De sa voix mélodieuse, Sélène débuta son récit, celui d'une aventure légendaire qu'Hanaé connaissait bien mais qui jamais ne perdait de son éclat.

La lumière tamisée de la petite lampe de chevet offrait une ambiance mirifique à cet instant magique qu'elle allait à nouveau découvrir.

" Il était une fois un petit garçon nommé Hans qui vivait avec ses parents dans un village bordé de chênes et de peupliers. Le seul moyen de se rendre dans les contrées voisines n'était autre que la route principale, un sentier usé par les nombreux allers et venues des charrettes et par le poids des chevaux. L'école du petit garçon se trouvait à plusieurs kilomètres en suivant cette route de fortune et pour s'abreuver de savoir, de calcul, d'histoire et de géographie, Hans n'hésitait pas à l'emprunter quotidiennement.

Un jour de grand vent, des arbres s'étaient déracinés, rendant le chemin impraticable. Cependant, le jeune enfant était bien décidé à braver ce problème. Aussi porta t-il son regard vers l'immense forêt qui se tenait juste devant lui, ses grands yeux écarquillés. On racontait qu'elle renfermait un terrible monstre qui engloutissait quiconque se perdait dans ces bois. Le petit garçon n'avait pas peur. Il connaissait ces histoires mais n'y croyait pas, pensant que les grandes personnes voulaient simplement faire peur aux plus jeunes. Aussi, avec courage, il pénétra dans la forêt, et s'aventura entre les troncs d'arbres tel un vaillant chevalier.

Mais à mesure de son avancée, la lumière du soleil déclinait et il se retrouva encerclé par la noirceur des bois. Il erra durant des heures sans retrouver son chemin, perdu dans les limbes de la sylve.

Hululements. Hurlements. Bruissements.

La forêt des secrets s'exprimait, augmentant la peur dans le cœur du jeune garçon. Terrorisé, il se mit à courir, courir, courir durant de longues minutes en louvoyant entre les arbres jusqu'à ce qu'il aperçoive un léger faisceau lumineux. Il continua puis lorsqu'il fut arrivé près de cette source de lumière exceptionnelle, le souffle haletant, il fut ébahi par ce qu'il vit. Devant lui se tenait une magnifique fontaine naturelle qui s'écoulait de petits rochers ambrés pour terminer sa course dans un bassin dont l'eau scintillait comme de petits joyaux étincelants. Au-dessus, entre les branchages, des milliers de lucioles virevoltaient dans un ballet lumineux exceptionnel. Hans fut complètement subjugué par toute cette beauté. Il s'approcha à pas de velours vers cette petite étendue d'eau puis entendit une voix fluette lui conter l'histoire de cette fontaine enchantée. Il apprit alors qu'elle avait le pouvoir d'exaucer le moindre de ses vœux.

Hans réfléchit à tout ce qu'il pourrait avoir : des jeux et jouets, des étoffes et vêtements, des amis et cadeaux de toute sorte, puis il regarda tout autour de lui et un vœu s'imposa à lui. Il ferma les yeux et pensa très fort à ce qu'il souhaitait le plus au monde. En un instant, des milliers d'étoiles tournoyèrent autour de lui, la magie opérait et ...."

• ... il se retrouva devant la porte de son école, termina la petite Hanaé tout enjouée.

Sa maman lui offrit le plus angélique des sourires avant de lui frotter les cheveux et de la gratifier d'un "petite chipie" qui la caractérisait si bien. La jeune Hanaé aimait terminer cette histoire en inventant un nouveau souhait, chaque soir avant de s'endormir, sous le regard attendri de Sélène.

Hanaé adorait cette histoire, elle lui permettait d'entrer dans son sommeil l'imagination débordante et l'esprit léger.

Un baiser sur le front scella cet instant de complicité, puis Sélène repartit dans le salon, retrouver Anton, son mari, occupé à façonner une jolie statuette en bois de merisier.