Fourrière municipale
Toulouse, vendredi 14 février
Laurent Duclos avait appelé le service de la fourrière municipale en quittant L’Herm, afin d’être certain de trouver un cadre responsable en arrivant sur place en ce vendredi après-midi. Par chance, le chef de service qui avait procédé à l’ouverture de la Renault quelque jours plus tôt était encore présent. Il se souvenait de la visite des deux gendarmes et accepta de les attendre. Afin de gagner du temps, le maréchal des logis lui spécifia l’immatriculation du véhicule qui les intéressait cette fois.
« Une BMW X5 assez récente si j’en juge par l’immatriculation. Elle doit être chez vous depuis un bon moment.
— Vous avez de la chance, répondit le gestionnaire après un moment, nous l’avons toujours. C’est parce que c’est un véhicule haut de gamme, normalement, elle aurait déjà dû être vendue aux enchères.
— Très bien, nous serons là dans une quinzaine de minutes, préparez le matériel pour l’ouvrir. Nous avons la commission rogatoire ! »
Marchand mit l’avertisseur lumineux et la sirène en marche pour leur permettre de se frayer un chemin sur la rocade encombrée. Il ne leur fallut que douze minutes pour arriver à destination.
« La voiture qui vous intéresse est au fond du parc, précisa l’employé, je vous préviens, on ne l’a pas lavée !
— Ce n’est pas l’extérieur qui nous intéresse. Vous l’avez ouverte ?
— Non, j’ai pensé qu’il valait mieux vous attendre.
— Vous avez bien fait, allons-y ! »
La couleur de la BMW était difficile à déterminer, tant la couche de poussière était épaisse, mais l’immatriculation restait bien visible. L’employé sortit de sa poche un boitier ressemblant à un terminal de paiement et manipula quelques touches. Après quelques instants, les portières se déverrouillèrent.
« Voilà, vous n’aurez peut-être pas accès aux informations de l’ordinateur de bord, la batterie doit être à plat, elle est quand même là depuis plus de six mois.
— Rappelez-moi où et quand elle a été enlevée, demanda Ducros.
— Le 9 septembre, au parking public Esquirol, répondit l’employé après avoir consulté ses notes. Le concessionnaire du parc avait prévu des travaux de nettoyage et ce véhicule était le seul resté dans la zone neutralisée. Les bornes d’entrée enregistrent les immatriculations, la BMW était entrée le 17 août. Il n’y a eu aucune demande concernant le véhicule avant vous. C’est quand même surprenant, une voiture comme ça, même d’occasion, vaut largement plus de cinquante mille euros.
— S’il n’y avait que ça ! répondit le gendarme, sur un ton mystérieux.
— C’est une voiture qui a participé à un casse ? demanda l’homme de la fourrière.
— Non, mais je ne peux pas vous donner de détails, répondit Ducros. »
Pendant cette conversation, Marchand avait entrepris la fouille du véhicule.
« Regarde, c’est curieux ! intervint le jeune gendarme à l’attention de son supérieur. Le pare-soleil passager est baissé et la boîte à gants est ouverte, il y a une trousse de maquillage sur le sol.
— Elle a dû tomber pendant le remorquage, fit remarquer l’employé.
— Tomber d’où ? demanda Ducros.
— De la boîte à gants !
— Imaginons que la passagère s’est remaquillée avant de quitter la voiture et elle n’a pas refermé l’abattant. Ça se tient, exposa Marchand, quand la dépanneuse a soulevé la voiture, avec les vibrations, elle a glissé.
— On ne touche à rien, avertit Ducros, on va laisser les techniciens rechercher les empreintes.
— Il n’y a rien dans les vides poches à l’avant. Je regarde à l’arrière, annonça Marchand en ouvrant la portière de gauche. Tiens, il y a un sac ouvert. Des vêtements de femme, en vrac.
— Elle ne s’est pas seulement maquillée, elle s’est changée, conclut Ducros.
— Quand on sort, on s’habille avant de partir non ? osa l’employé.
— Ça dépend où on va, répondit le gendarme avec un air malicieux. »
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