La grande guerre du saint fromage.
Il y a bien longtemps, les humains vénéraient les grandes figures des divinités animales. Rognar le dieu chèvre, la grande loutre cosmique, le saint Père Castor, et le sacro-saint Ornithorynque violet. Tous servaient la déesse mère, la très sainte vache laitière qui trônait sur la montagne éternelle du fromage. Un lieu semblable à la corne d'abondance, sauf que celle-ci ne fournissait que des produits laitiers à l'infini. Tous vivaient en paix autour de la montagne, mais avec le temps des dissensions se firent entre ceux de l'Est qui vénéraient le Saint Père Castor, et ceux du Sud qui étaient les partisans de l' Ornithorynque violet. Ces tensions augmentèrent et s'accumuler durant des siècles, menant petit à petit à des escarmouches de plus en plus nombreuses. C'est alors que la haine entre les deux camps atteignit son paroxysme. Les deux factions rassemblèrent leurs forces pour un ultime combat. Une dernière bataille jusqu'à la mort d'un des deux, pour savoir laquelle des deux divinités devait représenter son espèce, celles des queues aplaties. Les deux armées se faisaient alors face à 500m l'une de l'autre, dans leurs armures à queues plates. Seuls leurs casques les différenciaient : ceux à dents représentant le Père Castor, celui à bec plat en l’honneur de l' Ornithorynque sacré. Monté sur son destrier, le général de l'armée du Père Castor leva sa bannière blanche à l'effigie de sa divinitée. D'un voix forte et rauque, il tint ce discours à ses troupes :
- Mes frères, ces hérétiques osent vénérer une divinité qui ne mérite pas ce rang. Ils prient pour celui qui a osé voler le pouvoir de la queue plate à notre saint dieu le Castor. Ils adorent le rebut du règne animal, l'une des créatures immondes qui règne en maître sur le principe de l'inutilité de certaines espèces de la création ! Cela est une insulte au seul vrai dieu de la queue aplatie ! Nous devons les pourfendre jusqu'au dernier ! Leur faire rendre gorge ou accepter le Saint Castor dans leurs cœurs. Écrasons ces mécréants à la gloire du saint patron des rongeurs ! Ils regretteront cette journée pour l'éternité, où cela mes frères ? En enfer !
Les fiers guerriers du Castor laissèrent exploser des acclamations de joie et de ferveur devant le discours de leur glorieux général. De son côté, les partisans du Saint Ornithorynque violet ne se laissèrent pas impressionner par la fureur qui émanait du camp adverse. Chevauchant un caribou aux bois majestueux, il leva un drapeau violet marqué d'une tête d' Ornithorynque. Il lança sa voix puissante dans les airs, afin de galvaniser ses hommes.
- Mes fils, grands défenseurs du grand Ornithorynque violet. Ne laissez pas ces misérables imposteurs vous tromper avec leur discours impie. Leur maudit Père Castor raconte ses histoires depuis bien trop longtemps ! Il a trop souvent tenter de corrompre nos enfants et nos fidèles par les siècles. Mais nous savons bien, nous ! Nous connaissons le seul vrai dieu de la queue plate ! Leur pitoyable dieu Castor n'utilise la pelle lui sortant du cul que pour construire des barrages miteux, retenant pitoyablement les eaux, et humidifiant la montagne, faisant moisir les fromages sacrés ! Le nôtre utilise la sienne pour ce qu'elle devait être ! Un symbole de puissance et de perfection ! Ils regretteront d'avoir cru aveuglément aux contes satanique de immonde Castor tout moche leur servant de divinité ! Avant ce soir, c'est leur sang qui aura besoin d'un barrage pour être retenu ! Anéantissez ces ordures !
Ainsi, les deux armées chargèrent et se heurtèrent dans un fracas lourd qui résonna dans toute la plaine. Les guerriers tombèrent comme des mouches, leur sang inondant le sol verdoyant. À la fin de la journée, deux événements marquèrent les mémoires. Les deux factions avaient fini par s’entre-tuer, ne laissant aucun survivant en dehors des civils. L'autre était plus joyeuse : l' Ornithorynque violet étant une femelle, elle avait accouché d'une créature mi-castor, mi- Ornithorynque.
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