Les disparus de l’Herm

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Muret, mercredi 12 février

Laurent Ducros gara la Kangoo bleue devant la Gendarmerie de Muret. Il avait appelé ses collègues le matin même pour les prévenir de son passage. Le lieutenant Marty les reçut, lui et Marchand, très cordialement.

« Après votre appel, engagea le lieutenant, j’ai envoyé une équipe au domicile des époux Delcasse. Ils ont trouvé la maison fermée. On vous y accompagnera tout à l’heure.

— N’avez-vous pas trouvé curieux que personne ne donne suite à la première mention de leur disparition ? demanda Ducros.

— Vous savez, il arrive souvent que des personnes ayant fait l’objet d’une déclaration réapparaissent sans nous prévenir. C’était au mois d’août, la période des vacances.

— Il est tout de même troublant que personne ne se soient manifesté. Ils n’avaient pas de famille ?

— Il faudra leur poser la question. Pour la famille, Franck, le mari a un fils, mais il vit avec sa mère en Espagne. »

Comme Ducros s’étonnait que Maria Cantoni n’ait pas relancé les gendarmes, le lieutenant acquiesça.

« C’est vrai, mais de notre côté, sans nouvelle sollicitation, nous n’avions pas vraiment de raison de bouger.

— Bon, coupa Ducros, de toute façon, on n’est pas là pour chercher un responsable, mais pour essayer de savoir ce qui leur est arrivé. Le procureur d’Albi a validé l’extension de nos investigations. On va aller faire un tour à l’Herm, et si nécessaire, nous organiserons une perquisition à leur domicile.

— Je vais appeler mon adjointe, Maïté Langlois, elle va vous emmener sur place, ce n’est pas très facile à trouver. »

Quelques minutes plus tard, les trois gendarmes étaient dans la Dacia Duster conduite par Langlois. La conductrice engagea le véhicule dans un chemin mal entretenu, un peu à l’écart du village. Elle s’arrêta devant un portail en bois mal fermé.

« Je comprends pourquoi les voisins n'ont rien dit, remarqua Ducros, il n’y a pas une habitation à la ronde.

— Non, en effet, répondit Langlois. Pour ce que nous avons pu apprendre, les Delcasse n’avaient que peu de relations avec leurs voisins. Le mari, travaillait au CNES, il voyageait beaucoup. La femme, Stéphanie, était illustratrice free-lance, elle avait un petit bureau à Portet sur Garonne.

— Vous en parlez au passé, remarqua Ducros, rien ne nous dit qu’ils sont morts.

— Oui, c’est vrai, mais s’ils ont organisé leur départ, pour changer de vie, ça revient un peu au même.

— C’est pas faux ! ponctua Marchand.

— Vous êtes rentrés ? demanda Ducros.

— Oui, la barrière n’est pas verrouillée. Nous avons fait le tour de la maison, il n’y a rien d’anormal.

— On va interroger les services publics pour savoir si les factures d’eau et d’électricité sont payées. »

Les gendarmes parcoururent la centaine de mètres séparant le bâtiment du portail. La végétation avait commencé à pousser de part et d’autre du chemin. Une partie du terrain était gravillonnée, de l’herbe commençait à pousser. La construction principale devait dater de la fin du XIXe ou début du XXe siècle. Sans doute une résidence secondaire, avec un corps principal en briques, flanqué de deux petites tourelles. Des matériels rangés sur l’arrière laissaient penser qu’une rénovation était en cours. Autour de la maison, ce qui avait dû être une pelouse ressemblait maintenant à une prairie sauvage. Une piscine était remplie d’une eau noire, couverte de feuilles mortes. Sur l’arrière, dans un garage ouvert, une Citroën C4 récente était couverte d’une épaisse couche de poussière.

« Il est évident que personne n’est venu ici depuis un bon moment, conclut Ducros. Essayons l’habitation. »

La porte d’entrée, en haut d’un petit perron, était verrouillée. Les volets étaient ouverts, les gendarmes jetèrent un coup d’œil à l’intérieur au travers des vitres sales. Tout semblait en ordre.

« Nous allons demander au Parquet d’organiser une perquisition, annonça Ducros. Sans doute demain ou vendredi. On n’est plus à un jour près. Je vous préviendrai. On va passer à Portet, au bureau de la femme. C’est sur le chemin du retour de toute façon. Vous avez l’adresse ? »

La nuit commençait à tomber quand Marchand gara la Kangoo dans une petite zone d’activité. Plusieurs bâtiments d'étage abritaient de nombreuses entreprises. Ducros repéra les locaux de Stéphanie Delcasse. Bien entendu, personne ne répondit à leur sollicitation. Le gendarme alla se présenter à la porte voisine. Une jeune femme leur ouvrit. Interrogée sur l’absence de l’occupante du bureau voisin, elle ne sut que répondre, étant employée depuis peu de temps. Elle proposa d’appeler son patron.

Les gendarmes laissèrent la réceptionniste se diriger vers une petite pièce sur l’arrière. Un homme d’une cinquantaine d’année en sortit aussitôt pour venir à leur rencontre. Celui-ci confirma n’avoir pas croisé sa voisine depuis plusieurs mois. Comme Ducros s’étonnait qu’il ne se soit pas posé plus de questions, il ajouta qu’elle ne passait de toute façon que rarement. Il s’était donc dit qu’elle avait peut-être résilié son bail.

« Son nom est toujours sur la porte, remarqua Ducros. Elle n’avait pas d’employés ? Des clients, qui seraient venus ici ?

— Non, à part vous, personne ne s’est inquiété d’elle. »

Les deux gendarmes quittèrent les lieux avec les coordonnées du gestionnaire des locaux.

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