord du lit, je me lève et me dirige vers la cuisine pour prendre un verre d'eau. Le sol froid sous mes pieds nus me fait frissonner et le tic-tac sinistre de le vieil pendule accrochée au milieu du salon n'arrange rien à la froideur de cette grande maison vide. Je suis de nouvelle seule, Dylan, le cadet est resté dormir chez sa nouvelle copine alors que Kevin, l'aîné, habite désormais en colocation. Mes parents ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Sûrement chez des amis... Je me sers un verre d'eau pour me calmer.

Mais c'est quoi ça !?

Je sais que ce n'est qu'un rêve, mais il est si réaliste, il me fout les jetons, sérieusement.

Ça n'a aucun sens !

Il me semble avoir entendu quelque part que les rêves ont toujours un sens caché et qu'ils veulent exprimer un désir refoulé.

Mais bon sang ! Pourquoi ça m'arrive à moi ? Et pourquoi maintenant ?

Voilà tant de questions qui se bousculent dans mon esprit sans pour autant que j'arrive à obtenir la moindre réponse. La fatigue commence à se faire sentir, je regarde le pendule qui indique à présent 3h17. Je soupir de soulagement, j'ai encore un peu de temps avant de devoir me lever. Mon verre, une fois terminé, je retourne me coucher.

Les minutes passent sans que je ne réussisse à trouver le sommeil. Ce rêve, ou plutôt ce cauchemar, m'empêche de me reposer convenablement, car mon cerveau est rempli d'images horribles de cette "pièce de la terreur " comme je l'ai baptisée entre-temps. Je cache mes yeux à l'aide d'un bras en maudissant mon imagination un peu trop riche et finie par me rendormir après plusieurs tentatives ratées.

La sonnerie retentit pour annoncer la fin des cours et par la même occasion, midi. Je prends mes affaires et me mets en route vers la sortie, puisqu'on est mercredi, je dois aller à mon cours de boxe alors j'ai intérêt à me dépêcher. Le couloir est noir de monde, tous veulent se sauver au plus vite de cette cage à adolescents, ce qui explique pourquoi personne ne fait attention à moi. Et c'est bien lieux comme ça.

Soudainement, je sens un regard posé sur mon dos, je fais volte-face pour voir qui avait le courage ou la stupidité nécessaire pour me provoquer, mais je ne vois rien. Enfin, façon de parler puisqu'il y a les trois-quarts de l'école dans ce hall immense, quoique assez encombrant. J'ai un mauvais pressentiment et mon instinct ne me trompe jamais. Mon rythme cardiaque s'accélère et l'adrénaline coule déjà dans mes veines, mon corps est prêt à se défendre si le besoin se fait sentir. Je surveille les alentours, pourtant personne ne semble inquiet, ils ne remarquent pas l'atmosphère qui se fait de plus en plus menaçante. J'aperçois une fille aux cheveux noirs, mi-longs et au style gothique qui me fixe d'un regard froid et haineux. C'est étrange, son visage me dit quelque chose, mais je n'arrive pas à me rappeler où je l'ai déjà vu.

Calme-toi ma vieille, tu deviens parano. Tu manques sérieusement de sommeil. Arrêtes, tu es ridicule ! me sermonné-je mentalement.

Elle est plutôt loin, je ne la vois pas assez clairement pour pouvoir mettre un nom dessus. J'ai très bien pu la confondre avec quelqu'un d'autre, mais son regard me dit qu'elle, au contraire, me connaît très bien. Décidée à avoir le cœur net, je passer mon chemin, faisant mine de rien, je me dirige vers la porte centrale. Une fois celle-ci franchit en m'assurant que la petite gothique me suit bien, je prends la direction du parc qui se situe à seulement deux rues d'ici, feignant n'avoir rien remarqué. J'accélère le pas et aussitôt arrivée dans le parc, je me cache dans les buissons au premier tournant. Une ombre vient se poser près de moi et un simple regard vers sa propriétaire, qui me tourne le dos, me permets de confirmer mes craintes.

— Pourquoi tu me suis ! craché-je d'un ton menaçant, sortant de ma cachette.

— Qui es-tu ? répété-je un peu plus fort en voyant que la fille ne semble pas décidée à parler.

Un sourire s'étire sur ses lèvres lorsqu'elle me fait face pour me regarder droit dans les yeux.

