À toi que j'ai aimée

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Cher ange-brisure,

Il y a des mots, des attitudes et des silences qui blessent. Tu n'as pas dit ce qu'il aurait fallu dire pour apaiser ma peine. Tu ne t'es pas comportée comme tu aurais dû te comporter pour soigner mes maux. Tu ne t'es pas tue lorsqu'il fallait te taire pour emporter mon petit sac de larmes et de miettes.

Qu'est-ce que tu m'as fait ? Tu m'as brisée. Comme personne avant toi. Parce que, toi, je t'aimais. C'est bête de ne se rendre compte d'un visage qu'après tout ce temps. Cela m'aurait épargné bien des sanglots et des douleurs.

Te souviens-tu de ces innombrables fois où tu m'as ignorée ? "Pour ton bien". "Parce que j'étais occupée". "Parce que je ne savais pas quoi répondre". Te souviens-tu des fois où tu m'as blessée ? Je crois qu'il est impossible d'énumérer toutes ces fois. Un couteau supplémentaire dans ma poitrine. Chaque jour. Pendant plus d'un an. Plus d'un an.

Tu crois vraiment que je vais te pardonner ? Plein de fois, je t'ai tendu la main, tendu une perche qu'il t'aurait suffi d'attraper pour nous retrouver. Je ne t'aurais pas demandé de me bercer de faux espoirs ou de faire mine de m'aimer de nouveau pour satisfaire mon petit ego de princesse abandonnée. Je suis restée en février quand tu m'as dit que tu aurais déjà révélé tes secrets à ta meilleure amie depuis belle lurette, mais jamais à moi. Je suis restée en avril, quand tu m'as reproché d'avoir introduit celle-ci dans un conflit qui ne la regardait pas. Je suis restée le 10 mai, quand tu m'as dit que je ne t'aidais pas du tout, que je ne servais à rien, que je ne pouvais pas savoir à quel point tu l'aimais, que tu voulais me tuer, que je ne connaissais pas ta vie, wesh. Je suis restée après, quand tu m'as larguée en m'expliquant que tu t'étais trompée, que tu avais joué avec mes sentiments, en somme. Je suis restée, je t'ai soutenue auprès de tes amies qui te reprochaient ton comportement. Je suis restée malgré les "tout va bien dans certains esprits", "on m'a obligée à faire quelque chose qui va ruiner ma vie", "j'écris ce genre de lettre à ma meilleure amie, d'habitude, mais pour une fois je vais changer". Je suis revenue en juin, quand tu as remplacé l'élue de ton coeur par moi. Je suis restée ensuite. Toutes ces fois où tu pétais un câble en disant que tu perdais la notion d'amitié, que ton père te faisait chier, que tu n'arrivais pas à écrire comme tu le voulais, qu'on ne te comprenait pas. Je suis restée quand tu m'as dit que tu ne savais plus si tu m'aimais, puis que tu "pensais" m'aimer. Je suis restée tout le temps. Je t'ai écrit des lettres. Je t'ai corrigée mille fois, tes "je regarda", "quelque conque", "j'ai terminer". Je t'ai écoutée parler de tes notes, te vanter de ton dernier bulletin. Je n'ai rien dit, même quand je te trouvais hautaine, désagréable ou froide. Oui, c'est arrivé. Mais je m'arrangeais pour enrober mes propos et ne pas te blesser.

Et toi... Tu m'ignores toute la journée. Puis tu m'envoies ce message qui dit que ça ne marche plus entre nous. Ne te fais pas de mal ! Si quelqu'un m'a fait du mal, je n'en suis que partiellement responsable. Et, le lendemain, tu dis que je ne pourrai pas le cacher indéfiniment, donc c'est bien d'en avoir parlé à ma soeur, merci de me l'avoir dit.

Et... tu crois que je vais te pardonner ? Arrête de jouer à celle qui blesse par étourderie. J'ai toujours été là, il a été temps de faire demi-tour des dizaines, des centaines de fois. JAMAIS, PAS UNE SEULE FOIS, tu n'as changé. Tu as refait les mêmes erreurs. Redit les mêmes méchancetés. Recommencé à m'ignorer, à me blesser. Toujours.

Il y a un moment où c'est trop tard. Tu ne pourras jamais revenir en arrière. Je n'oublierai jamais que tu es celle qui m'a parfois humiliée, une fois insultée, quelquefois méprisée, puis blessée, brisé, enfin abandonnée. Toujours, tu me feras peur. Parce que, oui, j'ai peur de toi. Je ne sais pas qui tu es. Tu portes la différence comme un étendard. Pourtant, ces amies qui n'étaient apparemment plus du même monde que toi, tu as été bien contente de leur apprendre que tu m'avais larguée pour la deuxième fois. Yes, enfin réussi à m'en débarrasser !

Je te déteste pour tout ce que tu m'as fait, tout ce que tu ne m'as pas fait. Tout ce que tu es, tout ce que tu fais semblant d'être. Choisis un monde, apprends ses codes et reste-y. Tu es comme les autres. J'ai vu en toi quelque chose qui n'était pas réel. Ou alors, cet élément était trop fragile, il s'est brisé trop souvent, tu n'as jamais été capable de le réparer vraiment. Ce ne sera pas toi qui me répareras.

Tu te plains de toi-même. Ce n'est pas de ta faute, c'est malgré toi, ce n'était pas ce que tu voulais faire, tu souffres, on ne te comprend pas. Les mots ont une portée. Si tu en fais les frais aujourd'hui, c'est tant pis pour toi. Je ne veux plus de toi dans un monde que tu as partiellement détruit. Tu aurais pu m'envoyer un message ici, depuis ton autre compte, sur le portable de mon père, sur le groupe Whatsapp, me retenir au théâtre ou me faire passer un message par le biais d'une amie. Que dalle. Et tu t'étonnes, maintenant ? Laisse-moi partir. Fiche-moi la paix. Va te faire foutre.

Amicalement,

P. A

Et pourtant, je t'ai aimée si fort...

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