Confidences
Toulouse, mardi 29 janvier
Camille Choiseul menait une vie facile et agréable, n’ayant pas trop à se soucier des rentrées financières à la fin du mois. Les honoraires confortables de Léonard auraient largement suffi à assurer à leur couple un train de vie enviable, mais elle jouissait de surcroit de revenus personnels, principalement issus du patrimoine immobilier légué par sa famille. Elle avait en outre une activité de décoratrice, largement alimentée par les nombreuses relations mondaines du couple Torrès. La jeune femme travaillait avec une associée, Carmen Hernandez, qui avait principalement pour mission d’assurer l’animation de leur galerie toulousaine. Le physique avenant de Carmen n'était pas étranger au succès de leur petite entreprise. L’associée de Camille avait le caractère bien trempé d’une fille d’Andalousie, dont les grands-parents avaient fui l’Espagne franquiste lors de la Retirada. Un peu plus âgée qu'elle, elle menait une vie libre, sans mari ni enfant. C’est Carmen qui avait initié Camille à la vie nocturne toulousaine et qui avait largement contribué à sa rencontre avec Léonard. Les deux femmes n’avaient que très peu de secrets l’une pour l’autre et prenaient particulièrement plaisir à partager leurs expériences libertines. Lorsque Léonard envoya un message à Camille pour l’avertir que leurs nouveaux amis avaient publié quelques photos, c’est tout naturellement que les deux complices se retrouvèrent derrière l’écran.
« C’est ce couple dont tu m’as parlé la semaine dernière ? demanda Carmen.
— Oui, nous les avons rencontrés au Pink. De parfaits ingénus. C’était leur première sortie en club. Tu aurais vu la tête de la fille quand j’ai essayé de la caresser…
— Montre-moi les photos ! trépigna Carmen.
— Attends ! Léo m’a dit de chercher Tom & Mary.
— Tom et Mary, on dirait un duo des années 70 !
— Ils n’ont pas connu cette époque, nous non plus d’ailleurs. Voilà, c’est ici.
— Eh, dis donc, elle est bien foutue, apprécia l’Andalouse.
— Tu as raison, la robe qu’elle portait l’autre jour ne la mettait pas trop en valeur, mais là, ça donne vraiment envie. Elle a de jolis seins.
— Et lui, Tom ?
— On va voir s’il a osé. Oui, il y en a quelques unes. Je te le laisse si tu veux, il ne m’inspire rien.
— Il est quand même pas mal, commenta Carmen.
— Je n’aime pas les barbus, répliqua Camille avec sérieux.
— Moi, ça ne me dérange pas. Qu’est-ce que vous avez prévu ?
— Léo a envie de jouer un peu, tu sais comme il est, un chat avec une souris. Moi, j’ai très envie de faire l’amour avec elle.
— Tu n’as pas dit qu’elle avait mal réagi ?
— Oui, mais je crois que c’était juste la surprise. Je suis sûre que je saurai la séduire. En tout cas, je vais essayer.
— Vous allez les inviter à une soirée ?
— Non, je ne crois pas, ils ne sont pas encore prêts pour ça. Je crois qu’on va leur proposer de se revoir au Pink ou au Cap 270, à moins qu’on essaie un sauna.
— Tu me raconteras ? Je veux bien m’occuper du mec si tu n’en veux pas.
— Pourquoi pas, ça pourrait être amusant. »
La discussion fût interrompue par le tintement de la sonnerie de la boutique. Camille rabattit l’écran de l’ordinateur et Carmen alla au devant des visiteurs.
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