— Tu ne me reconnais pas ?! rit-elle, l'air étrangement amusée.

Mes yeux se plissent d'eux-mêmes alors que je tente de me souvenir.

— Non, je ne vois pas. En toute franchise, hein.

— Mon nom est Manon !

Mais puisque je ne comprends pas, elle reprend :

— Manon Bailly !

— Nope ! Toujours pas....

Mon ton est lassé, je n'aime pas perdre mon temps comme ça. Elle a intérêt à s'expliquer rapidement sinon je me barre.

— Nous étions toutes les deux collées après les cours la semaine passée.

— Ahhhh..., fis-je sans m'y intéresser vraiment.

— Oui "ahhhh ...", m'imite-t-elle pour se moquant de moi.

Voilà pourquoi son visage me semblait familier, pourtant, Barbie a changé complètement de look, troquant ses vêtement audacieux pour d'autres nettement plus "ténébreux" et son maquillage ne contient plus que du noir. Elle a même teint ses cheveux blonds.

— Oh, je vois. Tu es tombée dans un seau de pétrole entre-temps. Mais je ne vois pas ce que ça avoir avec moi.

Ma réplique sarcastique exprimé à la fois mon manque d'intérêt et mes nerfs qui commencent à s'échauffer. Le nouveau Voldemort me fusillé du regard.

— Espèce de.... !

— Je n'ai pas tout mon temps à raccorder alors je te conseille d'être directe si tu ne veux pas m'énerver que je te fasse faire de la chirurgie plastique.

Sa réaction m'étonne. Elle rit, enfin, elle ricane plutôt. Les yeux plissés et les sourcils froncés, je serre les poings en essayant d'être le plus calme possible :

— Qu'est-ce qui te fait marrer !

— Tu dors bien depuis une semaine ?

— Comment ça ?!

— Oh non rien, je voulais seulement m'en m'assurer...

Prise de court, je veux lui demander des explications, mais elle me devance en articulant :

— Ça t'intéresse, hein ? Tu veux savoir comment je sais tout ça, non ?!

J'acquiesce, agacée, mais curieuse et elle poursuit.

— Tu es intrigué, hein ?!

Elle se fout de moi là ? Bon OK, elle me soûle !

Je fais volte-face et prends la direction de chez-moi en ignorant l'expression surprise de mon interlocutrice qui ne cherche même pas à me retenir. Mais de loin, je l'entends me crier :

— ADIEU ! et elle part dans un de ses rires diaboliques que l'on entendait que dans les vieux films maintenant. Vous voyez le rire de bon vieux psychopathe ? Eh bien, c'est le même, en plus aigu.

Elle a pété les plombs ! C'est quoi cette folle...

Après une bonne dizaine de minutes de marche, en m'assurant bien que la cinglée gothique ne me suit pas, j'arrive enfin chez moi. Le temps de déposer mon sac, prendre mes affaires de boxe et manger une poire, je me remets aussitôt en route vers la station de métro la plus proche.

Sur le chemin de l'allée, une fine pluie s'abat sur Bruxelles, qui a profité jusqu'à présent d'un temps assez clair. Je lève la main pour mieux sentir le petit brouillard de pluie qui roule lentement sur ma peau. J'aime sentir le contacte de l'eau, étrangement, ça me calme... Levant le regard vers le ciel couvert de gros nuages gris, je peux sentir une tension palpable dans l'air chargé l'électricité et d'humidité. Une tempête ne va pas tarder à éclater. J'ai beau aimer l'eau, je regrette tout de même de ne pas avoir pris de parapluie.

Une fois arrivée à la station de métro, je fais glisser mon abonnement sur le capteur pour pouvoir descendre. Étrangement, la station est vide, ce qui est plutôt surprenant pour un mercredi après-midi. J'ai dû attendre cinq minutes avant qu'un métro arrive et toujours personne à l'horizon. Des frissons me traversent le dos, je ne suis pas peureuse en général, loin de là, mais avouez que ce genre de situation est spécialement conçu pour les films d'horreur. Et je n'aime pas les films d'horreur !

Une fois installée dans le métro, je suis rassurée par la présence de trois personnes qui me semblent à peu près normales, pas de types louches à l'horizon, même si je peux m'en charger sans problème. Tout se passe normalement, les trois personnes descendent chacune à un arrêt, personne ne monte, mais aucun autre incident étrange, tant mieux. Il ne me reste plus qu'un arrêt et j'espère qu'on ne m'engueulera pas pour mon retard.

