Lille, août 2021

Je n'ai pas été régulière dans l'écriture de ce journal, mais les événements se sont enchaînés trop vite depuis notre retour. J'avais commencé la rédaction sur Samsung note pendant les vacances suite au besoin de mettre de l'ordre dans mes pensées là-bas. Un outil pratique mais impersonnel qui a sans doute aussi contribué à ce retard.

Hier, mon bébé est partie pour un peu plus de quatre mois à l'autre bout du monde. Je l'ai déposée à l'aéroport et j'en ai profité pour acheter un joli calepin bleu azur sur place. J'allais avoir plus de temps pour coucher mes pensées sur papier, autant être dans des conditions plus agréables.

Pour mon retour d'Algarve, Annabelle avait préparé une nouvelle recette de lasagne végétarienne dont l'odeur alléchante emplissait notre duplex à mon arrivée. Je lui ai raconté nos rencontres avec les naturistes mais je ne lui ai pas parlé d'Arturo. On a beau être complices, nous gardons quand-même chacune un petit jardin secret.

En soirée, le cousin de Zoé est venu nous rejoindre. C'est un beau garçon aux boucles sauvages qui se prénomme Nathan. Son air décontracté a dû contribué à séduire ma fille. Je l'aime bien, et pas uniquement parce qu'il donne un motif à ma fille de revenir d'Argentine. J'ai appris qu'il avait insisté auprès de sa cousine pour qu'elle s'assure qu'Annabelle serait présente lors du week-end qu'elle organisait à Wissant. Il avait rencontré Annabelle lors de l'anniversaire de Zoé. Le reste, c'est leur histoire... Ils ont voulu passer le plus de temps possible ensemble avant son départ et Annabelle à même retardé son départ chez son père d'une semaine. Ses priorités changent, c'est la vie.

Avant son départ, je l'ai informée de mon intention d’entamer la discussion concernant le divorce. Et elle m'a simplement répondu « il était temps », il n'y avait plus rien entre vous depuis longtemps. Elle a raison. Les sentiments négatifs ou positifs altèrent toujours le jugement. Elle n'a pas envie que je lui en dise plus, et c'est très bien comme cela.

J'espère que le temps aura fait son œuvre et que la séparation pourra se faire sans heurts. J'ai préféré envoyer un message sur WhatsApp, lui proposant une visio pour en discuter lorsque son emploi du temps le permettrait. Il m'a souvent reproché de vouloir tout, tout de suite. Je pense qu'il est comme beaucoup d'homme, il considère que si les demandes de sa femme sont réalisées dans les six mois, il est dans les temps. J'attends toujours une réponse, même si cela devait arriver un jour, il a sans doute besoin d'un peu de temps pour faire le point. Mais je suis prête à le relancer début septembre si son silence s'éternise.

Demain je vais aider Édith à terminer ses cartons avant l'arrivée des déménageurs. Même si Maubeuge n'est qu'a une heure en voiture d'ici, je ne pourrai plus passer chez elle aussi souvent qu'avant. Nos vacances nous ont rapprochées et elle est maintenant l'amie dont je me sens la plus proche.

Je discute avec Arturo certains soir, nos horaires professionnels ne correspondent pas toujours. Il n'oublie cependant jamais de m'envoyer un message pour me souhaiter une bonne journée, ou pour me demander si ma journée a été bonne. C'est agréable d'être dans les pensées d'un homme aussi attentionné.

Pendant les vacances, il était plus facile d'essayer de vivre au jour le jour, surtout avec les encouragements d’Édith. Maintenant, la distance montre ses contraintes. Je sais que personne ne déclare un amour éternel à une personne qu'il ne connaît que depuis trois jours. Et pourtant, j'aurai bien besoin d'au moins un peu d'espoir pour continuer à y croire certains jours. "Qui vivra, verra"