• Miaaaaaaaaou ! hurla Fibber après cette longue chute vertigineuse dans les profondeurs de la Forêt Blanche. Tu veux bien te pousser jeune fille?

Hanaé, allongée sur la queue de son compagnon de voyage, se dégagea sur le côté lui laissant l'opportunité de souffler. Elle glissa un léger "désolée" que Fibber ignora trop concentré à brosser ses poils ébourrifés. Lorsqu'il eut finit, il s'étira de tout son corps puis s'assit fermant très fort ses yeux, puis les rouvrant à multiples reprises.

• Pourquoi tu clignes des yeux ? Tu t'es fait mal ? s'inquiéta Hanaé.
• Laisse-moi me concentrer, veux-tu !
• Pourquoi ?
• Ne cesseras-tu donc jamais de poser des questions ? souffla-t-il, exaspéré.

Puis, l'animal reprit son activité, sous le regard intrigué de la jeune fille, assise en tailleur face à lui. La descente fut brusque mais étrangement sans douleur, ce qui ne manqua pas d'intriguer la jeune enfant.

Effrayée par la pénombre, elle n'osa pas s'aventurer dans cette espace caverneux et humide. Alors, elle préféra rester aux cotés de Fibber, qui paraissait beaucoup plus valeureux que les fées et les nymphes rencontrées plus tôt. Elle pensait être en sécurité auprès de lui et sa connaissance de ce monde fantastique l'assurait dans la quête de la Pivoine étoilée et celle de sa mère.

Concentré, le chat continuait à abaisser ses paupières durant deux bonnes minutes jusqu'à ce que le miracle se produisit. De manière spectaculaire la queue de son compagnon commença à clignoter devant ses yeux. Les stries argentées s'illuminaient progressivement pour finalement briller de mille feux.

Hanaé contempla, subjuguée, cette lueur qui se dégageait de son ami. Elle voulut la toucher mais Fibber s'écarta et commença à fureter son regard de part et d'autre de cette grotte, étudiant les différentes possibilités de se sortir de cette prison de pierre.

• Comment ... tu ..., bégaya la jeune fille, curieuse d'en savoir plus sur cette magie qui l'entourait.
• Comment quoi ? Ahhhh ! Tu veux parler de ce petit tour de passe-passe ?

La rouquine hocha la tête, avide d'en savoir plus.

• Ce ne sont pas tes affaires, lança-t-il, je crois que la Vallée Pourpre est dans cette direction, suis-moi.

Fibber ne s'étendit pas sur ses capacités exceptionnelles. Préférant fuir la discussion, il s'élança vers l'une des ouvertures creusées dans la roche. En mouvement, sa queue projettait des ombres chinoises sur les parois rocheuses, donnant au lieu l'impression d'être hanté par des esprits maléfiques.

Hanaé continuait à regarder ce jeu de lumière lorsqu'un cri sinistre la réveilla de sa contemplation. Elle sursauta. D'un pas rapide, elle rejoignit son ami, loin devant elle.

• T'es sûr que c'est la bonne direction ? questionna la jeune fille, le souffle haletant.
• Oui !

La réponse du chat fut directe et sans appel. Il devenait de plus en plus mystérieux à mesure de leur avancée vers cette Vallée Pourpre, sombre et terrifiante. Hanaé commençait à angoisser, elle avait peur de se retrouver face à la sorcière Moréna et surtout d'apprendre que sa mère pouvait être en danger.

Fibber intensifia son allure, forçant son amie à redoubler d'effort. Ils continuèrent leur échappée durant une bonne demie-heure. Puis, le chat s'arrêta net, les oreilles redressées. Il avait senti un terrible danger.

Il posa le bout de sa patte toute velue sur ses babines, intimant la jeune fille de se taire. Il commençait à la connaître et avait peur que sa voix n'alerta les Grizzlins. Cependant, leur passage en ces lieux avait réveillé ces monstres.

Lorsqu'une légère couche de poussière vint se déposer sur son petit nez tout rose, Fibber sut qu'ils étaient en très mauvaise posture.

Il ne fallut que quelques secondes avant que les deux jeunes aventuriers soient faits prisonniers par ces infâmes créatures, aussi rapides que des étoiles filantes. Sans crier gare, ils se retrouvèrent enfermés dans un sac en cordage qui ne leur laissait à peine de quoi respirer. Hanaé attrapa Fibber dont les pattes se coinçaient dans les petits trous et le garda tout près d'elle.

– Ne t'inquiète pas, on va se sortir de tout cela, chuchota-t-elle tout en caressant l'animal.

Fibber regarda la jeune enfant tout en plissant les muscles de son front. Jamais aucun être humain n'avait osé lui tendre la main de cette manière ni même lui offrir une telle marque d'affection.

Il demeura un moment, quiet, lové dans les bras de son amie. Cette détente ne dura qu'un temps. Déjà l'un des Grizzlins vint se présenter à eux. À en juger par sa coiffe scintillante et le sceptre doré qu'il tenait entre ses doigts potelés et velus, les deux compagnons de route comprirent qu'il s'agissait du chef de ces créatures volantes. Deux minuscules ailes battaient derrière son dos, lui permettant de se dresser à leur hauteur, perchés sur le plafond de la grotte. Son visage ressemblait affreusement à celui d'un gnome, ridé, avec de rondes pommettes saillantes. Le Grizzlin s'approcha d'eux, puis plissa ses yeux tout en regardant attentivement les deux êtres qu'il avait capturés.

• Tiens, tiens, Fibber. Comme on se retrouve ! s'enquit-il tout en arborant un sourire mutin.