Prologue, ou les raisons d’écrire
Je ne sais pas trop par où commencer. Et je ne le saurais certainement jamais. Disons déjà que tout ceci risque d’être particulièrement décousu. Je vais écrire sur des inspirations soudaines, des souvenirs effacés, des doutes et des croyances. A peu prés tout et rien. Il va sans dire que je risque de faire des allers et retours, de revenir corriger, préciser des propos ; tout ceci sera particulièrement organique.
Je suis un auteur qui aime le Secret. J’ai l’habitude de dire que j’ai à cœur de faire écrire avec moi le lecteur, de l’inviter dans une littérature ergodique qui joue avec les symboles, avec la forme et le fond pour offrir une expérience qui est en rupture avec les appréciations immédiates et instantanées. Alors je me perds bien souvent en poésie, où symbolisme et densité sont des maîtres mots, et où je sais trés bien que je m’adresse sincèrement qu’à une poignée de lecteurs choisis, parfois même moins. Car c’est une sacrée manie chez moi, vouloir parler, vouloir raconter des choses et disserter ; mais en même temps, se cacher avec pudeur, car d’une certaine manière, j’ai peur de ce que je peux écrire, ou peut-être, plutôt, de comment l’Autre réagira.
Alors j’en ai dit des choses, ma poésie (et dans une autre mesure ma prose) est truffée d’intention, de destinations, de paroles volées, de secrets. Je n’ai jamais pu m’en empêcher, la littérature est trés souvent un objet cathartique. Mais ça a ces limites. Croyez-moi bien, j’aime ça, plus que tout au monde ; mais je pense qu’il me faut aussi revenir sur toutes ces pensées, tous ces souvenirs, et les regarder à cœur ouvert. D’une certaine manière, j’en ai un peu marre de toujours jouer sur les contours, je pense avoir besoin d’être au centre de la pièce, le miroir en main, au moins une fois dans ma vie, et sans le moindre artifice.
Lors ici, nulle poésie, nul symbolisme, rien de stylistique, rien de bien littéraire même. Je vais discourir seul, face à moi-même, dans le silence de mes rétrospectives. Je déteste la grandiloquence de ce mot, mais nous parlerons, j’imagine, d’une autobiographie, peut être couplée d’essais ou de réflexions, je ne sais pas, le futur nous le dira.
Aussi, c’est bien le seul texte qui violera ma règle trés personnelle et capitale d’une écriture toujours dédiée à l’Autre. Qu’elle soit dédiée aux choses que j’exècre, aux gens que j’aime ou les Astres, ou tout ça à la fois.
Celui-ci, il m’est dédié à moi seul. Juste à moi et seulement moi.
J’espère tout de même avoir le courage de respecter mes engagements de toujours publier ce que j’écris ; il ne faut pas, à mon sens, que ces mémoires restent enfermées dans un dossier étroit et empoussiéré. Sinon, comment tuer le Mot ?
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