Avant que les portes ne se ferment et que le métro ne redémarre, une fine silhouette noire apparaît devant la porte du métro, à quelques pas devant moi, c'est elle, Barbie gothique.

Elle affiche un rictus mauvais alors que ses yeux lancent des éclairs. Elle semble satisfaite d'elle-même, mais pourquoi ? Et qu'est-ce qu'elle fait ici ? Elle est complètement tarée cette fille !

Je me redresse et m'apprête à parti à sa rencontre pour mettre les choses au clair, mais les <<bip, bip>> qui annoncent la fermeture des portes se déclenchent et je n'ai pas le temps de sortir que déjà le métro s'apprête à partir.

Le sourire de la gothique s'élargit devant ma mine déconcerte et ses lèvres articulent un mot que je n'oublierai sans doute jamais

Adieu !

Suite à cela, tout s'enchaîne, le métro démarre, ce qui me fait presque tomber à la renverse, mais rien d'inquiétant à ce moment-là. Seulement, le métro continue d'accélérer et après un moment, les lumières s'affolent, s'éteignent et se rallumaient à un rythme soutenu. Les stations de métro s'enchaînent sans que le métro ne ralentisse et à chaque fois, pendant une fraction de seconde, je peux entendre les cris des personnes qui attendent sur le quai, quand ce ne sont pas mes propres cris à moi. Mon sac de sport m'a été violemment arraché des bras et est parti valsé au fond du wagon. Je m'agrippe désespérément à la barre de fer pour ne pas suivre son exemple et cri aussi fort que mes poumons me le permettent. Le crissement des rails fait bourdonner mes oreilles et pour la première fois de ma vie, je me suis dit : c'est la fin ! Une lumière blanche m'ébloui, signe que le métro est remonté à la surface. Le bruit d'un choc n'a pas le temps d'arriver à mes oreilles que je me sens déjà projetée en avant avec une force dévastatrice.

Lorsque je reprends connaissance, je sens la présence de plusieurs personnes autour de moi.

Je ne suis pas morte ?!

Impossible de le dire, tout mon corps souffre et me crie de l'épargne. Ma tête me fait tellement mal que je n'arrive pas à ouvrir les yeux. Si j'ai pu survivre, je ne tiendrais plus longtemps sans soins.

— Elle a dû avoir une mort assez terrible pour être aussi salement amochée, constate une voix d'homme penché sur moi. Elle récupérera en quelques heures, un bon petit sommeil et elle n'aura plus mal, je vais lui administrer la piqure pour qu'elle guérisse plus vite.

— Voilà tant d'avantages à être mort ! rit quelqu'un. Je me demande ce qu'elle a bien pu faire pour se retrouver ici...

— Ce n'est pas notre problème Jack, intervient froidement un autre non loin. Notre travail consiste seulement à la ramener dans sa cellule sans encombre, tu sais bien que c'est aux juges de se charger de son cas. Et malheureusement pour eux, elle arrive dans un moment critique, la salle des jugements est en rénovation, ils devront se débrouiller dans l'une des salles des étages supérieurs, beaucoup moins confortable.

— Ouais, tu m'étonnes, avec tout le carnage que les derniers détenus ont provoqué et puis depuis le temps, cette vieille salle en avait vraiment besoin, de la rénovation, je veux dire. Pas du carnage.

Une voix féminine intervient pour les stopper :

— Ce n'est pas bientôt fini, oui ?! Elle risque de se réveiller d'une minute à l'autre et vous, vous ne trouvez rien de mieux à faire que de jacasser comme de bonnes vieilles femmes ! Allez, au boulot les gars !

Sur ses mots, j'entends des soupirs et des bras puissants me soulever.

— Vitala a raison, elle ne doit pas se réveiller avant qu'elle ne soit dans sa cellule, sinon elle risque de se débattre et de nous faire perdre du temps ! Vito, combien de temps nous reste-t-il avant l'arrivée d'un autre ?

— Euh... Un peu moins de cinq minutes...

J'entends pester.

— Bien, dépêchons-nous !

Je ne peux entendre la suite de la conversation, car une aiguille me transperce la peau et je sombre dans un profond sommeil.

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